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Les retraités de notre administration : comme des déchus à rejeter

Ah, oui, ils vont à la retraite. Lui aussi ? Oui ! Comme l’autre-là que tu connais d’ailleurs, ils sont tous retraités ! Attends, laisse-moi te parler de ce monsieur-là. Il était mauvais celui-là. Il n’a pas voulu m’aider dans le traitement de mon dossier.

Ces épithètes et bien d’autres encore, sont annoncées à la ronde pour désigner ceux qui quittent l’administration après de bons et loyaux services au profit du pays. C’est à peine si on ne perçoit pas dans la voix ou le ton utilisé pour les désigner, de la pitié, une pointe de condescendance ou sinon de la joie railleuse.

Les mérites particuliers, parfois même exceptionnels, de certains de ces sortants de l’administration, ne sont pas cités.  On n’en fait guère cas. Ils vont à la retraite ? Qu’ils cèdent rapidement la place.

Pour bon nombre de nos compatriotes, aller à la retraite est comme une fin de vie ou, pour atténuer le propos, comme un mauvais sort, une infamie, une calamité qui frappe de plein fouet un fonctionnaire. Cela tient d’un faisceau de facteurs qui ont fait souche dans le vécu collectif, pour devenir un phénomène de société chez nous.

A telle enseigne qu’aujourd’hui, le fait d’aller à la retraite est associé, pour le partant, à la fin de tous les gains, avantages et entregent habituels que lui permettaient son statut de fonctionnaire en activité. Et lorsqu’on y ajoute le cas de la pension congrue qui va lui être versée, le comble est vite atteint. L’intéressé est à l’orée de la décrépitude. Il risque de ne plus être considéré, respecté ou écouté comme auparavant.

Opportunisme aidant, tous ceux qui le côtoyaient par intérêt, s’effacent, pour laisser la place aux seuls parents et amis fidèles.  Même si auparavant, il les avait délaissés, un tant soit peu. En fait, il est comme fini, comme quelqu’un dont l’arrêt de mort est signé.

Une pareille conception participe de l’oubli ou de la négation d’une loi de la nature qui est pourtant bien simple. D’abord et c’est dans l’ordre naturel des choses, les générations se succèdent toujours, les unes après les autres. Ce phénomène de substitution s’applique aussi bien  dans les dispositions familiales que professionnelles. C’est comme ça que la société humaine a toujours évolué, dans tous les compartiments qui la structurent. Comme dans un ordre chronologique, le moment arrive dans la vie où chacun doit laisser la place au suivant.

Malheureusement, en matière de considération et d’honneur à accorder à ceux qui ont travaillé à la construction nationale, notre pays n’est pas le meilleur exemple à citer.

Dans les années passées, la valorisation des ressources humaines ne nous a pas paru constituer une priorité ou un objectif à atteindre, pour les autorités. Et les citoyens n’ont fait que suivre l’exemple qui leur est ainsi servi.

Ainsi voit-on les gens partir à la retraite, dans l’indifférence totale. Ils sont vite remplacés, leurs mérites banalisés, reniés, effacés, oubliés. C’est comme s’ils n’avaient rien fait pour le pays. Comme des météorites qui passent de manière fugace, sans laisser de traces. Alors que, pendant ce temps, ce qu’on ne dit pas, c’est que la plupart de ces vétérans se sont montrés extrêmement méritants et ont servi le pays, tout le temps de leur vie active, avec honneur, constance et loyauté.

Montrer autant d’indifférence à leur endroit donne un mauvais signal aux nouvelles générations qui voient ainsi le sort pour le moins ingrat, réservé à leurs devanciers.  Ensuite, on oublie souvent quand on est aux affaires, que l’on sera, un jour ou l’autre, appelé à faire valoir ses droits à la retraite. Bien sûr, à condition de vivre jusque-là, d’être bien portant et de mener une carrière sans faute. Ce qui, bien entendu, n’est pas donné à tout le monde.

On se rappelle la formule qui dit : « Hier, nous étions comme vous ; demain, vous serez comme nous. »

C’est dommage qu’on ne valorise pas assez les ressources humaines chez nous. Ce sont elles pourtant, qui génèrent toutes les richesses dont rêve de disposer un pays. C’est vers ce noble objectif que nous devons orienter nos efforts, tous ensemble, dans une parfaite solidarité qui prend en compte tous les enfants du pays.

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