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Nouveau départ pour Manéah : un médecin pour tirer la commune d’un coma profond

Longtemps attendue depuis le limogeage du maire et de ses conseillers pour malversations financières, la délégation spéciale de Manéah dispose désormais d’une nouvelle équipe de 11 membres, dont deux femmes. Le Docteur Boubacar Sylla, président, aura, avec son équipe, la lourde tâche de sortir cette commune de son coma profond.

Renforcer la cohésion sociale, l’autonomie de gestion, remettre sur les rails du développement les 21 districts que compte la Commune rurale de Manéah… Voilà entre autres défis que le nouveau président a mis en avant dans son discours d’installation le 9 août 2023 au siège de la commune à Tanènè, en présence de Naby Conté, secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de Coyah. Ce dernier, après avoir demandé aux nouveaux membres de se familiariser avec le Code des collectivités locales et de promouvoir des actes de cohésion sociale, considère la forte mobilisation des populations comme une adhésion aux idéaux du CNRD et un soutien à la délégation spéciale. Il a ensuite procédé à la remise des sceaux de la République au président entrant.

Des contestations nées de simples rumeurs

La publication de la liste des membres, le 4 août 2023 à la Maison des jeunes de Manéah par Yaya Kalissa, préfet de Coyah, a suscité des contestations et des manifestations que certains responsables limogés, selon des sources policières, avaient orchestrées. En effet, tandis que le préfet citait les noms des membres de la délégation spéciale, des cris de contestation retentissaient parmi la foule. De nombreux jeunes affirmaient que le nouveau président, El Haj Boubacar Sylla, n’était pas natif de la commune. Cela a quelque peu perturbé le déroulement normal de cette cérémonie. Cependant, ces cris ont rapidement été couverts par les acclamations d’une population en liesse dans les rues pour accueillir la nouvelle équipe. Les deux camps ont par moments frôlé l’affrontement. Le 6 août 2023, deux jours après les contestations au centre-ville de Manéah, les auteurs des manifestations ont repris leurs actions. Alors que Mory Condé, ministre, visitait les ménages touchés par les inondations à Manéah et Coyah, une manifestation contre sa décision se préparait à Sanoyah, au Km36. Les autorités policières ont finalement dispersé les manifestants. La ferme promesse du ministre de mettre fin à ces actions de révolte a finalement persuadé les auteurs responsables des marches, déjà identifiés par la police, ainsi que leurs commanditaires, que El Haj Boubacar Sylla, né à Manéah, est bien originaire de cette sous-préfecture.

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Inondations, éboulements… lourds héritages de l’équipe sortante

C’est la deuxième fois que les habitants de Manéah assistent au limogeage du maire et de ses conseillers communaux pour les mêmes raisons : la mauvaise gouvernance. En raison de l’ampleur des dégâts économiques et financiers causés par l’équipe précédente, le ministre de l’Intérieur avait promis des poursuites. Cependant, cela n’est pas encore le cas, malgré les appels en ce sens au sein d’une population privée des maigres ressources de la commune depuis longtemps.

Cette équipe sortante laisse derrière elle une commune malade, envahie par les déchets et les ordures, aussi bien dans les marchés que dans les ménages et les rivières. La spoliation systématique des domaines de l’État et d’autres zones de production était devenue monnaie courante. Les forêts, les rivières et les bas-fonds en ont également souffert. Jusqu’à l’année dernière, l’équipe sortante cédait des parcelles sur le mont Gbalan. Les nouveaux équipements disparaissent dès qu’ils entrent dans les coffres de l’État. L’envahissement des chaînes de montagnes de Kakoulima et de Gbalan, où plus de 4000 hectares ont été identifiés dès les années 40 et retenus comme patrimoines inaliénables, a été facilité par la cupidité des élus locaux limogés.

Ces inondations, éboulements de terrain, qui causent aujourd’hui des victimes à Manéah, ne sont que le résultat d’une gouvernance locale devenue laxiste et anarchique. Les maigres ressources locales, ainsi que celles fournies par l’État, ont été détournées de leurs objectifs premiers. Ces actions ont affaibli et empêché la commune d’entamer une véritable politique d’autonomie de gestion pour le développement local. La nouvelle équipe hérite d’une commune malade, où tout est prioritaire pour la remettre sur la voie du développement local.

 

KFK

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