Suite à la rencontre que les 11 candidats de l’opposition à la présidentielle du 18 octobre ont eu avec la mission conjointe CEDEAO, UA ONU, Cellou Dalein Diallo s’est prêté aux questions des journalistes. A en croire aux propos du président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFdG), des préoccupations liées au processus électoral en général ont été abordées à l’occasion. Mais aussi des manœuvres qu’il reproche au pouvoir d’orchestrer contre lui en personne.
C’est au cours de la réunion que les candidats ont initiée probablement pour tirer les leçons, que le principal opposant au régime Condé est sorti pour s’entretenir avec les journalistes.
Selon l’ancien Premier ministre, «nous avons exprimé nos préoccupations face au processus électoral, et nous n’avons pas manqué naturellement du fichier électoral, des conditions dans lesquelles il a été audité mais du fait que les partis politiques n’aient pas été associés à cette opération. »
Poursuivant, le principal challenger du président sortant ajoute que «nous avons évoqué la question des PV de bureaux de vote parce que la loi prévoit que les candidats doit avoir une copie du PV dressé à l’issue du dépouillement». Car explique-t-il, «c’est ce document qui lui permet de contester et de saisir si nécessaire la juridiction compétente. Or actuellement, ce n’est pas facile pour les candidats d’avoir une copie du bureau de vote. Donc nous avons demandé que des dispositions soient prises. Pour que chaque candidat puisse disposer du PV de chaque bureau de vote. Qu’il puisse lui-même faire sa propre centralisation et au cas échéant, documenter sa contestation ou son recours auprès de la cour constitutionnelle. »
Blocage de matériel aux frontières et à Labé
A l’entendre, le candidat de l’UFDG a profité de l’occasion pour mettre sur la table ce que les observateurs voient comme une manipulation ethnique et communautariste sans oublier les autres manœuvres du pouvoir.
A propos Dalein déclare que « comme vous savez, Alpha Condé m’accuse de préparer des complots, de recruter des mercenaires avec des gouvernements voisins et des camions qui ont transporté mon matériel électoral fabriqué à Dakar ont été donc arraisonné et envoyé au camp Elhadj Oumar à Labé. Sans compter que ceux qui n’étaient pas rentrés ont été interdits de rentrer parce qu’entre temps, il en a profité pour fermer la frontière. Et le fait d’être accusé de préparer un complot, une rébellion, une agression contre mon pays est une diffamation grave. Et je n’ai pas manqué d’attirer l’attention des gens (…). Et le fait de confisquer mon matériel électoral aussi bien à l’aéroport de Conakry qu’à Labé constitue en fait un abus du pouvoir parce que ce camion était passé par la frontière. Il a été systématiquement fouillé et tous les droits ont été payés et les quittances sont avec le convoyeur. Mais cela n’a pas suffit (…) »
Revenant sur la théorie du complot qu’il ne digère visiblement pas, l’ancien chef de file de l’opposition répond que « (…) Je ne suis pas sur ce registre ». Pour lui, « Si contre l’avis de mes partenaires du FNDC, j’ai décidé d’aller aux élections, c’est parce que je veux gagner contre Alpha Condé. C’est cette voie que jai choisie. »
Et de donner sa lecture des récentes violences au Fouta, confirmant le rejet opposé à la version du gouvernement par son parti dès les premières heures des événements. « Bien entendu, les incidents qu’ils crée à Labé lors du passage du Premier ministre pour justifier des représailles contre ma personne en Basse Guinée, en disant qu’un fils de la Basse Guinée a été attaqué dans ma ville natale ou en Haute Guinée en disant que le cortège du directeur de campagne du RPG a été attaqué à Labé, ça aussi j’ai attiré leur attention, dit-il. Dénonçant « de la manipulation parce que depuis que ma candidature a été annoncée, naturellement Alpha Condé ne dort pas. La réception qui m’a été réservée, aujourd’hui l’adhésion massive des jeunes de Kankan, de Siguiri et de Mandiana au sein du parti crée chez lui des inquiétudes. Et le fait qu’il utilise ses pouvoirs en tant que président de la république pour gêner son adversaire. »
Promesses de la mission et griefs de Dalein
«Aussi bien les questions liées au processus électoral que la campagne de diffamation, de persécution et de harcèlement dont je suis l’objet, ils ont promis d’en parler avec les autorités compétentes », répond Cellou Dalein à une question.
Mais si les candidats contre Alpha Condé à la présidentielle ont saisi l’opportunité pour exposer leurs préoccupations à la mission conjointe, ils n’ont pas manqué de faire des reproches à la délégation menée par le président de la commission de la CEDEAO. A l’image des responsables du FNDC hier, Cellou confie que « Je n’ai pas manqué de déplorer le retard pris par la CEDEAO et par cette délégation pour venir». Ajoutant «qu’on aurait pu corriger beaucoup d’anomalies sur le processus s’ils étaient venus tôt », estime-t-il. Rappelant au passage que d’ailleurs, «un dialogue avait été préparé » à cet effet, fin juillet et début août.