Depuis quelques temps, boulangers et responsables de leur coopérative à Labé se regardent en chien de faïence. Les premiers dénoncent une nouvelle loi limitant le temps de travail de 19 heures du soir à 09 heures du matin soit 15 heures de temps. De leur côté, les patrons de la coopérative soutiennent que cette décision est nationale et non négociable. Malgré une médiation de la chambre du commerce de Labé, les deux parties peinent à se comprendre.
Cette mesure est contre les boulangers dénoncés par Amadou Foula Bakayoko qui parle de « sabotage ». « Nos responsables ont pris des dispositions qui ne nous sont pas profitables. En effet, ils ont constaté qu’on a une grande clientèle car on écoule facilement nos produits. Donc, ils ont décidé que désormais les fours ne travaillent que de 19 heures à 9 heures du matin alors que dans l’intervalle-là, on n’aura pas de clients. C’est surtout vers 15 heures, 17 heures, 19 heures que les gens achètent le pain ici. Maintenant, si on finit la cuisson vers 21 heures, personne s’intéresserait à nos pains. La réunion qu’ils ont organisée, c’est juste pour perturber notre travail », dénonce-t-il.
Plus choqué que son prédécesseur, Mamadou Bah a du mal à trouver ses mots. « C’est une loi très sévère que nos dirigeants nous ont imposés là, celle qu’on ne peut pas supporter car nos chiffres d’affaires ne font que chuter et la farine est en train de se gâter dans les fours. Tout cela est dû à la faible production et ça ne peut continuer ainsi », ajoute cet autre boulanger.
Face à cette résistance des boulangers qui ignorent la nouvelle loi en produisant du pain à tout moment, la coopérative des boulangers a porté plainte auprès de la chambre du commerce de Labé. À son tour, cette dernière aurait imposé aux boulangers de se plier à la nouvelle loi, c’est-à-dire ne produire le pain que dans l’intervalle 19 heures du soir à 9 heures du matin. Une médiation jugée partisane par des boulangers qui campent toujours sur leur position.
Par contre, Fodé Kaba, le premier responsable des boulangers et pâtissiers de la Moyenne Guinée appelle au respect strict de la nouvelle loi. « Ce qu’on a arrêté, c’est de travailler dans les fours de 19 heures à 9 heures du matin et c’est cette loi qu’on doit appliquer. S’ils ne sont pas d’accord, c’est la loi et la loi est à appliquer. Il faut que les gens acceptent de suivre la loi car c’est obligatoire. Tous les boulangers de la Guinée sont soumis à la même loi. S’ils ne sont pas d’accord, ils peuvent fermer leurs fours en attendant qu’on trouve un terrain d’entente », déclare-t-il.
Par ailleurs, suite à l’augmentation du prix du carburant à la pompe, les boulangers de Guinée envisagent de revoir très prochainement le prix du pain à la hausse.