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Nécrologie : Hommage à Aguibou Chérif (Par Abdoul Ly)

25 mai 1961 – 17 septembre 2018. Dieu a donné, Dieu a repris

Ce lundi 17 septembre 2018, Sagalè terre bénie dans la préfecture de Lélouma non sans le vouloir a accueilli et accepté par effet de surprise, le silence définitif d’un homme qui a adoré Sagalè et qui finalement par la volonté de Dieu, y trouvera sa dernière demeure pour enfin s’y reposer pour toujours.

Né le 25 mai 1961 à Kindia, fils de feu El Hadj Ibrahima et de Hadja Fatoumata ‘’Lady’’ Chérif, feu Aguibou Chérif ex employé à la Direction générale de la Douane de Conakry, Section Brigade terrestre du Port Autonome de Conakry, a été rappelé paisiblement à Dieu, dans un sommeil profond ce lundi 17 septembre 2018 à Sagalè (Lélouma). Il a été inhumé le mardi 18 septembre 2018 dans la même localité après la prière d’ASR. Le regretté feu Aguibou Chérif partageait le toit conjugal avec Mariama Barry (Hadja), mère de trois (3) enfants, 2 filles et 1 un garçon.

A l’annonce de sa mort, ce fut un coup de massue sur la tête. Brusque et inattendue fut son rappel à Dieu, il nous laisse tous hébétés dans une consternation sans nom.

C’est un devoir car l’amitié l’oblige de rendre hommage à notre frère, ami et confident de parcours depuis l’école primaire, secondaire, universitaire et jusqu’à son dernier jour. Autant de souvenirs d’enfance défilent sous nos yeux, des bons moments s’affichent en images dans nos pensées, pendant que tu reposes paisiblement quelque part dans Sagalè, village que tu as choisie et adulée durant toute ton existence, parents, amis et alliés continuent de pleurer à chaudes larmes ta disparition. C’est bien dans ce temple du savoir et de grande pratique de l’Islam où tu as aiguisé tes armes pour la parfaite maîtrise du coran, que les fidèles musulmans ont prié pour le repos de ton âme, pour ensuite te réserver une place de choix et de poids dans l’enceinte de ce grand cimetière de Sagalè, où repose autres grandes âmes de la localité. Fait et volonté de Dieu car, la concession familiale de Madina est située juste en face du grand cimetière et hélas ! Ta dépouille mortelle se plaindra certainement de l’absence de cette grande foule de parents, d’amis et connaissances de Madina en particulier et de Conakry en générale, qui auraient souhaité t’accompagner à ta dernière demeure.

Des signes prémonitoires ont été récapitulés après ta mort mon cher ami. Pourquoi tu n’as pas délié la langue à ton vivant ?

En route vers Sagalè, pas très bien portant, malgré le décès annoncé d’un de tes oncles pendant que tu étais vers Kindia et l’insistance de surcroît du frère Procureur Moundjirou Chérif pour que tu rebrousses chemin, la sourde oreille te dominera quant à empêcher ce long voyage, à l’avance programmé par le destin. Quelques mois auparavant, après qu’il t’a dit au revoir à destination de la Hollande, tu as bouleversé notre frère Ousmane Chérif à quelques heures de son vol. Tu le poursuivras jusque dans sa voiture en tenant sa main en guise d’au revoir en lui disant ceci : ‘’Au cas où l’on ne se reverra pas, je te confie ma petite famille toute entière’’. Fin de citation.

Il est difficile de ne pas y croire que notre Ché savait pertinemment que ses derniers jours approchaient à grands pas. D’autres révélations soutiendraient cette option de prémonition car, des témoignages ont fusé de partout.

Cet homme qui nous quitte aujourd’hui a marqué d’une encre indélébile le parcours de son existence sur terre.

Très tôt prédisposé, fourmillait en Aguibou Chérif, un talent artistique et sportif remarquable. Pour extérioriser ses aptitudes, il fera partie des acteurs principaux de plusieurs numéros, tant en Pièces de théâtre, chœur, Saynète, Poème, Folklore  présenté par le CER Madina Port, lors des compétitions inter scolaires. 

Plusieurs fois vainqueur des premiers prix de ces différentes prestations ou meilleur acteur, la Pièce intitulé ‘’La perception d’impôts dans le village de Simbaraya’’ en est une véritable illustration. Monsieur Soumah Kerfalla était fier de nous car, il a eu des acteurs de théâtre qui savaient improviser et qui excellaient en talent. Ta mort marquera celui qui nous a initiés à l’art. 

