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Labé : le récit pathétique d’une femme dont le mari a disparu à la veille des législatives du 22 mars

Parti réclamer une dette en février 2020 à Kankan, Lamine Balaga Diaby est introuvable depuis le 17 février 2020, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre sa famille à Labé. Depuis cette date et malgré toutes les démarches menées par sa famille, aucune information n’a filtré sur le sort de ce mari de deux femmes et père de 8 enfants. Sa première femme Dianken Diakaby, a du mal à tourner la page et sollicite l’accompagnement de toutes les bonnes volontés pour traverser cette pénible et douloureuse épreuve.

« Il s’agit de mon mari Lamine Balaga Diaby. Il quittait Kankan le 17 février 2020 pour rentrer ici à Labé, afin que l’élection du 22 mars le trouve en famille, parce que les manifestations ne faisaient que se multiplier. Ce jour, on a communiqué lui et moi à 17 heures, et c’était un lundi, alors qu’il était dans un village appelé Kouroudougou. Je lui ai demandé s’il avait quitté Kouroudougou, il m’a répondu par l’affirmative, qu’il est en route pour Labé. Quelque temps après, aux environs de 19 heures, il a appelé un de ses amis pour lui signifier qu’un véhicule personnel l’a embarqué et qu’il doit le déposer à Mamou mais que son téléphone est pratiquement déchargé, de ne pas s’affoler, quand ça ne passe plus. Tout cela s’est passé le lundi », confie Dianken Diakaby, la femme du disparu, à notre reporter.

Et de poursuivre : « mardi aux environs de midi, l’un de ses amis m’a appelé pour me demander si mon mari était arrivé, j’ai dit non toujours pas. Après j’ai tenté de le joindre en vain. J’ai aussitôt été au magasin mais ils m’ont tous demandé de garder patience car il se peut qu’il (le véhicule) soit en panne et que son téléphone n’a plus de batterie. Mais je me suis dit que même si son téléphone est éteint, il peut trouver une solution pour contacter sa famille. Mais ils m’ont convaincu du contraire pendant plusieurs jours. Au 6éme jour, j’ai été voir ses frères. Ces derniers m’ont demandé de ne pas informer ma famille car selon eux mon mari n’a rien. C’est ainsi  que j’ai haussé le ton le dimanche qui a suivi, en disant que s’ils ne trouvent pas de solution, eux; frères et amis de mon mari je vais informer ma propre famille », a-t-elle rappelé.

Face à la négligence de ces derniers, la femme a fini par exécuter sa menace.

« J’ai appelé mes frères (grand et petit), ils ont quitté Conakry pour venir voir alors qu’on était déjà au 9ème  jour. Donc, on a été à la police, on a été à la gendarmerie où ils nous ont fait savoir qu’on a trop retardé pour déclencher les enquêtes. Donc, mon frère qui est à Kissidougou a appelé la direction d’Orange Guinée pour essayer de tracer le numéro. Celui-ci lui a dit d’aller à la DPJ pour lancer l’enquête. A la DPJ, on nous a demandé de l’argent afin qu’ils puissent mener les enquêtes en localisant le numéro mais on n’avait pas les moyens. On est resté deux mois dans cette situation. Au début le numéro était opérationnel car lors d’une nuit j’ai appelé, quelqu’un a décroché ; j’ai dit Diaby il m’a dit que ce n’est pas Diaby qu’il a ramassé le téléphone et il a coupé. J’ai rappelé sans succès« , déclare la dame.

« Ensuite, mon voisin aussi a rappelé, il a décroché tout en insistant qu’il a ramassé le téléphone. On a procédé ainsi pendant une année, on appelle parfois ils répondent parfois ils laissent sonner ou ils éteignent ; mais la puce est restée opérationnelle. C’est une seule semaine qu’ils ont enlevé la puce. A la DPJ on nous a demandé de payer de l’argent à Conakry qu’ils ont une idée de là ou le numéro se trouve vers Kankan, qu’ils vont déployer leurs équipes pour faire l’enquête. Mais on n’avait pas les moyens de les déplacer. C’est ainsi qu’on nous a dit qu’un policier va faire les enquêtes à Kankan mais sans gain de cause », enchaîne-t-elle.

Et contre toute attente, Dianken Diakaby a été informé par l’opérateur de téléphonie que le numéro de son mari a été attribué à une autre personne. Chose qui a provoqué sa colère. « Comme j’ai été au siège de Orange Labé et qu’on m’a fait savoir que le numéro a été attribué à une autre personne, un matin j’ai discuté avec celui qui a le numéro de mon mari et j’ai tout enregistré. Mais orange m’a dit qu’après trois mois de non utilisation de la puce, ils vont récupérer pour l’attribuer à une autre personne. J’ai demandé comment ils peuvent faire ça alors que dès après la disparition de mon mari on a alerté la DPJ et la direction générale de Orange Guinée ; j’ai dit comment pouvez vous attribuer le numéro à une autre personne, alors que celui qui l’avait est introuvable ? Ils m’ont réitéré qu’après trois mois, ils sont obligés d’agir ainsi. Depuis ça le numéro est fermé et ça fait au moins 9 mois car je tente le numéro à tout moment ; je me réveille même à 03 heures du matin pour tenter de joindre le numéro. C’est ce matin (jeudi) que ça a sonné et c’est un soussou qui m’a répondu en me soulignant que je me suis trompé », ajoute-t-elle.

Sur les conditions de vie de la famille, madame témoigne : « j’ai 7 enfants et ma coépouse 1, on se débrouille. Mon mari vendait du Soumbara. Ça fait au moins 40 ans qu’il faisait la navette entre Labé – Kankan. Cette fois ci il n’était pas parti pour vendre mais pour réclamer une dette. Celui qui l’héberge à Kankan avait sa maman hospitalisée à l’hôpital. Je pense qu’il n’a pas récupéré l’argent car son hôte m’a informé lui avoir demandé de lui montrer celui qui lui doit de l’argent, afin qu’il facilite le processus mais sans succès », soutient Dianken Diakaby.

Désespérée, la femme a voulu lancer cet appel aux nouvelles autorités du pays.  « Je demande à tout le monde de m’aider à avoir des nouvelles de mon mari. Je demande aux nouvelles autorités de m’aider s’il est en vie ou s’il est décédé, afin que je fasse le deuil. L’entretien des enfants ne me préoccupe pas, je pourrais m’en sortir mais j’aimerai avoir des nouvelles de mon mari. A ce jour, même si tu donnes un bonbon aux enfants, ils disent merci et ajoutent que Dieu nous ramène notre papa », a-t-elle conclu en sanglots.

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