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Le cousinage à plaisanterie : un rempart ancestral contre les conflits sociaux

En Guinée, il existe une tradition qui unit les communautés à travers le rire : la parenté à plaisanterie. Un héritage culturel qui apaise les tensions et renforce la cohésion sociale.

Mais cette tradition ne se limite pas à la Guinée. Aboubacar Mandela Camara, sociologue, rappelle que cette institution existait avant les États modernes créés après la colonisation : « Le Mali, le Sénégal, la Guinée, la Sierra Leone, ce sont des micro-États qui ont été créés à la suite de la colonisation. Le cousinage à plaisanterie existait déjà bien avant l’avènement de Soundjata Keita au Manding. »

Un outil de paix et de cohésion sociale

Institutionnalisé dans la Charte de Kurukanfuga, après la bataille de Kirina, le cousinage à plaisanterie est devenu un véritable outil de régulation sociale. « Le but ultime, c’est la tolérance. Les principes véhiculés par le cousinage à plaisanterie, c’est la tolérance, le respect de l’autre, la bienveillance, le vivre ensemble », insiste le sociologue.

Dans une société où les tensions sont inévitables, ce mécanisme permet de prévenir et d’apaiser les conflits. L’exemple de la relation entre Peuls et Diakankés, souligne Aboubacar Mandela Camara, illustre parfaitement cette réalité : « Partout où un Peul et un Diakanké se retrouvent, c’est la bienveillance. Même dans les affaires, même s’il y a un qui est fâché, directement, l’autre lui rappelle qu’avant tout, c’est son cousin à plaisanterie. Et ils commencent les chahuts. »

Transmettre cette richesse aux nouvelles générations

Pour Ibrahima Mothema Barry, enseignant, cette pratique devrait être valorisée et enseignée dans les écoles : « Il faut enseigner cela dans les écoles pour montrer que nous sommes tous une famille. Moi je suis Barry, mais chez les Malinkés je suis Keita, et Soumah chez les Soussous. Cela me permet de chahuter avec toutes les communautés. »

En inculquant ces valeurs dès le plus jeune âge, la société guinéenne peut non seulement perpétuer une tradition porteuse de sens, mais aussi consolider la paix et l’unité nationale. Le cousinage à plaisanterie, loin d’être un simple jeu verbal, s’affirme comme un patrimoine immatériel à protéger et à transmettre pour les générations futures.

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