Aguibou jouait aussi bien au foot car, il s’était essayé à plusieurs postes notamment celui de demi et d’attaquant et finalement de gardien de but. Le pseudonyme sèmbè blanc (force ou puissance blanche) te collait à la peau et celui de sèmbè noir (force ou puissance noire) me plaquait sur le dos à cause de nos différentes percées aux diverses postes qu’on occupait au foot. Fori Bizo ou Bakariba en qualité de capitaine d’équipe, avait un grand espoir en nous pendant les différentes rencontres entre notre équipe de Madina et les autres des quartiers avoisinants. Feu Aguibou était un gagneur, la défaite lui rendait toute une journée perplexe.

Sur le plan de la musique, ces nombreuses et régulières fréquentations des soirées d’animations orchestrales des SOFAS DE CAMAYENNE et du SYLI AUTHENTIQUE, à la Camayenne, la Paillote, la Piscine, l’Oasis, l’HOTEL GBESSIA et autres lieux d’animations culturelles, ont rallumé cette autre flamme et la passion de la musique s’en est suivi. Nous fûmes son maître à la guitare et par son initiative, naîtra un mini orchestre doté de trois guitares sèches dénommé U-ROY Orchestra. Nous tenions la guitare solo, la basse était jouée par Mamoudou ‘’Mouda’’ Camara et Feu Aguibou Chérif, Johny assurait l’accompagnement, M’Bemba Soumah tapait sur n’importe quoi pour soutenir le rythmique et Sanoussy Bah tenait le lead vocal, parfois aidé par le Ché qui maîtrisait la langue, puisque le rythme mandingue était prédominant dans le répertoire de U-ROY Orchestra. 

Recruté au sein de la Brigade fédérale des Pionniers de Conakry 2 en 1975, Aguibou Chérif fera partie encore des principaux animateurs de cette Brigade sous la houlette du Chef Siafa Kourouma. Souvenir pour souvenir, une animation culturelle organisée par la jeunesse Allemande (FDJT) à Conakry et rehausser par la présence de la Brigade Fédérale de Conakry 2, a été l’occasion pour le trio Aguibou Chérif, Ly Abdoul et Sanfan Cissé d’être retenus pour une formation au camp pionnier d’ARTEK en Allemagne. Voyage qui n’aura jamais eu lieu car remplacés par d’autres plus proches du régime d’antan.

Tenez-vous bien, lors de la finale Hafia-Enugu Rangers du Nigéria, le trio Aguibou Chérif, Ly Abdoul et Mamady Kéita, ont eu le privilège d’être recrutés en tant que pionniers comme ramasseurs de balle. A cet effet, des consignes strictes nous ont été dictées par le comité régional de Conakry 2, quant à la surveillance des buts et filets gardés par le grand Nigérian Emanuel Okala. Ce fut aussi un autre moment de joie partagé ensemble.

A l’école, Aguibou fût un élève assidu, correcte et intelligent. Nos résultats de fins d’années scolaires faisaient la fierté de nos différentes familles. Nous formions une famille qui finalement s’appelait la famille U-ROY qui est devenue un modèle, une vision pour les autres jeunes de la même génération. 

Aguibou occupera plusieurs postes de responsabilités à l’école : Commissaire de classe, membre du conseil d’administration, membre du conseil de discipline que sais-je encore. Sur son initiative, initiative qui sera amère pour tout le groupe et pour l’unique fois car, il ne passait jamais à côté des bonnes initiatives, la famille U-ROY prendra la dénomination de P.U.R.T (Parti -U-Roy- du Travail). Loin de créer un autre parti à l’instar du PDG, des interprétations en découleront et nous avions été retenus à la milice nationale pendant plusieurs heures et c’est grâce à notre statut de pionniers que nous fûmes relaxés. Aucune peur dans le ventre. Etant dans le cachot. Aguibou chantait et dansait alors que la trouille planait au sein du groupe mis aux arrêts. Partout et dans n’importe quelle circonstance, Aguibou était celui engagé à redonner le moral et souffle au groupe.

