Après Mamou, Dalaba et Pita, la délégation du gouvernement guinéen s’est entretenue avec les sages et leaders religieux de la région administrative de Labé dans la matinée de ce mercredi 05 février. A la faveur de cette rencontre, qui s’est déroulée à la résidence du préfet, située dans le quartier administratif les sages de Labé ont dans leur message délivré au gouvernement, affirmé que « trop c’est trop », concernant les exactions commises par les forces de défense et de sécurité, qui se sont soldées par des victimes et des dégâts matériels importants, a constaté sur place Guinéenews.
Après les traditionnels souhaits de bienvenue de la délégation gouvernementale dirigée par le général Bouréma Condé, ainsi que le discours de circonstance de ce dernier qui a profité de l’occasion pour passer le message du chef de l’Etat aux sages de Labé, le discours réponse du grand imam et inspecteur régional des Affaires religieuses de Labé a aussitôt suivi. El hadj Thierno Mohammadoul Badrou Bah n’est pas passé par quatre chemins pour dénoncer les violences et les exactions que sa région a connues ces dernières semaines.
« Je devais expliquer ce qui s’est passé ici, mais comme le général Bouréma Condé m’a devancé en expliquant ce qui s’est passé à Pita, ce qui s’est passé ici à Labé, ainsi que le fait que moi-même j’ai envoyé des muezzins de la mosquée pour aller chercher l’ambulance. Ils sont allés prendre l’ambulance et son venus jusqu’à un certain niveau, les muezzins sont là, arrivés à un certain niveau des forces de défense et de sécurité arrêtent l’ambulance pour faire descendre les muezzins, faire descendre le chauffeur et ensuite le tuer sur place. Cela est dangereux», dénonce l’imam de Labé.
El Hadj Badrou Bah sur les exactions des forces de l’ordre à Labé, s’est penché sur le cas de cet imam interpellé et empêché de présider la prière du vendredi.
« Un imam qui est tout prêt a été arrêté par des agents de sécurité, alors qu’il allait à la prière du vendredi. Je vous dis un imam qui doit présider la prière du vendredi et il leur a dit qu’il est imam, qu’il part à la mosquée pour la grande prière. Mais qu’on lui dise qu’il ne peut pas aller présider la prière du vendredi. Donc, l’imam n’a pas pu aller diriger la prière. En plus, ils arrachent son téléphone et c’est lui-même l’imam qui est allé après à la gendarmerie pour récupérer ses téléphones. Donc trop c’est trop et c’est difficile de s’exprimer en ce moment sans déraper», ajoute-t-il.
« Ce n’est pas comme ça que vous avez l’habitude de nous trouver ici à Labé; mais cette fois-ci on est vraiment frustré et inquiet. Si la religion est attaquée, des vies humaines sont arrachées, des biens sont détruits, que ça soit des biens publics érigés par le gouvernement ou par des particuliers, vraiment un sage ne peut pas fermer l’œil quand ces biens sont en train d’être détruits. C’est ce qu’on prêche tous les jours ; mais les assassinats et les exactions qui n’épargnent pas la religion, vraiment ça nous inquiète davantage», enchaîne El Hadj Badrou Bah.
Enfin, l’inspecteur régional des Affaires religieuses a livré le message des sages à l’endroit du chef de l’État: «ce que nous vous demandons de dire au chef de l’état dans le respect, c’est de voir ce qui est en train de provoquer ces violences pour mettre cela de côté, pour que la paix règne dans ce pays, pour qu’on s’entende. Ce n’est pas au nom de l’inspecteur que je m’exprime devant vous aujourd’hui, mais c’est au nom des imams et des sages du Foutah» a-t-il laissé entendre.
Il faut rappeler qu’en plus du général Bouréma Condé, le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, la délégation gouvernementale est entre autre composée de Mouctar Diallo, le ministre de la Jeunesse, Mamadou Taran Diallo de l’Unité nationale et de la citoyenneté, de Alpha Ousmane Bah, le ministre du Tourisme, de l’hôtellerie et de l’artisanat, pour ne citer que ceux-ci. Ils sont attendus cet après-midi à Lélouma.