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Lancement d’ANIES : Le discours du PM Kassory Fofana à Tougué

Depuis quelques jours, le premier ministre Kassory Fofana séjourne au Foutah dans le cadre du lancement du programme de l’ANIES (agence nationale d’insertion économique et sociale) pour lutter contre la pauvreté dans les zones rurales. Après l’étape mouvementée de la commune urbaine de Labe mercredi 20 novembre, lui et sa délégation se sont rendues à Tougué jeudi 21 novembre. Nous vous proposons l’intégralité du discours qu’il a tenu devant les populations mobilisées pour la circonstance. Lisez !

TOUGUÉ, ON DJARAMA !

Excellence Monsieur le d’État,

Excellence Mesdames et messieurs les Ministres,

Monsieur le Gouverneur,

Monsieur le Préfet de Tougué,

Mesdames et messieurs les notables civils et religieux

Monsieur le Coordinateur général de l’Agence nationale d’inclusion économique et sociale (ANIES), Conseiller Spécial chargé de l’économie et des finances à la Primature ;

Madame la Directrice générale de l’ANIES ;

Mesdames et messieurs les membres du cabinet de la Primature ;

Distingués invités, chères populations de Tougué ;

C’est avec un plaisir immense que je suis aujourd’hui dans la Préfecture de Tougué.

Je voudrais remercier les autorités préfectorales, de Labé et de Tougué, les élus et responsables locaux, les autorités religieuses, les femmes et les jeunes de la région de Labé, pour la généreuse hospitalité réservée à ma délégation. Je remercie également les cadres ressortissants de la Préfecture de Tougué, qui n’ont ménagé aucun effort pour mon accueil aujourd’hui dans leur ville.

Je le fais au nom du Président de la République, en mon nom personnel et en celui de l’ensemble duGouvernement.

Mesdames et messieurs,

Chers invités,

Si je suis ici aujourd’hui à Tougué, c’est pour délivrer un message d’espoir, de responsabilité, mais aussi de vertu.

Dans ma déclaration de politique générale, le 27 juin 2018 devant l’Assemblée nationale, je prenais un engagement fort, qui, à l’époque, a pu apparaitre illusoire à certains.

Je m’engageais, en effet, devant les élus de la nation et le peuple de Guinée tout entier, à faire du partage de la prospérité la clé de voûte de l’action économique gouvernementale.

Cet engagement, pourtant, découle d’une rationalité économique et sociale difficilement contestable.  

Malgré nos performances économiques sur la période récente et la robustesse de notre croissance, les conditions de vie de nos populations demeurent difficiles. Le dynamisme économique de notre pays ne semble pas avoir permis d’avancées notables en termes de réduction de la pauvreté et des inégalités, qui se sont aggravées :

60% de nos concitoyens vivent en situation de pauvreté. Dans les zones rurales, il s’agit même de 65% de la population ;
nos enfants sont mal nourris, grandissent mal et ont une durée de scolarisation plus faible que dans les pays voisins ;
les programmes d’aide aux plus vulnérables et de lutte contre l’exclusion sociale restent modestes dans notre pays.

Cette situation, pourtant, est en décalage par rapport aux richesses naturelles dont est dotée la Guinée.

Mesdames et messieurs,

Chers invités,

La croissance économique ne se mange pas. Elle ne nourrit pas non plus les Guinéens. Ce qui intéresse nos populations, ce sont les fruits de la croissance économique.

C’est pour cette raison que je me suis engagé, en accord avec le Président de la République, à créer une Agence nationale d’inclusion économique et sociale (ANIES).

Avant de vous présenter cette politique publique innovante, je ne saurais souligner ici combien je mesure ce que cela signifie d’être pauvre.

Si on regarde mon parcours, on peut considérer que j’ai une vie bien remplie. Mais je n’oublie pas d’où je viens et qui je suis. Je suis un fils d’imam venant d’une famille modeste, et mon destin était de maitriser le coran et de travailler dans les champs.

Rien, absolument rien, ne me destinait à aller à « l’école des blancs », à devenir plusieurs fois ministre de la République et aujourd’hui Premier ministre.

Le premier devoir d’un homme politique, c’est de dire la vérité. Et la vérité, c’est que je sais, dans mon âme et dans ma chair, ce que cela signifie d’être pauvre, parce que je suis moi-même issu de la pauvreté.

C’est parce que je sais ce que recouvre la pauvreté, que je mesure l’urgence pour le Gouvernement de prêter une attention particulière à la question d’un meilleur partage de la prospérité.

Que chaque ménage résidant en Guinée, où qu’il soit, sache qu’il fait partie de la communauté nationale. Qu’il mérite une part, aussi petite soit-elle, de la richesse créée en Guinée.

