Affirmer que les dés sont pipés pour ce qui est des élections législatives du 16 février prochain, est une vérité de la Palice. Au train où vont les choses, le parti au pouvoir peut déjà savourer sa victoire, car l’affaire est dans le sac. N’ayant face à lui que du menu fretin, dont il n’en fera qu’une bouchée.
C’est comme si les observateurs qui pensent que ce scrutin ne sera qu’une simple formalité, qui pourrait aboutir juste, à un partage des sièges de députés entre des « amis », n’avaient pas tort.
Ce sera un remake des législatives de 2002. On se souvient à l’époque que le Parti de l’unité et du pouvoir (Pup), de Lansana Conté avait raflé la majorité des sièges de députés, 85 au total, à la faveur d’une pseudo-élection, tout en prenant le soin d’en affecter aux formations politiques qui avaient accepté de jouer le jeu de la duperie. Telle que l’Union pour le progrès et le renouveau (Upr) du défunt Siradiou Diallo. Qui s’en était tirée avec 20 sièges. L’Union pour le progrès de la guinée (Upg) de Jean-Marie Doré avait récolté par la même occasion 3 sièges. Tout comme le Parti démocratique de guinée (Pdg) d’Elhadj Ismaël Guissen.
C’est déplorable que près de 20 ans après ce scénario ubuesque, notre pays se retrouve encore à la case de départ. Et c’est le RPG qui, à l’époque de Conté avait boycotté les élections, qui veut nous entraîner dans cette aventure, par simple péché d’orgueil.
On a ainsi entendu des éructations contre la démarche des guides religieux, du côté du siège du RPG, lors de son assemblée générale de ce samedi. Pour la plupart des apparatchiks du parti, l’heure n’est plus au dialogue. Il faut plutôt en découdre avec les opposants au troisième mandat. Et avec ceux qui refusent de rentrer dans le rang, pour cautionner le vote du 16 février.
Et pourtant, s’entêter à aller à une élection sans les principaux partis du landerneau politique, serait une grossière erreur. Car un tel parlement n’aura d’autre appellation qu’une assemblée monocolore. Malgré la présence des soi-disant opposants dans le processus. Une présence qualifiée d’ailleurs de saupoudrage.
Quand on sait que ce sont des partis politiques qui, pour l’essentiel étaient membres du Fndc, mais qui, pour des raisons subjectives, se sont mis sur les rangs. Histoire sans doute de servir de faire valoir à l’exécutif dans ses velléités de doter la Guinée d’un parlement monocolore et d’une nouvelle constitution.
Leurs détracteurs les accusent en effet d’avoir cédé à l’attrait de l’argent. Eux, s’en défendent, sans pour autant convaincre l’opinion.
Il y en a parmi eux qui commencent à se raviser, depuis que le bruit sur un éventuel couplage des législatives et du référendum commence à courir dans la cité. C’est le cas de l’Udg de Mamadou Sylla. Mais attendons de voir quelle attitude ce parti va réellement adopter, si jamais cette rumeur se précisait. A savoir s’il faut « partir ou rester », dans le jeu.
En tout état de cause, il serait effarant que notre pays fasse un bond en arrière, en se dotant d’un parlement qui sera sous la coupe de l’exécutif.
Et comme l’a dit François Mitterrand, ‘’il n’y a de démocratie que là où il y a contre-pouvoirs ».
Certains optimistes vous diront certes, qu’il y a loin de la coupe aux lèvres entre cette volonté du président Alpha Condé de vouloir tout régenter, jusqu’à réformer la constitution dans le seul but de se maintenir au pouvoir, avec une assemblée composée uniquement de députés « godillots », et les réalités du terrain.
Mais la vérité est que les Guinéens dans leur majorité, assistent aujourd’hui avec circonspection, à un nivellement par le bas de leur démocratie. On interpelle, on réprime, on tue, sans aucune justice.
Tout ça fait désordre et plonge notre pays dans l’incertitude.