Promu ministre pour la première fois en octobre 2012, Kalifa Gassama Diaby a été, sans surprise, reconduit dans le nouveau gouvernement Condé, le troisième depuis 2010. Seulement, pas au poste où il était attendu par ses compatriotes. D’où la déception générale.
Reconnu pour sa compétence, son intégrité et son patriotisme, l’opinion se demande pourquoi cet universitaire brillant est cantonné à son poste sous- utilisé ?
Pourtant, avant la sortie de son décret, une frange de l’opinion le voyait à la tête d’un ministère régalien, compte tenu de sa stature et de son capital de confiance d’une part et de l’annonce du président de former un gouvernement à l’écoute du peuple d’autre part. Malheureusement, il n’aura pas cette promotion. Au contraire, il gardera son fauteuil comme seize collègues de son équipe.
Contacté, un activiste de la société civile, qui rêvait de voir, comme le disait la rumeur ayant circulé un bon bout de temps, Gassama Diaby ou à la primature, ou à l’administration du territoire ou la sécurité encore à la justice.
Mais connaissant Gassama, on ne lui confiera pas la justice, pas maintenant, pas parce qu’il ne sera pas à la hauteur des attentes mais tout simplement parce qu’il est dur à cuire, donc non manipulable. Il pourrait faire appliquer la loi sans parti pris. Chez lui, il n’y aurait ni mouvance, ni opposition. Il luttera contre l’impunité.
On ne lui donnera pas non plus, poursuit-il encore, l’administration du territoire, ni la sécurité. La première, les élections arrivent. Il fera appliquer la loi. Or, on connaît le zèle des préfets. La seconde, il risque de mettre de l’ordre dans le secteur, en sanctionnant.
Alors que faire de lui, s’interroge un responsable de l’opposition. Il fallait nécessairement le garder, mais pas à un poste où il pourrait déranger encore plus. C’est quand même l’un des doyens de la nouvelle équipe, l’un des plus écoutés, donc pas manipulable.
Sur les réseaux sociaux, les fans du ministre se lâchent mais Ibrahima Sorya Sow, activiste des réseaux sociaux , a une autre lecture. D’abord, son patron a la confiance du chef. Ensuite, il a l’estime du peuple. Puis, il a le soutien des partenaires. Enfin, il a des idées à vendre.
« Et puis, tenez-vous bien, l’homme n’a pas démarché son poste. Quand les tractations se faisaient, affligé par le décès de son petit-frère, il observait son deuil entre son domicile à Conakry et Kindia chez son père, un érudit respecté qu’il adore », a-t-il affirmé.
La bonne nouvelle, annonce un activiste des droits de l’homme, est que contrairement aux précédentes nominations, cette fois-ci, nous ne sommes pas à la tête d’un département fraîchement créé. Au contraire, nous avons un siège, un personnel, deux ans d’existence et un acquis qu’il faudrait capitaliser. Les défis sont énormes mais nous allons nous y atteler. Et croyez-moi, nous jouerons notre partition.
Quand Gassama a haussé le ton ici contre les discours violents, renchérit-il, on l’avait traité jeté en pâture le lendemain et les jours qui ont suivi. Mais aujourd’hui, allez-y sur la toile. Les internautes ont atténué leurs discours. Aujourd’hui, des communicants ont bénéficié des formations. Et nous sommes les précurseurs, soutien-il.
« Je ne connais personne donc d’autre qui pourrait être aussi franc, aussi engagé pour transcrire les valeurs de la citoyenneté et amorcer la réconciliation que lui. J’ose croire que le président de la république attache du crédit à la citoyenneté en Guinée et qu’il est satisfait du travail abattu jusque-là par son ministre-modèle », dit-il.