Alors qu’il a déjà essuyé deux rejets de pourvoi devant la Cour suprême, Me Zézé Kalivogui, avocat de l’ancien commandant de la gendarmerie régionale de Conakry, colonel Bienvenu Lamah, s’apprête à en introduire un troisième. « J’ai déjà formulé ma déclaration de pourvoi en cassation », a indiqué à Guinéenews, Me Kalivogui.
Cette fois-ci, l’avocat va contre un arrêt de la Cour d’appel de Conakry qui vient de rejeter son appel contre la décision des juges d’instruction du tribunal de Dixinn, qui ont décidé de maintenir son client en prison, malgré « la caducité du titre de [sa] détention ». La deuxième chambre de contrôle de l’instruction de la cour d’appel de Conakry a jugé mal fondé l’appel. Estimant prématuré la mise en liberté d’un inculpé contre qui pèsent « des faits criminels graves ».
Pourtant, à l’ouverture en septembre 2022 du jugement des présumés auteurs du massacre en 2009 de plus de 150 personnes au stade de Conaky, rien ne laissait penser à une détention du colonel Bienvenu Lamah dans le cadre de ce dossier. L’officier de la gendarmerie avait de fait bénéficié, quelques années plus tôt, d’un non-lieu confirmé par la Cour suprême. Mais, il sera inculpé et mis sous mandat de dépôt sur dénonciation de l’accusé Toumba Diakité. Le 3 janvier 2023, lorsque la première chambre de contrôle de l’instruction de la Cour d’appel de Conakry annule l’inculpation de l’officier, le parquet général se pourvoit en cassation et l’arrêt annulant l’inculpation du colonel est cassé quelques mois plus tard par la Cour suprême…
Au retour à la Cour d’appel, les décisions qui tomberont seront défavorables à l’inculpé. A chaque fois, la défense du colonel s’est pourvu en cassation. L’affaire a même été portée devant les chambres réunies de la Cour suprême. Mais, au final, l’inculpation du colonel sera maintenue alors qu’au même moment, les débats sont clos devant la chambre de jugement du tribunal criminel de Dixinn et les plaidoiries et réquisitoires sont programmés pour commencer le 13 mai. Que va-t-il alors se passer pour l’inculpé Bienvenu Lamah ? « Je ne comprends pas… C’est l’incompréhension à notre niveau », répond Me Kalivogui qui semble être plutôt préoccupé par la mise en liberté de son client après la caducité de son titre de détention. « La procédure est inappropriée. C’est une personne qui est visée et non l’acte qu’il aurait posé. Nous attendons donc de voir ce qui va se passer pour notre client », a dit l’avocat. En fait, l’avocat a toujours dénoncé une main derrière la détention « non conforme au droit » de son client. « Vous ne pouvez pas être jugé pour une cause et que vous soyez repris pour la même cause. Cela n’est pas normal, ce n’est pas du droit », a-t-il souvent dit sur le fond de ce dossier.
Concernant la caducité du titre de détention, l’avocat n’entend pas se limiter là. « Tant que la loi nous donne des voies de recours, nous allons poursuivre le combat », a-t-il promis.