Prévu du 20 au 24 mars, le Forum économique Guinée-Québec a ouvert ce mercredi, à Conakry, la deuxième étape après Dakar et juste après Abidjan la semaine prochaine. C’est une initiative d’Investissement Québec International et la délégation Générale du Québec à Dakar, en partenariat avec la chambre des mines de Guinée.
A tout seigneur tout honneur. Lors de la cérémonie d’ouverture ce matin, c’est le Délégué Général du Québec à Dakar, Iya Touré qui a pris la parole le premier. Le diplomate d’origine guinéenne en a saisi l’occasion pour tout d’abord exprimer son plaisir et vanter le mérite, le savoir-faire et l’expérience du Canada en général et du Québec en particulier, dans le secteur minier.
« Le Canada est un pays de ressources comme la Guinée et au sein de la fédération canadienne, le Québec est reconnu pour son leadership dans le secteur minier. Et ce leadership vient de la diversité de ses ressources ainsi que sa créativité », entame-t-il. Et d’insister sur la présence notamment au Québec de «toutes les grandes compagnies opérant dans le secteur minier».
Avec une forte concentration des activités sur les minéraux stratégiques dont « le boum dans le monde en termes d’investissement, c’est dans la province de Québec. Ce qui démontre le leadership du Québec au sein de l’administration canadienne », ajoute-t-il. Mettant un accent sur le fait que «nous (le Canada ndlr) sommes donc reconnus comme étant un des grands pays miniers au monde avec lequel les gens veulent faire affaires à cause de notre savoir-faire».
Une thèse appuyée par son collègue, Délégué Commercial Principal de l’ambassade du Canada. Dans son discours, François Lasalle précise à l’avance que sa présentation n’est «ni une comparaison ni une compétition ».
Ceci dit, soutient-il, «quand on parle du secteur minier au Canada, on parle de près d’une soixantaine de métaux et minéraux qui sont extraits du sol depuis des générations, avec une expertise de classe mondiale. Le Canada, aujourd’hui, c’est plus de 50 milliards de dollars canadiens de production minière et minéralière par an, exportés aux quatre coins du globe et qui génèrent des entreprises de qualité et de savoir technique inégalées. Ce sont des bourses, des places de financement comme la bourse de Toronto qui regroupe des institutions de plus de 75% des compagnies minières de la planète qui viennent au Canada, recueillir des fonds, trouver des actionnaires et financer leurs opérations. Alors que la quasi-totalité des compagnies minières du globe sont installées au Canada mais elles émigrent pour avoir un bureau… »
A propos du Québec, le diplomate canadien déclare que «sur les 60 métaux et minéraux extraits au Canada, dont la moitié (30) des métaux et minéraux critiques sont extraits et traités avec expertise au Québec… ». Et que «le Québec se classe, bon an mal an, bon premier, si non leader éclatant dans le peloton de toutes les provinces canadiennes en valeur et en volume ».
Ce n’est pas tout. «le Québec extrait plus du tiers de l’or canadien, plus de la moitié du charbon… ça veut dire qu’au Québec, on retrouve l’expertise minière la plus large, la plus diversifiée de toutes les provinces canadiennes. L’expertise minière québécoise est le cœur, le moteur de l’expertise minière canadienne », insiste-t-il…
Un gros potentiel et beaucoup de contraintes
Des compétences dont l’immensité ne peut se comparer qu’au potentiel minier africain pour lequel Iya Touré ne tarit pas d’éloges non plus. En tout cas, « dans le cas guinéen, vous avez le projet Simandou qui est considéré comme le gisement du siècle », rappelle-t-il. Avant de commenter: «dans le secteur minier souvent on dit que c’est une mine de classe mondiale. Mais Simandou dépasse cette notion de classe mondiale. C’est le gisement du siècle. Il est vu comme celui qui va transformer et propulser l’économie guinéenne».
Mais à l’écouter, en dépit des atouts en Guinée et ailleurs dans les pays voisins, il existe un goulot d’étranglement à éliminer. «Malgré cette volonté ou cette ambition affichée, tous ces pays font face à un enjeu fondamental qui, s’il n’est pas adressé convenablement, restera toujours un frein à leur développement. Il s’agit du manque d’expertise ou de personnel qualifié».
Un manque à gagner à partir duquel, selon lui, «les entreprises québécoises et canadiennes peuvent se démarquer compte tenu de leur leadership reconnu mondialement dans ce secteur ». D’où l’appel de M. Touré qui «les invite donc dans le cadre de cette mission à être attentif, être à l’écoute et poser des questions afin de mieux cerner les besoins».
Mais prévient-il, «pour vous les entreprises, sachez que faire affaires en Afrique, nécessite un engagement long terme et une présence continue et soutenue sur le terrain et beaucoup de patience. C’est d’ailleurs pour cela qu’il ne faut pas hésiter à faire appel au réseau des représentations canadiennes et québécoises, toujours disponibles pour vous aider et vous accompagner dans vos démarches», conseille le diplomate.
Un appel qui va dans le sens de continuer une collaboration déjà très appréciée par le deuxième vice-président du conseil d’administration de la chambre des mines de Guinée. Pour René Désiré Morel, dans le cadre de l’organisation de ce forum, c’est un «travail exceptionnel qui a été réalisé par Investissement Québec et la délégation générale du Québec »…
Et pour la suite, il fonde l’espoir que les résultats au bout des échanges B2B seront concluants pour que le forum soit « informatif, productif et créatif » pour les participants.
Des attentes appuyées par le directeur général du bureau de stratégie et du développement du ministère des mines et de la géologie. Représentant son département à la cérémonie, Mamadou Saïdou Bimbirinco Barry insiste sur «des thématiques comme le contenu local» si cher aux autorités du pays.
A la suite des officiels, les participants se sont succédé au micro. En premier lieu les canadien qui ont présenté les offres de leurs entreprises, avec la différence concurrentielle, dans des domaines d’activités s’étalant sur toute la chaîne de valeurs. De la recherche à la fermeture en passant par le développement et la gestion des projets, sans oublier les questions environnementales et préoccupantes questions de santé et sécurité.
Suivis des Guinéens qui ont souvent apprécié l’initiative et avant de présenter les entreprises qu’ils représentent. Réservant sans doute leurs attentes et autres besoins précis à l’étape B2B qui était particulièrement attendue, en en juger par l’enthousiasme et l’animation autour de la dizaine de tables installées dans la salle réaménagée pour la circonstance.