Entre l’humanitaire et l’interminable grand tirage d’air de migrants qui suffoque et étouffe, le choix de Chimène est plus supportable que celui de l’Europe, championne de la démocratie et des droits de l’homme et qui impose à tous les autres pays que tous les hommes sont nés égaux en droit et en devoir. (Crédit-Photo:TV83.info)
L’Aquarius, le bateau humanitaire affrété par SOS-Méditerranée et Médecins sans Frontières, la bouée de sauvetage pour les personnes qui fuient leur pays, parce que leurs droits sont bafoués, pour rejoindre le havre de la démocratie et des droits de l’homme, joue à mettre en évidence les faiblesses de la démocratie. La première fois, en juin dernier, il avait eu toutes les difficultés à trouver un port d’accueil. L’Italie et Malte n’en voulaient pas, c’est l’Espagne qui l’avait reçu pour dispatcher les 641 migrants à son bord en Europe. Le revoilà, ce 13 août avec une autre cargaison de 141 migrants, que personne ne veut. Il est actuellement bloqué au milieu de nulle part, dans les eaux internationales de la Méditerranée. Il finirait tôt ou tard par être refusé d’accostage dans un port de ce havre de paix.
L’Europe étouffe, suffoque et n’en peut plus. La question des droits de l’homme et de la démocratie, on les mettra de côté.
Le prosélytisme forcené de la démocratie et des droits de l’homme sous tous les cieux et climats a ses exigences et ses contraintes. Les systèmes de gouvernance au Sud sont contraires à ceux du Nord, là où on sait que c’est le chien qui a l’habitude de la laisse, pas le loup. Au Sud, il faut être loup pour survivre, la lycanthropie y est généralisée, les plus forts dévorent les plus faibles, comme dans la jungle.
Pousser les faibles à s’insurger contre les mauvaises gouvernances, sous prétexte que tous les hommes sont nés égaux en droit et en devoir, c’est les exposer à tous les maux qui les poussent à fuir. Ne pas les recevoir et accepter dans ces conditions, c’est faire comme celui qui vous conseille d’acheter un gros cheval et qui ne vous aide pas à le nourrir, vente sans garantie, pas de service après-vente.
Le bras de fer entre le Canada et l’Arabie Saoudite ne profite pas à l’activiste des droits de l’homme et à son frère, comme ce fut avec Liu Xiaobo. Ceux qui l’ont poussé ce dernier à s’insurger contre le gouvernement de son pays n’ont pu rien pour le sauver, pourquoi s’obstiner sur la même voie ?
Si l’Aquarius s’en sort cette fois, rien ne dit que la prochaine sera de même. Déjà l’Algérie et le Maroc n’en veulent pas, aucun pays d’Europe n’est preneur. Il faudrait les diriger vers la Libye, peut-être ? La question est de savoir si les migrants accepteront d’y être dépotés…
Enfin, à l’extrême, l’Aquarius ne risque pas d’être interdit, même de mouillage, en Méditerranée ?