Arrêté tard dans la nuit du dimanche 6 mai, Aboubacar Sikidi Mara, Secrétaire général adjoint de l’UGTG (Union Général des Travailleurs de Guinée), a été présenté ce mardi 8 mai, au Procureur général près le Tribunal de Première Instance (TPI) de Dixinn, qui l’a aussitôt placé sous mandat de dépôt et conduit à la Maison centrale de Conakry.
Pour son avocat, Me Yomba Kourouma, Aboubacar Sidiki Mara est aujourd’hui le prisonnier personnel du chef de l’Etat Alpha Condé. Selon lui, le syndicaliste Mara a vu sa détention confirmée que le président de la République a voulue.
«M. Mara a été arrêté dans les conditions que toute l’humanité progressiste, tous les défenseurs de droits de l’homme, et toute personne éprise de justice, de paix et d’égalité, réprouvent… M. Mara a été enlevé par les autorités, qui n’ont ni le titre, ni le droit et ni encore la qualité en occurrence le gouverneur de la région administrative de Boké qui a reçu l’ordre impératif du chef de l’Etat d’enlever Aboubacar Sidiki Mara qui était en plein exercice de ses activités syndicales», a-t-il condamné.
A en croire Me. Yomba, son client est arrivé à Boké, détenteur d’un ordre mission dûment visé par le préfet à qui d’ailleurs, il a déballé le but de sa mission dans la localité. «C’est-à-dire la syndicalisation de certains travailleurs de l’UMS, de WAP (…) qui se sont désaffiliés de l’USTG (Union Syndicale des Travailleurs de Guinée) et de la CNTG (Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée) pour s’affilier à l’UGTG », a-t-il fait comprendre.
Poursuivant, l’avocat Yomba a déclaré que l’ordre de mission de M. Mara a été visé par le Secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de Boké au point que, rassure-t-il, nul n’en ignorait. «M. Mara est rentré en plein exercice de ses activités suivant les conventions et les lois nationales que nul n’en ignorait au point que durant tout son séjour, rien ne lui a été reproché et il a tissé des rapports fructueux et de bonnes collaborations avec les autorités préfectorales et les travailleurs. Pour reconnaissance, la Direction de l’UMS a rendu visite à M. Mara dans son hôtel et lui a même payé de la nourriture. Toute chose qui nous laisse comprendre que Aboubacar Sidiki Mara n’a commis aucune infraction à la loi (…)», a-t-il fait remarquer.
Dans la même logique, Me Yomba a révélé que ce sont des sociétés sous-traitantes qui sont en train de désinformer les autorités pour que l’UGTG ne devienne pas la centrale la plus en vue du pays. «Donc, il y a un conflit d’intérêts et des visées qu’on lui prêtent et qui ne collent pas avec son idéal (…). Toutes choses qui ont amené le chef de l’Etat qui prend Boké pour sa chasse gardée, de demander l’exfiltration de M. Mara sur les lieux», a-t-il dénoncé.
Au sortir du TPI de Dixinn, Me Yomba a annoncé que le Procureur a notifié à son client la charge suivante : «‘’présomption grave de manifestation illicite dans les extensions d’une société minière ou portuaire’’. C’est-à-dire que M. Mara est allé tenir une réunion non-autorisée au sein d’une société minière».
Pour clore, Me Yomba a signalé que son client souffre d’une pathologie qui risquerait de lui causer des désagréments si sa détention se prolongeait. «M. Mara a été placé sous mandat de dépôt. Il faut aussi signaler qu’il est asthmatique. Le juge lui-même a eu à le constater. Car, malgré la climatisation de la salle d’instruction, il a été obligé d’autoriser l’ouverture de sa porte. Son maintien en détention risquerait d’aggraver sa pathologie qui pourrait nous faire parvenir au pire (…)», a-t-il prévenu.