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Libération de Sheick Affan: le gros coup de sang d’un avocat contre les magistrats

Avec la mise en liberté de celui qui est qualifié par plus d’un Guinéen comme  »l’apôtre du communautarisme », Sheick Affan, l’avocat Pépé Antoine Lama estime que l’exécutif a de nouveau marché sur le terrain du judiciaire. Avocat du sieur Mandjou Baldé – partie civile dans la procédure contre Sheick Affan –,  Me Pépé Lama en veut surtout aux magistrats qui « se sont  de nouveau laissé faire » trois mois après l’affaire Damaro.  Réaction !

« C’est une déception totale. Je crains pour la sécurité des citoyens guinéens. Dès lors que la justice s’est laissée dicter la volonté du Président de la République par rapport à un dossier judiciaire, il n’y a plus de raison d’espérer. Mes clients (au nombre de huit) ont le sentiment que la suite de la procédure sera également dictée de la même manière. Ils ont le sentiment qu’il y a des Guinéens qui sont supérieurs à d’autres et que tous les Guinéens ne méritent pas le même traitement. Ils ont le sentiment que la haine, l’ethnocentrisme et le régionalisme sont bénis par l’autorité centrale. Ils croient qu’une issue malheureuse de cette procédure pourrait affecter l’unité nationale. Ils considèrent que c’est de l’impunité. Puisque quelqu’un qui  agit sur le  motif que seuls les ressortissants de la Basse-côte peuvent avoir des terrains en Basse-côte et que les autres sont des étrangers, porte atteinte à l’unité nationale. Et c’est sur la justice qu’on devrait compter pour juger de tel cas. Sauf que la présente procédure est en train de prendre une tournure inquiétante. Ce qui me choque le plus, c’est le silence coupable de l’Association des  magistrats ( Ndlr : le président de l’Association des magistrats, Mohamed Aly Thiam  a confié à Guineenews n’être pas au courant de la libération de Sheick Affan). Le 28 juin 2019,  les magistrats s’étaient réunis à Kindia pour une assemblée générale au cours de laquelle ils avaient décidé de mettre fin à toute interférence dans le domaine judiciaire. Il avait même été décidé que tout acte d’interférence soit porté à la connaissance de l’Association des magistrats pour qu’elle prenne sa responsabilité. Dans ce cas, en amont comme en aval, l’Association a été informée mais n’a pas daigné prendre sa responsabilité. Moi je considère que l’assemblée générale de Kindia n’a été qu’une promenade de santé. Elle n’a apporté aucun changement à la situation vécue jusqu’ici par les magistrats… »

Propos recueillis par Tokpanan Doré

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