C’est précisément pour cette raison que le Président de la République a décidé d’allouer 15% des recettes fiscales minières à l’ANAFIC, pour favoriser un développement à la base des communautés.

C’est également pour cette raison que l’Agence Nationale d’Inclusion Économique et Sociale (ANIES) a été créée, pour répondre aux nombreux défis de l’inclusion économique, sociale et financière.

Cette agence est une innovation guinéenne. C’est aussi une première en Afrique de l’Ouest, car elle n’a pas d’équivalent. Elle contribuera fortement à la réduction de la pauvreté en Guinée et constituera un vecteur puissant de redistribution des fruits de la prospérité économique.

Parce que la pauvreté a atteint des niveaux insupportables en Guinée, nous avons, avec l’ANIES, des objectifs ambitieux. À la création de l’ANIES en janvier 2019, notre objectif était de consacrer l’équivalent de 2% de PIB, c’est-à-dire de la richesse nationale, à la réduction de la pauvreté dans notre pays.  

À date, cet objectif a été atteint. Nous avons mobilisé plus de 179 millions de dollars américains, soit plus de 2,8% du PIB de la Guinée.

Notre nouvel objectif est d’atteindre 4 % de PIB d’ici 2025, que nous comptons orienter vers les 40 % les plus pauvres de la population guinéenne, soit environ six (6) millions de Guinéens.

Toutes ces ressources vont être utilisées pour venir en aide à nos populations. L’ANIES va réaliser des transferts monétaires, faire participer des jeunes et adultes à des travaux à haute intensité de main d’œuvre, mais aussi aider les personnes pauvres dans le secteur de l’agriculture (qui concentre plus de la moitié de la population pauvre), dans l’énergie et aussi dans l’entreprenariat.

Mesdames et messieurs,

Distingués invités,

Populations de Tougué,

Le message que je voudrais livrer est qu’aujourd’hui marque le début de l’action gouvernementale visant à établir un lien clair entre la richesse créée dans notre pays et la réduction effective de la pauvreté en Guinée.

Le déploiement de l’ANIES va se faire en deux phases. Une première phase expérimentale va porter sur les préfectures de Gaoual, Forécariah, Kindia, Beyla, Dabola, Kérouané, Kouroussa, Mamou et Tougué, ainsi que la zone spéciale de Conakry.

Cette expérimentation porte sur un échantillon de 400 000 personnes dans les préfectures que je viens de citer. Chaque ménage éligible percevra environ 250 000 francs guinéens par mois, pour l’aider à atténuer les effets de la pauvreté.

Pendant ces six (6) mois d’expérimentation, l’ANIES proposera également aux jeunes et adultes valides de prendre part à des travaux à haute intensité de main d’œuvre contre une rémunération journalière de 35 000 francs guinéens.

Le choix de ces territoires a été opéré sur des bases économiques et sociales, à travers l’indice de pauvreté (multidimensionnel).

Ainsi, avec un taux de pauvreté de 66,2%, Tougué est la préfecture la plus pauvre de la région administrative de Labé. C’est donc ici, dans ce magnifique territoire qui a parfois le sentiment justifié d’être laissé pour compte, qu’il nous est apparu souhaitable de lancer l’Agence nationale d’inclusion économique et sociale.

Nous serons demain à Mamou centre pour également lancer l’ANIES.

Jeunes et femmes de Tougué, soyez rassurés que le Gouvernement ne vous oublie pas. L’inclusion économique et sociale commence par Tougué.

Cette inclusion économique et sociale débute avec l’identification des personnes à aider. L’Institut national de la statistique (INS), qui est le partenaire de l’ANIES, se rendra dans les ménages de Touguépour collecter les données économiques et sociales qui nous permettront de définir le niveau de pauvreté. Ensuite, l’entreprise IDEMIA, un autre partenaire de l’ANIES, viendra prendre les données biométriques (les empreintes digitales, notamment) afin de sécuriser les identités.

Mesdames et messieurs,

Populations de Tougué,

Voici donc la raison de ma présence aujourd’hui à Tougué.

L’inclusion économique et sociale est un impératif politique, économique et sociale. L’Agence nationale d’inclusion économique et sociale est la priorité des priorités de l’action économique gouvernementale, suivant en cela les directives du Président de la République.

Je voudrais dire aux populations de Tougué, en particulier aux femmes et jeunes de Tougué, que l’inclusion commence par le Fouta.

Pour partager la prospérité, réduire effectivement la pauvreté, vous pouvez compter sur nous.

Pour favoriser l’inclusion économique et sociale, renforcer la cohésion nationale et réduire les frustrations et les inégalités sociales, vous pouvez également compter sur nous.

Vive la cohésion sociale et l’unité nationale !

Vive l’ANIES et le partage de la prospérité !

Vive la Guinée !

Je vous remercie.

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