Dans un communiqué rendu public hier mercredi 2 mai, le Fonds Monétaire International a confirmé l’atteinte d’un accord au niveau des services sur la première revue de l’accord Fonds Elargie de Crédit (FEC) entre la Guinée et l’institution multilatérale de Washington.
Dans un language bureaucratique mesuré, Mme Giorgia Albertin, cheffe de mission du FMI pour la Guinée, a commencé par une déclaration d’un constat positif et encourageant :
« L’économie guinéenne connaît une croissance rapide, portée par un secteur minier dynamique. La croissance réelle était supérieure à 8% en 2017 et devrait atteindre environ 6 % en 2018. L’inflation globale est augmentée à 8,9 % en 2017. La forte augmentation des exportations minières a réduit les déséquilibres extérieurs en 2017. La hausse des investissements étrangers directs dans le secteur minier s’est poursuivie. Les réserves de change se sont renforcées. »
En effet, le corridor Boké – Boffa a fait l’objet d’investissements massifs dans le cadre de la production et de l’exportation de la bauxite brute, la Guinée devenant le premier fournisseur de la Chine en 2017 grâce aux opérations de la CBG, SBK et SMB-WAP. Les prochaines entrées en opérations des mines de la GAC, Chalco à Boké, Alufer à Bel-Air feront de la Guinée un leader incontestable dans l’exportation de la bauxite brute dont le sous-sol regorge plus du quart des réserves mondiales.
Toutefois, la cheffe de mission tempère cette bonne nouvelle en pointant du doigt des insuffisances évidentes
« Les déséquilibres budgétaires de la Guinée se sont détériorés au cours de 2017, enregistrant un déficit budgétaire de base de 1,1% du PIB. Des investissements publics plus importants que budgétisées et des recettes insuffisantes ont affaibli la performance budgétaire », note-elle.
Pratiquement, le gouvernement guinéen est accusé d’avoir dépensé beaucoup plus qu’il ne perçoive. Et le FMI semble ne pas apprécier cet état de fait et donne des leçons de gestion macro-économique au gouvernement.
« Préserver la stabilité macroéconomique et générer une croissance plus inclusive et plus partage est nécessaire pour réduire la pauvreté et améliorer le niveau de vie de la population.
Améliorer la situation budgétaire de la Guinée est nécessaire pour préserver la stabilité et la viabilité à moyen terme. Accumuler davantage de réserves de change renforcera les réserves externes. Le maintien d’une politique monétaire prudente sera une clé afin de maintenir une inflation modérée », suggère le fonds monétaire international.
Le FMI recommande une « austérité » en critiquant les subventions au secteur de l’électricité qui est devenu un élément sensitif auprès des populations comme le témoignent les « révoltes du courant » qui agitent périodiquement le pays notamment dans la capitale et les zones minières du nord ouest de la Guinée.
« Mobiliser des recettes fiscales additionnelles, maîtriser les dépenses non prioritaires, éliminer progressivement les subventions à l’électricité non ciblées tout en renforçant les filets de sécurité sociale est nécessaire pour réduire les déséquilibres budgétaires de la Guinée. »
Le FMI critique aussi l’endettement public nommant sans le citer les emprunts massifs auprès de la Chine.
« L’augmentation des investissements publics dans les infrastructures doit être équilibrée avec la préservation de la stabilité et de la viabilité de la dette à moyen terme. Une stratégie d’emprunt prudente et le renforcement des finances publiques et de la gestion des investissements seront essentiels », indique le communiqué.
Finalement, le FMI égratigne le gouvernement sur la gouvernance et l’exclusion économique sources potentiels d’instabilité financière.
« L’amélioration du climat des affaires et de la gouvernance ainsi que l’inclusion financière sont essentielles pour favoriser le développement du secteur privé et parvenir à une croissance plus partagée », note-t-on.
Par ailleurs, Guinéenews© avait révélé – en exclusivité – les griefs du FMI lors de son passage à Conakry début avril 2018.
Cet accord au niveau des services du FMI a été atteint sur la première revue du programme de politique économique et de reformes appuyé au titre de la Facilité Elargie de Crédit (FEC) sur trois ans.
Sous réserve de l’approbation de la direction du FMI, l’accord établi au niveau des services du FMI devrait être soumis au Conseil d’administration du FMI en Juin 2018.