Intelligence, talent, humilité, générosité, respect…sont en somme des mots qui s’assemblent et se complètent dans les faits pour rendre compte de l’extraordinaire personnalité de feu Aguibou Chérif. Ces mots s’intègrent, s’harmonisent comme traits saillants du caractère exceptionnel de notre regretté Aguibou Chérif. Dans la vie courante, difficilement pour le commun des mortels de voir ces mots se juxtaposer. Finalement, chez feu Aguibou Chérif, ces mots ont fini par s’épouser et faire bon ménage. 

Par ailleurs, malgré cette rigueur connue et intraitable de notre feu père El hadj Ibrahima Chérif dans l’éducation de nous enfants proche ou lointain, le social déterminant de chaque élément de notre groupe, fera plier finalement cette fermeté de notre père, pour enfin nous ouvrir grandement la porte de l’immense maison  de Chérifoula à Madina. C’est bien une laborieuse autre œuvre gigantesque, sociale, souci de rapprochement qu’a diligentée feu Aguibou Chérif. 

Doté d’un corps dégraissé, corps sans relief de la tête aux pieds, corps dépouillé de tout superflu pour se contenter de l’essentiel c’est-à-dire du muscle et du nerf, feu Aguibou était partisan et pratiquant de la bonne et belle SAPE. Maître Cubanos, Couturier, styliste ne dira pas le contraire car, la couture MIXELL AXELL à la mode, a été largement valorisée par le groupe et cela par le canal de notre Ché. 

Corps sec et harmonieux, il savait le faire parer de collections vestimentaires de bon goût. Ce qui ne laissait pas indifférents plusieurs admirateurs et admiratrices qui lui collait habituellement à chacune de ses passages, le qualificatif de ‘’séducteur’’.

L’homme savait se priver du bon, du beau et du bien pour servir autrui avec humilité. En souvenir nous revient cette visite programmée à Gbéréiré Bafila (Forécariah) pour la pose de la première pierre de la grande Mosquée. Audacieux, il s’emparera de l’unique pirogue à pagaie qui servait de courroie de transmission entre plusieurs villages de la contrée. Oui ! Nous imiterons ce jour les acteurs du cinéma Cheick Doukouré, Sidikiba Kaba, Doura Manè dans le film BAKO ou l’autre rive. Il maîtrisait les textes et savait imiter avec parfaite diction, le rôle de chacun des acteurs cités. Qu’il était doué et efficace dans l’accomplissement des tâches qui lui sont dévolus ou qu’il entretenait en personne.

Que dire de plus sur cet élogieux parcours de notre ami feu Aguibou Chérif, sinon que riches en souvenirs et pathétique à la lecture ? Nous sommes convaincus que plusieurs de nos stylos se videront de leur encre en voulant retracer la vie et les œuvres du défunt Aguibou. Encore plus rassurés que nos mémoires seront toujours saturés de faits poignants partagés ensemble, ce 17 septembre 2018 restera éternellement une date sombre pour nous. Septembre du NON ! au referendum de 1958, nous aurions aussi ensemble voté NON ! ce 17 septembre 2018 pour ton rappel à Dieu. Hélas ! L’homme propose et Dieu dispose. 

Le Ché, ce dimanche 23 septembre 2018, quelques amis se sont réunis à partir de notre Ecole primaire Madina Port, pour enfin se rendre dans ta famille pour présenter les condoléances. Une retrouvaille qui a fait couler beaucoup de larmes. Le Ché, rassure toi que nous aurions pu t’accompagner à ta dernière demeure si l’information était passée à temps et quelle que soit la distance. Nous implorons ton pardon pour n’avoir pas pu accompagner ta dépouille mortelle. De bouche à oreille, la nouvelle de ton décès s’est vite répandue dans la cité. Des coups de fils aux messages, la compassion a élu domicile sous tous les toits. A cette douloureuse occasion, nous prions ALLAH ! Le Tout Puissant de t’accorder le paradis céleste. AMEN ! Cher ami, frère et confident, repose en paix.

Aimé de Dieu

Généreux en tout lieu

Utile à tout moment

Inspiré et éloquent

Bonté inégalée

Ordonné autant dévoué

Unis à jamais à ses semblables

Courtois et pieux 

Humble au parcours élogieux

Elégant au cœur magique

Respectueux aux talents fantastiques 

Incontestable meneur d’hommes 

Fier sois dans ta tombe pour l’éternité.

REPOSE EN PAIX. AMEN !

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