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Lutte contre l’excision à N’Zérékoré: bientôt des patrouilles pour traquer les exciseuses (Procureur)

Malgré l’interdiction des autorités et les multiples sensibilisations menées par des ONG et associations de défense des droits de la femme, la pratique de l’excision continue de prendre une proportion inquiétante en région forestière.

En effet, en cette période des vacances, les camps d’excision ne désemplissent pas. Une situation que dénonce Hélène Zogbélémou, activiste des droits de la femme.

«Pendant les vacances, les camps s’ouvrent un peu partout et on prend les enfants n’importe comment pour les faire exciser. Il y en a même (des petites filles, ndlr) qu’on y amène de force sans que personne ne lève le doigt. Mais toujours est-il que les mères mêmes ne comprennent pas puisqu’il y a des femmes à l’hôpital qui sont impliquées dans cette histoire. Ce sont elles qui vont soigner les enfants dans les camps d’excision », dénonce-t-elle.

Selon Mamadou Dian Bora Diallo, Procureur de la République près le TPI de N’Zérékoré, le code pénal guinéen prévoit des sanctions contre les mutilations génitales féminines.

«Que ce soit par des méthodes traditionnelles ou modernes, quiconque pratique ou favorise l’excision se rend coupable d’infraction. Et la loi dit que la peine varie de 16 jours à 2 ans et l’amande de 500 mille à 2 millions de francs guinéens », a-t-il expliqué.

Si la loi condamne la pratique de l’excision, à N’Zérékoré, elle se déroule sous l’œil impuissant des autorités qui pensent lutter contre le phénomène par de simples déclarations. Pour Hélène Zogbélémou,  présidente de l’ONG Humanitaire pour la protection de la femme et de la jeune fille, la lutte devrait être au delà des déclarations.

«Aujourd’hui, il n’y a aucune implication des autorités administratives et judiciaires. En tout cas, nous ne voyons aucune action concrète de leur part. Pourtant, la lutte devrait être sans merci. En 2017, le gouverneur partant, M. Lancei Condé avait fait une déclaration interdisant les mutilations génitales féminines. La déclaration, c’est bien. Mais il faut qu’il y ait des suivis », précise-t-elle.

Vue l’allure que la situation est en train de prendre, le Procureur menace de faire des patrouilles pour, dit-il, traquer les initiateurs de cette pratique qu’il qualifie de crime.

«Les semaines à venir, je donnerai des instructions fermes aux services de police et de gendarmerie pour sortir et sillonner la ville. Partout où on voit que ce crime est en train d’être commis, les auteures seront arrêtés, entendues et jugées conformément à la loi », a indiqué le Procureur Dian  Diallo.

Selon des statistiques, la région forestière est à 86% de taux de pratique de l’excision et la Guinée occupe la deuxième place des pays où l’excision est fortement pratiquée, après la somalie.

En attendant donc la mise en application de cette nouvelle mesure de la justice, nombreuses sont des femmes et jeunes filles de la région qui voient une partie de leurs organes génitaux mutilée dans les camps d’excision.

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