«Mamadou Samba Diallo était sourd, sinon il allait courir comme ses camarades.»
La marche étouffée de l’opposition républicaine le mardi 23 octobre sur l’autoroute Fidel Castro s’est soldé par la mort d’un jeune âgé de 18 ans. Mamadou Samba Diallo originaire de Gaoual était un plombier. Il vivait depuis 6 mois à Bantounka 1 dans le quartier Cosa, dans la commune de Ratoma chez son oncle maternel. Le mardi après la prière du matin, il est sorti de la concession familiale pour se rendre au chantier où il travaille. C’est là où il a reçu la balle fatale. Ce mercredi tristesse et désolation se lisent sur les visages de ses proches. Inconsolable, sa tante Fatoumata Binta Diallo revient sur les circonstances de sa mort :
«Le mardi matin après avoir prié à 6h30, il est sorti de la maison sans déjeuner pour partir au boulot. Vers 15 heures, il est revenu chez son maître. Ce dernier lui a intimé l’ordre de rentrer parce qu’il y avait des manifestations partout et particulièrement à Cosa. Arrivé sur les rails au niveau du marché en allant vers la plaque de Cellcom, les forces de l’ordre ont commencé à tirer, ses amis lui ont dit de courir. Mais comme il n’entendait pas bien, il a continué à marcher tranquillement. Selon ses amis, c’est en ce moment que les gendarmes ont tiré sur lui quand il est tombé…», relate Fatoumata Binta Diallo avant de préciser : « c’est tard dans la nuit que les camarades de Mamadou Samba m’ont alerté qu’il a été touché par balle et admis à la clinique du quartier pour des soins. Mais quand je suis arrivée à la clinique, les médecins m’ont fait savoir que c’est un corps sans vie qui est chez eux. Par la suite son corps a été envoyé à la morgue de l’hôpital du CHU Ignace Deen. Le pire, c’est que même si tu l’appelle au téléphone pour le prévenir de ne pas passer par un endroit Mamadou Samba ne comprend pas. Quand son téléphone sonne, il n’entend même pas la sonnerie parce qu’il est sourd », a-t-elle précisé.
Aujourd’hui, la famille du jeune Mamadou Samba Diallo, réclame justice pour lui et pour toutes les victimes des violences politiques en Guinée.
«Comme il y a l’impunité dans ce pays, il n’y aura rien parce que même s’ils (les forces de l’ordre) tuent, elles ne sont jamais inquiétées ou appelées à la barre. Sinon les membres du groupe qui étaient hier à Cosa se connaissent et entre eux ils savent qui était armé. Je n’ai pas vu une arme avec eux mais quand j’ai entendu le coup de feu, j’ai compris que c’était une arme. Pour le moment nous voulons que le médecin légiste fasse une autopsie pour déterminer avec précision le type de balle qui a tué mon neveu et les circonstances de sa mort. Parce que c’est à l’issue de l’autopsie qu’on saura le type d’arme qui l’a tué», a déclaré Cellou Diallo, le Reporter photographe à l’agence France presse AFP.
Mamadou Samba Diallo vient alourdir le nombre des victimes des manifestations politiques en Guinée à 97 depuis avril 2011.