À la fleur de l’âge, quand certains rêvent de récréation, eux vivent pour la création. Ces adolescents ont troqué les cahiers contre les copeaux, les salles de classe contre l’odeur du bois frais. Menuisiers avant l’heure, ils sculptent leur avenir avec des mains d’artiste. Mais d’où leur vient cette passion ? Comment vivent-ils ce choix hors des sentiers battus ? Guinéenews.org est parti à la rencontre de ces jeunes talents qui bousculent les codes en préférant l’établi aux bancs de l’école.
Des mains d’artiste, une maturité précoce
Ils ont à peine 15 ans et manient rabots et scies comme des professionnels. Dans cet atelier de menuiserie, des gestes précis, des visages concentrés : une scène qui tranche avec l’image traditionnelle de l’adolescence.
Alseny Fofana, ponçant une planche avec la précision d’un orfèvre, se confie : « J’allais à l’école, mais je n’aimais pas ça. Je n’entrais même pas en classe. Depuis mon village, je savais que les études n’étaient pas faites pour moi : je voulais travailler. Mes parents ont fini par céder, en m’amenant à l’atelier tout en insistant pour que poursuive ma scolarité. J’ai dit non, je n’aime pas l’école. »
Pour lui, la révélation est venue dans l’odeur du bois et le tranchant des outils.
« Un jour, alors que je ramassais des copeaux ici, le maître m’a remarqué. Il m’a demandé : Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Je lui ai répondu que j’aidais ma tante à vendre du poisson. Alors, il m’a proposé : ‘Viens demain, je t’apprendrai la menuiserie.’ »
Aujourd’hui, Alseny fabrique lits et armoires, et assure être financièrement indépendant.
« Beaucoup de mes amis, avec qui je faisais les quatre cents coups, m’ont suivi dans ce métier. D’autres sont restés dans le mauvais chemin… Moi, je veux devenir comme mon maître : quelqu’un de respecté. »
« Prenez le métier au sérieux » : l’appel d’un jeune prodige
À seulement 13 ans, Mahmoud Touré compte déjà parmi les espoirs de l’atelier. D’une voix sereine, il lance un message à sa génération : « Je demande aux jeunes de mon âge de se remettre en question. Qu’ils nous prennent comme exemple, qu’ils sortent des chemins de travers. Même s’ils ne le font pas pour eux, qu’ils le fassent pour leurs mères. »
Un maître engagé pour l’avenir des jeunes
Leur mentor, lui, voit plus loin. « Ma mission est d’offrir un avenir à ces enfants livrés à eux-mêmes. Nous ne pouvons pas rester indifférents en voyant l’avenir du pays abandonné. Même si nous n’en tirons rien ici-bas, Dieu nous le rendra. Le plan de Dieu, c’est l’entraide. »
Ces jeunes artisans ont choisi l’établi plutôt que les terrains vagues ou les jeux vidéo. Loin des clichés sur leur génération, ils incarnent déjà l’avenir de l’artisanat. Et si le vrai diplôme, c’était de trouver sa vocation ?