Depuis le démarrage avec pompe, il y a de cela un mois, du procès du massacre du 28 septembre, au tribunal de première instance de Dixinn, délocalisé pour la circonstance, chaque jour apporte son lot de surprises voire de déceptions. C’est à peine si ce procès, dont la portée va au-delà de nos frontières, ne frise pas le grand guignol.
Dans la première fournée d’accusés conviée à la barre, le commandant Aboubacar « Toumba » Diakité, l’ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara est celui qui attire le plus les feux des projecteurs. A juste raison. Car ce personnage haut en couleur, considéré à tort ou à raison comme le cerveau du massacre du 28 septembre, fait preuve d’une loquacité sans faille dans sa narration des faits relatifs à cette tragédie. Pour bonifier sans doute son image, ternie durant toute la décennie qu’il a passée en détention, « Toumba », ne rate aucune occasion pour glisser des versets coraniques dans son récit. De quoi bluffer une opinion crédule. Quitte à faire pleurer dans les chaumières le maximum de gens.
A cette allure, cet accusé versé dans la géomancie, ne peut que donner du fil à retordre à certains avocats, dont la prestation à deux balles est loin de faire honneur à cette profession pourtant très honorable.
Le fait pour l’un des défenseurs d’avoir franchi la ligne jaune, lors de l’audience du mercredi dernier, sur un ton à relent communautariste, ne pouvait que sidérer l’opinion. La suspension de la partie par le président, suite à cet impair, suivie du coup de semonce de Me Djibril Kouyaté, le bâtonnier contre de tels comportements d’un autre âge.
A rebours de « Toumba », qui entend faire des pieds et des mains pour ne pas être l’agneau sacrificiel de ce procès historique, le colonel Moussa Tiegboro Camara, s’est montré peu loquace dans le prétoire, lors de son audition. Tout comme le commandant Marcel Guilavogui, qui a préféré donner sa langue au chat.
Et c’est pendant que toutes les attentions sont portées sur cette cour chargée de faire la lumière sur cette expédition punitive qui s’était soldée par plus de 150 morts et une centaine de femmes violées, que la nouvelle du cambriolage des locaux de l’Avipa est tombée. Un vol commis avec effraction semble-t-il, dont le seul butin emporté n’aura porté que sur l’ordinateur contenant les données des victimes du massacre. On apprend toutefois du côté de l’association que des copies de ces témoignages de validité probante seraient conservées sur d’autres supports se trouvant eux en sécurité.
Ce qui ne devrait cependant pas mettre un frein à l’enquête censée être diligentée en pareille circonstance, afin de faire la lumière sur ce cambriolage.