Comme annoncé dans l’une de nos précédentes dépêches, Thianguel Bori est en train de connaître de l’essor. Et ce depuis quelques années, notamment avec le bitumage de la route internationale Labé – Sénégal. En plus de la position stratégique qu’elle occupe, la localité abrite l’un des plus grands parcs à bétail de la région administrative de Labé. Ce parc est généralement approvisionné par des populations des préfectures riveraines comme celle de Mali et de Gaoual entre autres. Des grossistes en provenance de Conakry, de Labé y viennent chaque semaine pour faire des achats bien que l’affluence ait baissé ces derniers temps. Pour en savoir davantage sur ce marché de ruminants, Guinéenews vous plonge au cœur de ce grand parc à bétail.
Nous sommes dimanche jour du marché hebdomadaire. Il est environ 11 heures. Situé à l’ouest du marché en plein « Bowal », c’est une aire non clôturée avec à l’intérieur un hangar et un petit bâtiment vétuste, le tout entouré par des petites cabines abandonnées sur les quatre côtés de ce qui aurait dû être la clôture qui nous accueille. C’est le parc à bétail de Thianguel Bori.
Des marchands guidant leurs vaches, taureaux et parfois même des veaux d’une part, des chèvres et moutons d’autre part rallient peu à peu le hangar principal et ses environs.
» Le hangar est loin encore et même très loin d’afficher le plein. C’est encore tôt. Attendez un peu pour prendre vos images », nous suggère visiblement un habitué des lieux qui nous observait séance tenante avant d’ajouter : » (…). Bien que le parc ne connaisse plus l’affluence qu’il avait il y a quelques années. (…). Tout a changé avec la cherté de la vie et l’ouverture de la zone aurifère de Kounsitel qui a attiré pas mal de monde. (…). Je suis chargé de la sécurisation des lieux, » s’est-il finalement présenté.
Sur les lieux, les acheteurs se sont fait rares ces derniers temps comme nous l’explique Oumar Souaré.
» Les acheteurs ne se bousculent plus. Ils sont devenus un peu rares tout récemment. Actuellement, on vend difficilement nos animaux. (…). C’est vraiment très coûteux. Tout le monde se plaint éleveurs, vendeurs comme acheteurs. C’est le même cri du cœur. C’est extrêmement compliqué en ces temps-ci. »
De la vétusté du parc à bétail
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Visiblement, le parc à bétail de Thianguel Bori est très vétuste malgré que c’est l’une des sources de recettes les plus importantes pour la mairie de la commune rurale. Les grillages qui faisaient office de clôture ont complètement disparu. Le bâtiment abritant les bureaux du chef de poste d’élevage et les autres régisseurs est dans un état de délabrement très avancé. Le plafond s’est détaché et les tôles complètement rouillées. L’état du mobilier laisse à désirer.
Le chef de poste d’élevage de Thianguel Bori Ibrahima Kanté est conscient de la réalité. » Il y a un peu moins d’une année depuis que j’ai pris fonction ici en tant que chef de poste d’élevage. Et comme vous pouvez le constater l’endroit est vétuste. Le bâtiment qui abrite nos bureaux ne présente pas du tout un visage reluisant. Le peu de mobilier aussi qu’on a est caduque. L’endroit n’a pas de cours et le hangar où sont attachés les gros ruminants est insalubre. Nous sommes en train de voir comment remédier à tout ça pour que le parc de bétail de Thianguel Bori soit véritablement une vitrine pour la localité, » explique dès l’entame le chef de poste.
Sur la même lancée, Ousmane Ly un marchand de bétail renchérit : » il y a beaucoup de choses qui manquent encore au niveau de ce parc. Le hangar qu’on a là est vétuste. Et par endroits, les fers sur lesquels on attache les gros ruminants sont rongés par la rouille. Le bureau a l’air d’être abandonné. En plus de tout ça, beaucoup de vendeurs et d’acheteurs sont obligés de traiter à ciel ouvert. Sous le soleil et parfois la pluie. Faute de place dans le hangar. C’est vraiment déplorable, » s’alarme le jeune homme.
Des piquets en fer ont été disposés autour du hangar pour les petits ruminants qui ne trouvent plus de la place sous le hangar.
« Nous attachons ici à ciel ouvert nos chèvres et moutons. Malgré les contraintes liées aux intempéries de la nature nous sommes là. Que ce soit le soleil ou la pluie, nous sommes, avec nos animaux exposés bien qu’on paye toutes les taxes. On a pas encore réussi à agrandir le hangar pour que tout le monde puisse y rester. Mais à défaut de ce que l’on veut, on se contente souvent de ce que l’on dit souvent. La commune et les autres gestionnaires du parc doivent normalement revoir ça. C’est extrêmement important, » conseille cet autre vendeur de chèvres.
Interpellé par rapport à la situation, le secrétaire général de la commune rurale tente de justifier cet état des lieux par un projet de déménagement du parc, à moyen terme.
» C’est vrai que l’état actuel du parc à bétail n’est pas tout à fait ça. Mais laissez moi vous dire qu’il y a une volonté de déplacer ce parc vers un autre endroit beaucoup plus adapté. Mettre en place une boucherie et un abattoir. Des projections dans ce sens sont déjà faites. (…). Nous cherchons actuellement à voir comment cela va se concrétiser pour le bonheur de tout le monde », a-t-il confié.
Faut il aussi rappeler que l’affluence n’est pas vraiment au rendez-vous comme c’était le cas par le passé. Et que beaucoup de personnes interrogées sur ce manque d’engouement, pensent que nombreuses sont les personnes qui se sont tournées vers Kounsitel où il y aurait assez de monde.