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L’Accord Kunming-Montréal pour sauver la diversité biologique sur la planète

Par Youssouf Sylla, Juriste.

La 15ème Conférence des Parties (COP15) de la Convention sur la diversité biologique, tenue sous la présidence de la Chine, successivement à Kunming (Chine) en 2021 et à Montréal (Canada) en 2022, vient de s’achever par la signature, le 19 décembre dernier par 196 Etats, de l’Accord Kunming-Montréal. Il s’agit là d’un cadre mondial destiné à stopper, d’ici 2030, le déclin de la biodiversité et du milieu naturel, par la conservation de 30% des milieux terrestres et marins de la planète. L’Accord Kunming-Montréal est composé de 23 cibles et chaque cible est déclinée en objectifs chiffrés. Les cibles portent, entre autres, sur la réduction à « près de zéro », la perte des aires très riche en biodiversité (cible 1), la gestion soutenable des espèces sauvages (cible 9), la restauration de 30% des milieux naturels dégradés (cible 2), l’élimination de la pollution par le plastique (cible 7), et l’accroissement des milieux bleus et verts dans les milieux urbains (cible 12).

Le cadre financier

La question du financement des objectifs chiffrés des cibles de l’Accord a failli conduire les négociations entre les Etats développés et les Etats en développement dans l’impasse. Les Etats en développement ont réclamé dès 2023, 100 milliards de dollars US par an pour être en mesure de mettre en œuvre l’Accord. Face à la réticence des pays en développement sur ce montant, 70 pays conduit par le Brésil ont quitté la salle des négociations avant de revenir sur les meilleurs sentiments, grâce au rôle de médiation joué par la présidence chinoise.

Un consensus fut enfin trouvé autour du cadre financier. Sur un objectif d’investissement d’au moins 200 milliards de dollars US par an d’ici 2030 pour protéger la biodiversité dans le monde, les pays développés s’engagent à verser 20 milliards par an aux pays en développement d’ici 2025, et 30 milliards d’ici 2030 (cible 19). Malgré ses vives protestations contre ce compromis, la RD Congo a signé l’Accord, qualifié d’ailleurs par Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies de « Pacte de paix avec la nature ».

Un Accord qui convient à la Guinée

A son tour, la Guinée qui a ratifié le 7 mai 1993 la Convention sur la diversité biologique adoptée lors du sommet de la terre tenu en 1992 à Rio de Janeiro (Brésil), est aussi signataire de l’Accord Kunming-Montréal. Cet Accord représente pour elle une grande opportunité pour engager des actions vigoureuses en faveur de la conservation et de la restauration de son écosystème.  Selon le sixième rapport national de la Convention sur la diversité biologique de la Guinée (décembre 2018), les principaux groupes d’écosystèmes identifiés en Guinée sont « les écosystèmes terrestres (forêts denses humides, forêts denses sèches et galeries forestières, savanes, montagnes, plantations forestières, agrosystèmes et les écosystèmes bâtis), les écosystèmes d’eaux douces (1 161 cours d’eau se répartissant dans 23 bassins fluviaux, dont 14 bassins fluviaux internationaux), les écosystèmes côtiers et marins (forêts claires côtières, mangrove, les écosystèmes insulaires et marins) et les écosystèmes construits (villes/villages, industrie, zones d’exploitation minière).

En tant que pays en développement, la Guinée doit s’engager à remplir les critères d’éligibilité aux fonds prévus dans la cible 19 de l’Accord pour pouvoir arrêter, d’ici 2030, le déclin de sa biodiversité et de son milieu naturel.

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