Lorsqu’il s’agit de bien faire, le sort a opéré un casting original : Nadine Fougeron et Marly Bah. Deux Canadiennes dont l’une est d’origine guinéenne.
Elles viennent de rentrer d’une mission de travail d’une semaine à Conakry. Il s’agissait pour elles de rencontrer les principales parties prenantes guinéennes au prochain forum économique Guinée Canada qui sera le rendez-vous d’affaires axé sur la coopération et les opportunités d’investissement en Guinée et qui se déroulera courant octobre 2018 à Montréal.
Pendant leur mission à Conakry dans le cadre de la promotion de ce forum, en dépit d’être invitées à la RTG et à Espace, elles ont rencontré le premier ministre Kassory Fofana, le ministre de l’industrie et des petites et moyennes entreprises, Tibou Kamara, là ministre de l’Agriculture Mariama Soguipah Camara, le ministre de communication Amara Somparé, le ministre chargé des partenariats public-privé, le ministre des Mines Abdoulaye Magassouba, la ministre de la coopération Djènè Kéita, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique Yero Baldé ainsi que plusieurs hauts cadres de l’Etat et les hommes d’affaires guinéen dont Fadi Wazni patron UMS et SMB en Guinée.
Faut-il préciser qu’à titre privé, le président Alpha Condé a reçu Marly Bah qui était venue, au nom de la famille le remercier pour l’hommage qu’il a rendu à leur père Elhadj Caba Bah, éminent enseignant que le président n’a pas omis de magnifier l’oeuvre.
Quelques jours seulement après leur retour, elles ont bien voulu faire le point de la situation au micro de la rédaction de votre quotidien électronique, Guinéenews©, basée dans la ville métropolitaine de Montréal.« Plus qu’un simple cadre de discussion, cet évènement est pensé pour être un rendez-vous de rencontre du monde des affaires. Une occasion pour que les 2 gouvernements (guinéen et canadien) ainsi que les entreprises canadiennes et guinéennes tissent des relations d’affaires et tirent un profit mutuel des opportunités que les 2 pays offrent l’un a l’autre », précisent-elles avec une convergence qui ne souffre d’aucune ambiguïté.
C’est un projet initié par l’Association des guinéens du Canada AGC, qui réunit la diaspora guinéenne du Canada. Il traduit la volonté de la communauté guinéenne du Canada, sous le leadership de Marly, de contribuer au développement socio-économique à la fois de leur terre d’origine mais aussi de leur terre d’accueil.
Une dynamique à laquelle les plus hautes autorités de la Guinée, en l’occurrence le président Alpha Condé, le gouvernement dans son ensemble, ainsi que certaines grandes entreprises guinéennes et canadiennes, ont décidé de s’associer. « Nous sommes revenues trèssatisfaites des rencontres effectuées en Guinée ou nous avons passé 7 jours très intenses, notamment avec les représentants du secteur privé guinéen dans les secteurs miniers, agricoles et énergétiques. Cela augure de belles perspectives pour nos 2 pays », a soutenu Nadine Fougeron visiblement très enthousiaste, l’une des promotrices dudit forum.
Une relation bilatérale vielle de plus d’un demi-siècle qui a de beaux jours devant elle
Le Canada et la Guinée ont noué des relations diplomatiques le 28 mars 1962. Les mines et la francophonie sont les 2 domaines de coopération majeurs. Le développement industriel, l’agriculture l’implication de la société civile ainsi que la gouvernance démocratique complètent le palmarès avec un montant d’aide au développement dans ces secteurs qui s’est chiffrée à environ 5.4 millions de dollars il y a 4 ans, selon les chiffres officiels.
A titre indicatif, le Canada et la Guinée ont échangé sur le plan commercial à hauteur de 61.3 millions de dollars américains au sein desquels les exportations vers la Guinée comptent pour 10.5 millions et des importations vers le Canada pour 50.8 millions d’après la note conceptuelle préparée par l’association des guinéens du Canada, pour l’année 2014.
La rencontre en cours d’organisation, dans un contexte où les relations entre les deux pays semblent dormir mais, au travers de ce forum un économique augurent de belles perspectives en matière de coopération économique et diplomatique entre nos 2 pays dans une logique d’intérêt mutuel.
Un projet porté par 2 femmes leaders d’exception
Nadine et Marlyatou sont la preuve de ce que le leadership féminin d’excellence peut apporter de valeur dans la prise en main de grands enjeux en l’occurrence ici la vivification des relations diplomatiques et économiques du Canada et de la Guinée. « Notre objectif commun, Marly et moi, c’est de créer la différence avec ce rendez-vous d’affaires porté par l’Association des Guinéens du Canada (AGC) en suscitant un engagement concret dans le développement des affaires entre les 2 pays à la fin de l’évènement », adéclaré Nadine.
Elles ont un point commun, c’est cette aspiration à œuvrer au bénéfice de grandes causes. Arrivée au Canada en 1995, Marlyatou Bah, la présidente de l’AGC a acquis la culture du bénévolat dans un environnement québécois très porté par l’implication dans des œuvres visant à contribuer à l’amélioration du bien-être d’autrui et ce, sans aucune contrepartie sinon que le sentiment gratifiant d’avoir œuvré à changer quelque chose positivement. Récemment, à la faveur d’un séjour professionnel de 2 ans en Guinée, elle a apporté de la valeur au sein de l’organisation « Women in Mining » qui promeut la participation des femmes dans le secteur minier.
