Des zones très enclavées avec des routes impraticables et inaccessibles pour les véhicules, des hautes chaînes de montagnes avec des échelles comme seul lien de passage entre ces localités et la commune urbaine, telles sont les réalités des plus grands greniers de Lélouma.
De Lonna district relevant de la commune rurale de Parawol en passant par le district de Kenté de la commune de Korbé et le quartier périurbain de Sanama de la commune urbaine jusqu’à Dioofo, les réalités sont les mêmes.
Les populations de ces localités de très fortes productions agricoles qui approvisionnent Lélouma traversent un véritable calvaire pour rallier le centre urbain de la préfecture.
« A Lonna ici, les populations sont vraiment très braves. Que ce soit en saison sèche ou en saison des pluies, ça travaille la terre. Surtout pendant la saison sèche, les femmes produisent à travers les jardins potagers des piments, des aubergines, des choux, de la tomate ou encore de la laitue… Mais notre plus gros problème, c’est l’écoulement de ces produits. Nous avons un obstacle de taille qu’est la montagne, à défaut de faire plus de dix kilomètres pour la contourner. Ce sont nos femmes qui portent des lourds fardeaux sur la tête pour escalader difficilement la montagne et aller vendre ces denrées au niveau du marché préfectoral. C’est un véritable calvaire », déplore un responsable au niveau du district.
Pour pallier à ce manque d’accès à la localité, les populations ont pris l’initiative depuis quelques années de lancer des travaux d’envergure pour la construction d’une route pour rallier plus facilement la commune urbaine.
Mais les activités peinent encore à se concrétiser car avec des outils rudimentaires, il n’est pas aisé de faire une route sur des montagnes avec des grandes roches.
« C’est à cause de ces conditions ainsi que d’autres que nous avons jugé nécessaire de nous attaquer à la construction de cette route d’environ sept kilomètres pour vite rallier la commune urbaine. Les populations sont déterminées. Mais avec des moyens rudimentaires, il n’est pas facile de faire une route de cette envergure. Nous travaillons avec nos mains », se désole un autre chauffeur natif de la localité qui lance ensuite un appel à l’État et aux personnes de bonne volonté pour leur venir en aide.
Pendant ce temps, du côté de Kenté dans la commune rurale de Korbé, les populations souffrent à peu près des mêmes réalités. La seule différence est que là, ce sont des échelles qui servent de passage rapide pour rallier la commune urbaine et réciproquement à défaut de faire plusieurs dizaines de kilomètres de détour.
« Dans la sous-préfecture de Korbé, nous avons ici deux districts, des véritables greniers qui sont extrêmement enclavés. Il s’agit du district de Gnégueré et de Kenté. Ces localités se trouvent dans les bas-fonds. Du coup, pour s’y rendre, il faut forcément descendre la montagne. Par exemple, vers Djinkan (quartier de la commune urbaine ndlr), c’est une échelle qui sert de passage obligé sous peine de faire plusieurs dizaines de kilomètres pour rallier la commune urbaine et vice-versa. C’est très difficile. Surtout quand on porte un bagage ou un bébé sur le dos. C’est invraisemblable.
Cependant, les gens de ces localités produisent énormément des condiments comme le piment, les oignons, les tomates d’une part et le riz et le fonio d’autre part. Malheureusement pour vendre ces produits, ils sont obligés de les porter sur la tête faute de routes. Ces localités, pourtant sont la pierre angulaire des marchés de légumes de Lélouma, Diountou, Korbé et même Thiaguel Bori.
Mais parfois faute de moyen d’écoulement, certains produits périssent. Il y a beaucoup de pertes parfois », déplore Souleymane Diallo, le maire de la commune rurale de Korbé.
Sur la même logique, Dame Aissatou Diara, dans ce témoignage nous raconte le calvaire qu’elle et ses paires traversent pour rallier la commune urbaine avec des lourds fardeaux sur la tête.
« Nous femmes de Niegueré produisons beaucoup de légumes. Mais pour les écouler, nous sommes confrontés à des sérieux problèmes. Notamment l’enclavement. Il n’y a pas de véhicules. Et nous sommes obligées de porter ces produits sur la tête et escalader la montagne avec tous les risques », se plaint elle.
Avant d’ajouter : « sur ce chemin caillouteux, on est forcées à se reposer au moins deux ou trois fois avant d’arriver au sommet de la montagne. Traverser aussi une échelle avec un bagage sur la tête est extrêmement difficile. C’est le seul moyen pour nous d’aller vite à la commune urbaine. Sinon, on est obligées de passer par Thiaguel Bori. Ça nous ferait plusieurs dizaines de kilomètres de plus sur une route impraticable. C’est ce qui fait qu’on est obligées de passer par les échelles. Nous enregistrons beaucoup de perte faute de routes.
Et pour conclure, Aissatou Diara lance un appel à l’État et aux bonnes volonté de venir au secours pour désenclaver leur localité.