A la tête de la délégation gouvernementale qui séjourne depuis quelques jours en Moyenne Guinée, le général Bourema Condé, ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation a déploré et condamné les violences enregistrées au mois de janvier dernier à Labé. Il a aussi annoncé l’ouverture d’une enquête malicieuse pour situer les responsabilités. Il l’a fait savoir ce mercredi 05 février 2020 au cours d’une rencontre avec les sages de la région administrative de Labé
« Cette mission et celle du président de la république. Elle est celle du Premier ministre, chef du gouvernement qui nous ont demandé d’introduire notre intervention par les salutations humbles, respectueuse et filiales qui sont les leurs à l’endroit de leurs papa que vous êtes. Le Foutah d’hier, le Foutah d’aujourd’hui et notre souhait le Foutah de demain est invariable par rapport à la foi, par rapport au contenu islo-islamique de cette région et par rapport à l’humilité de ses habitants et ses citoyens. Le Fouta,h c’est l’islam, l’islam c’est la paix ; l’islam c’est la coexistence pacifique, l’islam c’est aussi le pardon. En cela, les remous sociaux quelles que soient leur nature et leur gravité ne peuvent entamer cette foi au Foutah. Cela n’est pas possible », entame le ministre Bourema Condé.
Ensuite, le ministre de l’administration a tenté d’expliquer le retard de la réaction du gouvernement par rapports aux violences enregistrées à Labé : « la première des choses et c’est votre droit absolu, c’est peut-être cette question que nos papas du Foutah, les sages se sont posée. Avec ces troubles pourquoi n’avons-nous pas vu dès les premières heures les missions du gouvernement. Vous avez parfaitement raison. La raison c’est parce que les mêmes troubles ont été signalés à maints endroits et c’est maintenant que Dieu a voulu que nous soyons ici présents devant vous. A cela, nous vous présentons toutes nos excuses le fait de nous n’avoir pas vus plutôt que maintenant » justifie-t-il.
Pour ce qui est des violences proprement dites, Bouréma Condé a tout simplement fustigé : « il s’est passé des choses excessivement graves à Labé. Des choses qui ne sont pas de la volonté de nos sages, nous le reconnaissons. Il s’est passé des destructions d’édifices, il s’est passé des pertes en vies humaines, il s’est passé des choses plus graves que le domicile de notre karamoko, de notre doyen El Hadj Badrou soit violé par des gaz, il s’est passé des choses graves à Labé, il faut l’avouer. Quand je parle de destructions d’infrastructures publiques, il y a des symboles très forts de l’État tel que le palais de justice. Quand on incendie un palais de justice, cela veut dire que dans cette localité, on ne veut plus que la justice soit là. »
Et de poursuivre : « il s’est passé également que des représentants de l’État dans la préfecture de Labé aient été menacés, certains expulsés de leur poste de travail. Je voudrais préciser à l’attention de mes papas ici présent sque la politique elle est très claire dans ses principes. Il s’agit d’un combat d’idées, d’une opposition de la façon de voir le pays marcher ou ne pas marcher, selon les acteurs politiques. Mais la réalité est que et ça je suis peut-être mal placé pour le dire parce que je ne peux être qu’un enfant et un élève de chacun des érudits ici présents. Le pouvoir il n’y a que Dieu qui le donne, il n’y a encore que Dieu qui le retire. Quand la politique au lieu de s’exprimer par la force des arguments s’exprime par l’argument de la force, il ne s’agit plus de politique, il s’agit d’anarchie. »
Ainsi, Bouréma Condé a tenté une comparaison entre le Labé d’hier et celui de nos jours : « ce qui m’amène à dire que le Labé de Thierno Aliou Bhoubha N’diyan, le Labé de Karamoko Alpha n’est pas ce Labé où l’on va retrouver du gaz chez le grand imam, ce n’est pas ce Labé où l’on va voir la maison de la justice incendiée, ce n’est pas ce Labé ou l’on va voir les représentants de l’État menacés, congédiés, expulsés. Mais comme vous le savez, ce que nous sommes en train de vivre maintenant là, pas seulement en Guinée mais à travers le monde fait partie de l’air du temps. Aujourd’hui, les enfants que Dieu nous a donnés, n’écoutent pas ou écoutent difficilement ceux qui les ont mis au monde. »
En conclusion, le ministre de l’administration annonce qu’une enquête minutieuse est en cours : « pour tout ce qui a été fait à Labé, que ça soit du tort fait à l’État, du tort fait aux populations, du tort fait au Khalif, le président nous a dit vous présenter ses excuses parce que c’est à lui que Dieu a confié aujourd’hui la Guinée. Mais une situation aussi grave que celle que nous avons vécue à Labé, ne doit pas rester en l’état. Il faudrait bien que non seulement de la part des agents de l’État, ce qui ont commis des fautes que l’enquête puisse les identifier. Du côté des manifestants, ce qui ont causé ce genre de graves crises, il faudrait que les enquêtes soient menées et je vous prie de croire que c’est déjà engagé et sans faute chacun répondra de ce qu’il aura commis ».