Le district de Morigbèdou, situé à l’extrême nord de la sous-préfecture de Foumbadou et autrefois considéré comme le grenier de Mouana, est actuellement confronté à un manque criant d’infrastructures sociales de base. Ce déficit inclut l’absence d’adductions d’eau ainsi que le manque crucial de personnel soignant et d’enseignants. L’enclavement de la localité est en grande partie responsable de cette situation, car elle n’est desservie que très sporadiquement par un véhicule, comme nous avons pu constater sur place.
Le patriarche du village, Soumela Donzo, que notre reporter a interrogé au sujet des difficultés auxquelles sont confrontées les populations de Morigbèdou dans leur vie quotidienne, a cité en premier lieu le manque de route pour relier la localité à Lola.
En sa qualité de chef du village, il exprime un vif désir de prospérité pour sa communauté : « Nous avons entrepris des travaux volontaires et nous souhaitons être élevés au statut de sous-préfecture. Nous avons déjà construit quatre bâtiments, et les autres sont en cours de construction, grâce à Dieu. Nous avons également érigé un poste de santé avec nos propres moyens. Toutefois, nous sollicitons une assistance pour le recrutement de personnel, en particulier une sage-femme. Dans cette région, si quelqu’un tombe malade, rejoindre Foumbadou à 45 kilomètres, puis Lola, est une épreuve particulièrement difficile pour les patients », a-t-il regretté.
Selon le chef du village, « l’accès à l’eau est essentiel pour l’hygiène. Boire certaines eaux disponibles ici peut provoquer des maladies diarrhéiques chez les enfants, ainsi que la dysenterie amibienne ».
Saran Bamba, la présidente des femmes, partage également les difficultés vécues par les femmes de Morigbèdou : « En cas de complications lors de l’accouchement, il est souvent nécessaire de transporter la patiente sur une moto en raison du mauvais état de la route. Malheureusement, certaines n’arrivent pas jusqu’à Foumbadou. Pour les enfants, en cas d’anémie ou de diarrhée sévère, un seul médecin ne peut pas faire face à la situation. Nous avons vraiment besoin d’aide, c’est pourquoi nous avons incité nos maris à construire des bâtiments et à faire cette demande », a-t-elle plaidé.
S’agissant de la question de l’eau, notre interlocutrice déplore la situation difficile que vivent les femmes à Morigbèdou pour en obtenir : « Si les camions-citernes ne viennent que le mercredi, avec parfois une semaine d’intervalle, la plupart de nos produits maraîchers se gâtent en raison de l’état de la route. Bien que nous produisions abondamment, nous ne tirons aucun profit de nos récoltes en raison de notre inaccessibilité. Le transport d’un sac jusqu’au marché de Lola peut coûter jusqu’à 90 000 francs guinéens », déplore Saran Bamba.
Le président du district, Fassou Fofana, souligne que Morigbèdou est le plus grand village de la sous-préfecture de Foumbadou en termes de population, comptant 14 000 habitants. « Nous avons construit un poste de santé, une école de six classes, et une école franco-arabe avec nos propres fonds, sans aucune aide extérieure. Nous avons actuellement une école de six classes avec un enseignant permanent et un enseignant contractuel, chargés de l’enseignement de l’ensemble des classes. Malheureusement, nous ne disposons pas d’assez d’enseignants pour promouvoir l’éducation dans notre village. Les parents se plaignent tous de cette situation, car l’enseignant est rémunéré à hauteur de 280 000 francs guinéens et reçoit seulement 40 mesures de riz en contrepartie. Pour faire progresser notre village, nous avons contribué à hauteur de plus d’un milliard huit cent millions de francs guinéens pour soutenir le gouvernement, et en retour, nous espérons qu’ils répondront à nos besoins », a-t-il plaidé.