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Le chronogramme, menace de la Cedeao, rapport des Assises, les petites confidences de Bah Oury (entretien)

Dans un entretien téléphonique qu’il a bien voulu accorder à votre quotidien Guinéenews, le président du parti de l’Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée (UDRG), Amadou Oury Bah communément appelé Bah Oury est revenu sur l’actualité sociopolitique nationale de l’heure. Dans cette entrevue, aborde sans langue de bois les questions liées à la proposition de chronogramme faite par la junte au pouvoir, à la menace de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et au rapport provisoire de Conseil National des Assises (CNA) qui vient d’être transmis aux nouvelles autorités. Lisez plutôt !

Guinéenews : la junte militaire au pouvoir depuis le 5 septembre 2021 vient de faire une proposition de la durée de la transition fixée à 39 mois. Qu’en pensez-vous ?

Bah Oury : une crispation s’est cristallisée autour de la durée de la transition dès au départ. La CEDEAO en fixant un délai irréaliste de 6 mois pour un retour à l’ordre constitutionnelle, n’a pas agi dans un sens constructif. Des partis politiques, non des moindres ont enfourché la position de l’organisation régionale pour demander une durée n’excédant pas douze à quinze mois. Le CNRD de son côté, s’est muré alors pendant 7 mois dans le silence. Cette situation a alors alimenté des rumeurs pour décrédibiliser le parcours de la transition. Or en toute objectivité, la Guinée a besoin d’une transition réfléchie, planifiée qui doit œuvrer à limiter les risques d’un retour en arrière. D’où la nécessité de doter l’Etat des instruments structurels lui permettant de changer la gouvernance et de se munir d’un système électoral fiable et solide. En effet, la transition guinéenne actuelle a une triple mission :

-Engager le processus de « State building » ou refondation de l’Etat à travers le recensement général de la population d’une part et la remise en place du système électoral, d’autre part. Cette étape devra permettre de construire le fichier d’Etat civil, la délivrance à tous les citoyens d’une carte d’identité digitalisée en sus de la carte électorale. Aucun Etat qui ne dispose pas de ces instruments n’est viable à terme dans cet environnement globalisé de la révolution numérique.

-Restaurer la notion de service public qui, au préalable, passe par la sanctuarisation et de la récupération du patrimoine de l’Etat, d’une part et de la lutte contre les détournements des deniers publics, de l’autre.

-Enfin la gestion du processus politique devant restaurer l’ordre constitutionnelle (constitution, référendum, élections locales et nationales) qui passe par, au moins, l’organisation de 5 consultations électorales.

La réalisation de cet agenda nécessite du temps. C’est la raison pour laquelle dés au début, nous avions proposé 30 mois comme durée de la transition. Par conséquent au regard des 10 étapes du chronogramme, la proposition du CNRD de fixer la durée à 39 mois est une base réaliste susceptible d’être aménagée à la marge pour satisfaire toutes les parties.

Guinéenews : est-ce que, à votre avis, ce chronogramme peut-il être qualifié de consensuel ?

Bah Oury : les caractéristiques des partis politiques guinéens et surtout la qualité disparate de son élite politique rend difficile les débats. Toutefois, un consensus n’est pas donné d’avance, il faut travailler pour son émergence et sa viabilité. Cela passe par la mise en force du cadre de concertation politique qui devra veiller à la qualité du travail de la mise en œuvre du chronogramme. Ainsi, il est essentiel d’avoir un regard sur les cahiers de charges, les systèmes ou les logiciels qui seront préconisés afin d’être sur un standard international incontestable permettant des évolutions futures des applications informatiques retenues. L’enjeu se situe plus à ce niveau qu’à celui de la durée (…).

Guinéenews : que pensez-vous de la menace de la CEDEAO contre la Guinée ?

Bah Oury : l’attitude de la CEDEAO doit prendre en compte le principe de réalité pour adapter son action. Le contexte actuel est propice à l’entente. L’organisation régionale devra gérer les transitions de la Guinée et du Burkina avec doigté et efficacité pour éviter des contrecoups désastreux pour elle-même.

Guinéenews : étant membre du Comité National des Assises, que peut-on retenir de votre rapport provisoire transmis au président de la Transition ?

Bah Oury : le rapport provisoire a été remis le 29 avril dernier. Nous sommes en train de peaufiner le rapport final afin de le remettre de manière solennelle dans les meilleurs délais.

Une interview réalisée par Sékou Sanoh

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