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MGF : religieux et communautés échangent pour l’abandon de l’excision  

Dans la perspective de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des Mutilations Génitales Féminines (MGF) prévue ce dimanche 6 février 2022, l’UNICEF en collaboration avec le département en charge des Affaires Religieuses a initié depuis le 24 janvier une série de rencontres dans la ville de Conakry avec les communautés à la base et des leaders religieux (musulmans et chrétiens). Ce vendredi 4 février, c’était le tour de la maison des jeunes de Ratoma où les débats ont porté essentiellement sur la promotion d’abandon des MGF.

Interrogé, Abdoulaye Baldé, spécialiste à la protection de l’enfance au bureau de l’UNICEF de Conakry en charge de la lutte contre les pratiques néfastes, a rappelé que parmi les raisons avancées par les communautés pour pratiquer l’excision « c »est la religion qui me l’a recommandé ».

D’après lui, les leaders religieux disent que c’est une coutume ou sunna. «Dans ce cas, il n’est recommandé par aucune religion. C’est pourquoi, il est question de sensibiliser les communautés. Nous sommes sur la phase pilote. Après le 6 février 2022, les activités de sensibilisation vont se poursuivre dans plusieurs quartiers des différentes communes de Conakry», a-t-il annoncé.

Poursuivant, M Baldé a indiqué que l’objectif visé est d’atteindre l’élimination totale des MGF dans le pays ou inverser la tendance. «La Guinée étant un pays où le taux de prévalence des MGF est élevé, nous sommes en train de lutter pour ne pas qu’on rate l’agenda des Objectif de Développement Durable (ODD)  prévu en 2030», a-t-il laissé comprendre.

Avant d’enchainer : «dans les débats, nous avons ceux qui sont pour l’excision et il y en a aussi ceux qui sont contre. Il s’agit des normes sociales qu’on ne peut pas changer du jour au lendemain surtout, des pratiques qui ont existé pendant des centaines d’années. Nous avons beaucoup travaillé à l’intérieur du pays mais, nous nous sommes rendu compte que le problème se trouve dans les centres villes. C’est pourquoi d’ailleurs, nous avons commencé à Conakry puis les capitales régionales ainsi que dans les chefs-lieux des préfectures… ».

Pour sa part, Aboubacar Sidiki Nabé, le Directeur général adjoint du Bureau de Stratégie et de Développement (BSD) au secrétariat général des Affaires Religieuses, il est question de conférer avec les communautés à la base, des leaders religieux (musulmans et chrétiens ) sur la nécessité d’abandon des MGF au regard des conséquences néfastes qu’elles causent à la gent féminine surtout sur le plan sanitaire.

«L’excision crée d’énormes conséquences aux femmes dans le cadre de la santé de la reproduction notamment la fistule obstétricale, des infections graves et voire la stérilité. Nos messages sont passés dans la mesure où les femmes ont fait des témoignages, des imams aussi ont démontré que la pratique de l’exécution n’est pas d’ordre religieux», a-t-il expliqué.

Victime des conséquences néfastes de l’excision, dame M’Mah Sylla, chargée d’études à l’inspection régionale de l’Action Sociale dira ceci : « ce que j’ai subi et ce que je suis en train de vivre est très grave. Pour la première fois que je suis allée à l’hôpital pour la consultation, mon médecin m’a demandé est-ce que je connaissais celle ou celui qui m’a excisée. J’ai répondu non en disant qu’à l’époque, j’étais toute petite. Il m’a dit que mon cas est très grave. Il m’a dit que je vais rencontrer de sérieux problèmes lors de l’accouchement. Effectivement, pendant l’accouchement, j’ai beaucoup saigné et j’ai failli mourir. J’ai passé trois jours dans le coma. Mon médecin m’a conseillé de venir avec mon mari pour qu’en ensemble, qu’on évalue ma situation. Je conseille mes copines, mes parents d’abandonner la pratique de l’excision car, elle ne rapporte rien à la femme de positif. Une femme excisée est très faible pendant le rapport sexuel et chaque mois, elle souffre pendant ses périodes de menstruations notamment des maux de vendre (…)».

Faut-il rappeler qu’en Guinée, des études ont démontré que la prévalence des mutilations génitales féminines (MGF) est la plus importante de toute la région d’Afrique de l’Ouest.

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