« Lorsque ces élus trahissent leur mission, lorsqu’ils sont dans la forfaiture, lorsqu’ils ont transformé la mission de service public en mission d’intérêt privé, le peuple qui les a mandatés doit prendre ses responsabilités. »
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Face aux interrogations et doutes à propos des manifestations de protestations contre le pouvoir actuel dont la reprise est prévue le 8 juillet prochain, Abdourahmane Sano n’entend pas reculer.
Au contraire, il sensibilise quant à la nécessité pour le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) de poursuivre le combat «pour la liberté et la dignité des Guinéens ».
Le fondateur de la PCUD l’a dit dans une interview-débat animée par Guineenews© en visioconférence et relayée en direct sur sa page Facebook.
Selon Abdourahmane Sano, « on est confronté à une situation extrêmement difficile. Et tous les peuples du monde ont été confrontés à cette situation, à un moment ou à un autre de leur histoire. »
« C’est l’arbitrage entre la dignité de conquérir votre liberté, ce qui a un coût, et la résignation pour continuer à vivre dans la soumission. C’est de cela qu’il s’agit.
Dans tous les cas, lorsque vous choisissez la deuxième hypothèse, vous auriez choisi la soumission par peur de la mort. Et si vous choisissez la soumission par peur de la mort, c’est que certains d’entre vous auront été déjà tués.
Et que celui qui vous soumet à l’oppression est encore prêt à vous tuer. Autant alors pour nous de choisir la voie de la dignité pour conquérir sa liberté. C’est toujours douloureux quand on voit un Etat qui a pour mission d’assurer la sécurité de ses populations, des filles et des fils du pays, qui achète les armes et minutions avec l’argent du contribuable ; et je tiens à préciser quand je parle du contribuable que je ne parle pas que des gens valides et des gens sains, je ne parle pas que des gens qui ont un emploi. Il n’y a pas un seul individu sur le territoire national, qui ne paye pas l’impôt tous les jours. Même nos frères et sœurs qui sont dans les liens de l’extrême pauvreté, qui gagnent à peine leur vie dans la dignité, ceux qui passent leur temps en bordure de route pour quémander…lorsqu’ils vont acheter un bout de pain quelque part dans un coin de la rue, ils payent l’impôt. Donc cet argent-là, c’est tout le monde qui participe…on trouve moyen d’acheter des armes, des munitions, des tenues… On (le pouvoir ndlr) prend des frères et sœurs qu’on habille au nom de la sécurité et qui ont pour vocation de ne défendre que la loi du pays, on les retourne contre la loi, on les retourne contre les filles et fils du pays et on leur dit : tirez s’ils ne se soumettent pas ! Parce que chacun d’entre nous a entendu dire qu’ailleurs il y a des morts mais ça passé. Ça veut dire qu’ici aussi, nous sommes prêts à tuer…Je crois que cela doit fouetter l’orgueil de tout Guinéen. Il n’y a pas à dire que je suis journaliste, médecin, policier…Je ne suis pas concerné. Ça, c’est une insulte à notre intelligence collective et individuelle. Donc il faut qu’on y aille. Si on n’avait pas choisi cela, nous n’aurions pas eu notre indépendance en 1958. Et tous les pays du monde sont passés par ce sacrifice là. Ce n’est pas la Guinée qui va en faire l’économie face au drame que nous vivons aujourd’hui avec cette gouvernance… », a-t-il affirmé.
A propos, l’étiquette réductrice colée au Front national pour la défense de la constitution, Abdourahmane Sano précise : « Le peuple se manifeste par des voies connues et cela est universel. La première voie, ce sont les élus ; le président de la République, les députés, les élus locaux. Lorsque ces élus trahissent leur mission, lorsqu’ils sont dans la forfaiture, lorsqu’ils ont transformé la mission de service public en mission d’intérêt privé, le peuple qui les a mandatés doit prendre ses responsabilités. Il n’y a pas d’autres choix à cela. Et ce peuple là se réunit dans quel espace ? Arrêtez d’appeler cela « rue ». Je ne pense pas que ce soit le terme qu’il faut quand on est en train de parler des populations guinéennes. Vous savez très bien que selon une étude faite par Afro baromètre, 84% des Guinéens ne veulent pas de troisième mandat. 84% des Guinéens, ce n’est pas la rue ça. Ça se fait dans tous les pays du monde. Lorsque cela se fait, le gouvernant qui prend conscience de ses responsabilités se pose la question de savoir ce qui ne va pas. Il ne parle pas de dialogue à l’envolée ; il ouvre un cadre de dialogue…»
Face au défi du rassemblement, Abdourahmane Sano pense que le FNDC est en train de relever. « Nous avons opté pour le rassemblement. Et l’une des grandes victoires du FNDC, c’est d’avoir montré que les Guinéens peuvent se rassembler, indépendamment de tout». Car, explique-t-il, « avant le FNDC, on était en train de dire que les opposants là ne s’entendent jamais… », a déclaré l’ancien ministre de l’agriculture.
Et dans ses propos, le coordinateur tend la main à la mouvance présidentielle qui « devrait être dans le FNDC », pour répondre au locataire de Sékoutouréa. « Car soutient-il, si M. Alpha Condé voulait la paix dans ce pays, il aurait choisi un dauphin. Le RPG aurait pu avoir un candidat qui ne soit pas M. Alpha Condé. On n’aurait pas eu 90 morts. On n’aurait pas eu des centaines de blessés, on n’aurait pas abusé de tous ces jeunes qui sont aujourd’hui en prison… »