« J’ai souhaité inscrire mon mandat à la tête de l’association des guinéens du Canada, dans une dynamique d’innovation. Nous avons tendance à nous limiter qu’a des œuvres sociales alors que nous avons au sein de notre communauté, des compétences qui ne souhaitent qu’une chose contribuer autant que faire se peut, à la transformation positive de la Guinée. Je profite de l’occasion pour remercier toutes les énergies au-delà des membres du bureau exécutif, qui ont bien voulu associer leur temps et leur expertise dans la mise en œuvre de ce projet », nous a-t-elle confiés.
Nadine, femme d’affaires, entrepreneure et athlète, œuvre aussi dans la communauté. Elle est initiatrice de la Journée mondiale de l’Agriculture, OBNL (Organisme a But Non Lucratif) pour valoriser la personne et reconnaître l’importance de la femme en agriculture. Elle remet ses médailles (championnat du monde de triathlon) aux femmes qui œuvrent en agriculture. « Vous, agricultrices qui êtes des nourricières et non des guerrières, vous êtes essentielles à l’Humanité », disait-elle.
NF Gestion et Conseil Inc (NF), son cabinet, fournit l’appui nécessaire dans l’organisation de forum économique au Canada avec notamment la mobilisation des gens d’affaires en particulier dans le domaine agricole. Il faut savoir que la province du Québec, est très dynamique en matière agricole ce qui représente un atout pour la Guinée et ses agriculteurs en matière de coopération technique notamment.
La valeur ajoutée que Nadine et son cabinet apportent dans le cadre du forum, est un projet pour les femmes en agriculture, cadrant parfaitement avec la vision de de la Guinée. « Ce projet qui sera présenté au forum, donnera lieu à des signatures d’accords de principes entre des entreprises canadiennes et celles de la Guinée. Des réunions de travail intenses sont déjà intervenues à Conakry notamment avec la ministre de l’Agriculture de la Guinée, Hadja Mariam Camara et des membres de son cabinet, pour ce qui est du secteur agricole. NF assurera le suivi post-forum. NF s’est collé à l’image de l’AGC, une diaspora engagée voulant contribuer à l’émergence de son pays », a précisé Mme Fougeron.
Quelles retombées pour la Guinée ?
Le financement d’un montant de 100 mille dollars pour organiser le forum, jugé « dérisoire » pour un État par un ministre de la République et sans lequel, on ne saurait parler de rencontre entre hommes d’affaires guinéens et canadiens tarde à être bouclé. A cet effet d’ailleurs, Tibou Kamara, puisque c’est lui qui l’avait dit de façon pragmatique, a jugé opportun d’en parler au premier ministre qui, de son côté, a promis d’œuvrer à trouver les sponsors vu que le gouvernement ne finance pas pour permettre au comité d’organistation à bouclee le financement. Bref, Marly Bah reste optimiste car partout elle et Nadine sont passées a Conakry, les autorités et autres hommes d’affaires ont promis fermement de participer au financement. Le président lui-même a promis de s’engager résolument pour la tenue de ce forum économique dans l’intérêt des deux pays.
Voir une association de la diaspora guinéenne prendre l’initiative d’un tel évènement est salutaire dans la mesure où elle s’inscrit en droite ligne de ce que le gouvernement souhaite en matière de développement du Partenariat Public-Privé comme moteur du développement économique de la Guinée.
Cette initiative aura certainement un effet d’inspiration pour les autres structures guinéennes dans d’autres pays à travers le monde, afin qu’elles s’impliquent davantage au développement socio-économique de la Guinée.
Sur le plan agricole, affirment les promotrices du forum, un tel évènement offre une opportunité de jouir des effets d’expériences du Canada en matière de gestion d’exploitation agricole productive et rentable. Des projets de coopération pourront être ficelés au grand bénéfice de nos agriculteurs notamment les petits exploitants, sur les enjeux de la mécanisation mais aussi de l’administration d’une entreprise agricole durable et croissante.
Sur le plan minier, les 2 pays disposent à ce niveau également des atouts. Le Canada est un acteur important du secteur et la Guinée disposent d’opportunités d’investissement encore non exploité. Il appartiendra au Ministère des mines ainsi qu’à l’Agence de Promotion des Investissements Privés d’attirer l’attention des investisseurs canadiens en ce sens, en conformité avec la volonté du gouvernement de faire du secteur minier guinéen, un moteur de développement économique durable à travers notamment la concrétisation de la politique nationale du contenu local.
Enfin au plan énergétique, la Guinée et le Canada partagent une caractéristique géographique commune : la présence massive de cours d’eau. Le Gouvernement guinéen mené des efforts considérables en matière de réduction de la fracture énergétique de la Guinée. Il y a à ce niveau une grande opportunité pour les capitaux canadiens notamment dans le développement de la fourniture d’Energie qualifiées de « propres » dans un contexte marqué par le réchauffement climatique.