Réputée pour très chaude en période de crise, la zone de Cosa ne déroge pas à la règle. Les affrontements entre agents en tenue et jeunes manifestants tourne à la violence.
Impossible d’arriver au carrefour Cosa où les hommes en tenue sont de plus en plus réfractaires aux citoyens en civile. Pour approcher les environs, il faut montrer pattes blanches. Les deux équipes apparemment mixtes (gendarmes et policiers) en bordure de route veillent aux grains.
« Il n’y a aucun constat à faire là » nous lance un agent au poste d’appui (PA) bien visible près du chemin de fer. Avec des agents probablement plus gradés aux alentours, à une dizaine de mètres. Et un autre d’ajouter en ironisant, « si vous voulez faire le constat, aller devant là-bas » en indiquant dans la direction de Koloma d’où nous entendions des coups de feu sans pouvoir savoir si c’était du gaz lacrymogène ou des balles réelles.
Le long de la route est répandue par endroits l’huile usagée de moteur, plus vous approchez le carrefour, plus les barricades érigées sont d’envergure. Les cailloux, troncs d’arbre et autres objets parfois en feu servent de zone tampon entre les forces de l’ordre et les jeunes manifestants. Ces derniers quelque peu en retrait à l’intérieur du quartier vers Bantounka, forment un attroupement impressionnant.
Au départ hostiles, ils finissent par admettre notre présence. Grâce l’intervention des plus ouverts parmi eux qui font remarquer qu’il s’agit de la presse, les photos des barrières sont permises. Mais pas question de celles du groupe.
Puis, un manifestant est d’accord de parler aux micro de Guineenews, mais sous anonymat, sans prise de vue. En langue locale, un jeune homme, la vingtaine, entouré de ses amis, explique être en train de « protester contre le troisième mandat »…
A la question de savoir s’il n’y a pas eu de blessés par balles, il répond par l’affirmative, sans preuve aucune. Pendant que certains de ses amis, en chœur, dénonçaient des exactions, parfois avec des injures adressées aux agents qu’ils pointent du doigt.
Quand nous quittions les lieux, agents et manifestants semblaient observer une pose. D’où une sorte de calme mais visiblement très précaire…