Comme on le sait, le débat politique reste actuellement focalisé sur le projet d’une nouvelle constitution qui, pour l’opposition, viserait à offrir la possibilité d’un 3ème mandat pour le président Alpha Condé. Dans cet entretien accordé à Guinéenews, Dr Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), exprime son soutien à tous ceux qui se battent pour le respect de la Constitution afin d’éviter, dit-il, de permettre au Pr Alpha Condé de s’octroyer une présidence à vie.
D’entrée de jeu, le vice-président de l’UFDG a fait savoir qu’il n’y a aucun doute quant à la volonté du chef de l’Etat de faire changer la constitution pour s’octroyer un 3ème mandat : « Je pense que mettre en doute la volonté de Monsieur Alpha Condé de vouloir doter la Guinée d’une nouvelle constitution, changer de public et s’octroyer un 3ème mandat, veut dire qu’on n’est pas en Guinée. Les intentions sont très claires. Il y a des milliards de francs guinéens qui ont été dépensés dans ce sens et je pense que Monsieur Alpha Condé, puisqu’il s’est rendu compte qu’avec la Constitution actuelle, constitution sur laquelle il a juré deux fois, il ne peut pas avoir un 3ème mandat, il veut absolument se maintenir à la présidence à vie. Il ne veut plus de deux ou trois mandats, mais il veut mourir au pouvoir comme président de la Guinée ».
Pour lui, en aucun cas, le président de la République ne peut lui-même demander et selon sa volonté de changer la constitution. « La Constitution est très claire. Le président peut faire une proposition de révision, les députés peuvent faire une proposition de révision. Ça c’est clair quant on parle de la révision. Je tiens à rappeler que la constitution des Etats-Unis va avoir à peu près 300 ans, elle a été amendée 27 fois. Je dis bien amendée 27 fois parce que les gens font la confusion entre révision et nouvelle constitution », a-t-il précisé.
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Selon lui, 80% des Guinéens ne veulent plus de la gouvernance actuelle. « Quand je parle de 80%, ce sont tous les Guinéens, c’est dans toutes les régions, dans tous les domaines et toutes les ethnies confondues, personne ne veut de cette nouvelle constitution. Les gens qui veulent de cette constitution souvent, ce sont des pyromanes, des militants de la 25ème heure, ce sont des gens qui défendent leur propre intérêt, qui sont à des postes de responsabilité où ils sont en train de faire ce qu’ils veulent », a-t-il renchéri.
Plus loin le député de l’UFDG dénonce les violences exercées sur les manifestants du FNDC à N’Zérékoré : « Les réactions du gouvernement par rapport aux manifestations sporadiques que les gens sont en train de faire dans le pays, les violences qui sont exercées expliquent la panique au niveau du gouvernement. Vous avez vu ce qui se passe à N’Zérékoré avec les membres du FNDC. Mais quand il s’agit des gens qui veulent le changement de la constitution, on les encourage, ce sont des militaires qui les accompagnent, c’est l’armée, la police, c’est tout le monde qui les accompagne. Mais ils se sont rendus compte que partout où ils sont passés, ils n’ont pas de monde. Aujourd’hui, c’est la panique générale », estime l’opposant au régime Alpha Condé.
Il explique cette panique par l’intervention des forces de l’ordre à Yimbaya pour disperser une réunion des membres du mouvement« Amoulanfé » : « Si ce n’est pas la panique, on ne peut pas aller à Yimbaya pour rentrer dans le domicile privé lancer du gaz lacrymogène sur des gens qui ne sont pas dans la rue, qui sont en train de faire le lancement de leur mouvement « Amoulanfé ».
Le Vice-président de l’UFDG a conclu par une note d’encouragement aux défenseurs de la constitution actuelle : « Donc j’encourage tous ceux qui se battent pour le respect de la constitution, j’encourage les gens de N’Zérékoré. Je pense que le jour où Monsieur Alpha Condé lui-même, en conseil des ministres, parce qu’aujourd’hui, ce sont des pyromanes qui parlent, lorsqu’il va dire lui-même qu’il veut un 3ème mandat, c’est tout le peuple de Guinée, ce sont toutes les régions de la Guinée qui vont sortir comme un seul homme pour dire qu’on en a ras-le-bol. Ça va être exactement comme le Soudan, ça va être exactement comme le Burkina Faso. S’il veut qu’on retienne de lui l’image d’un président qui s’est battu et que demain en partant les gens ne continuent pas à rire en disant on l’a chassé, c’est maintenant qu’il doit arrêter toutes ces manœuvres ».