Le bâtiment abritant la justice de paix de Lélouma était jusque-là délabré. Il ressemblait à tout sauf un cadre de travail confortable et paisible. Il n’y existait même pas de salle d’audience. Pas de portes ni de fenêtre par endroits. La moitié du bâtiment est longtemps resté sans toit. Pas d’équipements. Bref, le cadre de travail laissait vraiment à désirer. Mais aujourd’hui, tout cela n’est qu’un lointain souvenir. Le bâtiment a été restauré et affiche un visage reluisant. Entré en fonction il y a environ dix mois, le juge de paix Lazare Mamady Bauret se rappelle encore avec amertume de la situation dont lui et son équipe ont hérité à Lélouma.
« A mon arrivée, il y a un peu moins d’une année, j’avoue qu’il n’y avait pas de palais de justice ou plutôt ce qui existait était en lambeaux. Cela ne pas m’a découragé, sachant que le ministre de la Justice d’alors se battait pour améliorer les conditions de travail des magistrats. J’ai trouvé un palais de justice complètement délabré. Il n’y avait pas de bureau pour le juge de paix. Avec cette situation, je pouvais faire comme mes prédécesseurs et me confondre à la réalité. Mais, je me suis dit que mon équipe et moi ne méritions pas un tel lieu. Lélouma aussi ne méritait pas un tel lieu », a expliqué le juge de paix avant de poursuivre : « j’ai donc fait une demande formelle dans laquelle j’ai fait l’état des lieux. C’est suite à cela que j’ai été mis en relation avec la direction des infrastructures au niveau du ministère de la Justice qui a dépêché d’urgence un bureau d’études pour venir s’enquérir des réalités. Sur ce, un entrepreneur est recruté pour rénover en partie le palais de justice. Aujourd’hui, j’avoue que le travail a été bien effectué « , s’est réjoui Lazare Mamady.
Le palais de justice a changé aujourd’hui de visage. La partie qui n’avait pas de toit a été restauré. Les portes et fenêtres fixées. Les bureaux ainsi que la salle d’audience, équipés.
Si sur le plan infrastructurel, l’état de l’héritage laisse à désirer ; sur le plan de la confiance professionnel, le fossé était aussi énorme. Sur cet aspect, Mamady Lazare parle plutôt de dysfonctionnement de l’appareil judiciaire.
» Nous essayons aujourd’hui d’instaurer la confiance des citoyens de Lélouma. Faire en sorte qu’ils aient confiance en la justice. Faire en sorte qu’ils viennent de plus en plus vers la justice pour leur problème. Parce que j’avoue que lorsque je suis arrivé, j’aurai appris que des dossiers civils seraient gérés par certains sages. En plus, j’ai trouvé des personnes qui étaient détenues pendant trois ou six mois sans un mandat de dépôt au niveau de la prison civile. Il y avait en quelque sorte un dysfonctionnement du système judiciaire. Parce que comme le dit la loi, personne ne peut aller en prison sans un mandat de dépôt « , a rappelé le juge de paix.
Et de poursuivre : » la collaboration aussi avec les services de police judiciaire, le délai de garde-à-vue n’était pas tenu. Le travail reste encore à faire parce qu’au-delà de la barrière linguistique qui existe entre la justice et les citoyens, il y a la méconnaissance du droit de beaucoup de citoyens. L’objectif aujourd’hui, c’est d’instaurer la confiance des justiciables. Parce que nous ne sommes pas là pour construire des édifices mais plutôt pour que les citoyens aient davantage confiance en la justice.’’La grande nouveauté aussi est que Lélouma a, pour la première fois, un juge d’instruction. Avant, tous les travaux étaient concentrés au niveau du juge de paix. Il était non seulement juge de paix mais aussi Procureur de la République, juge d’instruction et juge audiencier, a-t-il souligné en substance le juge de paix, Lazare Mamady.