Seydou Nour Guissé, est le père des quadruplés qui sont récemment morts à la clinique Médicis du Pr. Telly Sy à Lambanyi. En marge de la marche blanche et silencieuse que les victimes du Pr. Sy ont organisée le 18 mai, le couple Guissé a assuré qu’il s’en remet progressivement. «Si tu assistes ta femme qui accouche des prématurés, tu n’as que tes yeux pour pleurer en voyant tes bébés mourir», s’est-il résigné.
Après la marche de protestation contre la mortalité maternelle dans les structures sanitaires, qui est partie du carrefour du Port Autonome de Conakry (PAC) pour prendre fin au ministère de la Santé, Seydou Nour Guissé a invité les autorités sanitaires à œuvrer pour endiguer cette menace qui met en péril la vie des femmes en donnant naissance.
«Nous voulons que le ministère de Santé prenne son bâton de pèlerin pour que le choc qui nous est arrivé, n’arrive pas à d’autres Guinéens. C’est un choc difficile à digérer. Depuis que ce choc, mon épouse et moi sommes en train de nous remettre mais difficilement. Actuellement, ma femme est traumatisée, elle n’arrive pas à bien dormir la nuit. Elle souffre énormément… C’est pourquoi, nous avons rejoint le collectif des victimes du Pr Telly Sy. Nous ne pouvons pas rester sans répondre à cet appel. Il y a avait beaucoup de victimes qui étaient dans l’ombre. C’est quand nous avons décidé de mettre ce que nous avons vécu dans la presse que beaucoup de victimes sont venues un peu partout. Nous invitons le ministère de la Santé à prendre ses dispositions afin que ce genre de pratique ne se répète plus. Nous étions impuissants face à la mort de nos bébés. Les produits qu’on nous prescrivait ne se retrouvaient pas sur le marché guinéen. Chaque fois je rentrais dans la salle, je voyais mes bébés qui me regardaient. Le message était clair parce qu’ils ont survécu plus de 24 heures. J’ai pensé qu’ils me disaient, Papa il faut te battre pour nous sauver. C’est le message que j’ai compris», a-t-il déclaré dans un ton pathétique.
La mésaventure du couple Guissé…
«Nous sommes arrivés dans la clinique Médicis dans la soirée d’un samedi. En cours de route, nous avons appelé sans succès Pr. Sy. Arrivés, nous avons été reçus par deux de ses travailleurs. Ils ont fait la consultation, quand ils ont compris que la grossesse de ma femme était arrivée à terme, ils nous ont prescrit des produits que je suis allé chercher après avoir mis ma femme en observation. J’ai appelé Pr. Sy qui n’était pas encore venu. Au téléphone, Pr Sy m’a demandé de ce qu’il y avait ? Quand j’ai répondu que je suis dans sa clinique avec ma femme, il m’a dit qu’il le sait. J’ai dit que mon épouse souffre, il m’a dit que c’est le travail qui commence et qu’elle va accoucher. Je lui ai demandé si ma femme va accoucher ? Il m’a répondu par affirmative avant de me couper au nez. L’accouchement a été géré par deux personnes dont j’ignore les statuts. Nous attendions des triplés selon Pr Sy, ce sont quadruplés qui sont nés (…). Arrivés l’INSE (Institut de Nutrition et de Santé de l’Enfant) de Donka dans mon propre véhicule alors qu’une ambulance était garée dans la clinique de Pr Sy, nous avons trouvé une équipe qui s’est adonnée au travail et l’autre est restée indifférente. Il faut rappeler que l’INSE n’est pas approprié, il faut qu’on dote ce service d’équipements. J’ai vu beaucoup de nouveau-nés mourir. C’est très choquant. Si tu assistes ta femme qui accouche des prématurés aujourd’hui, tu n’as que tes yeux pour pleurer en voyant tes bébés mourir», a regretté M. Guissé.