Lamine Guirassy et sa suite ont été reçus ce week-end à Labé dans la famille du jeune journaliste reporter d’image d’Espace TV Chérif Diallo introuvable depuis le 23 juillet 2015. Cette visite de courtoisie a été mise à profit par la famille du disparu pour soulever une batterie d’interrogations sur ce dossier. Celle-ci estime que le dossier a été très mal géré par les services en charge de l’enquête qui n’arrivent toujours pas à situer famille, amis et collaborateurs sur le sort du journaliste.
L’émotion était donc très grande ce samedi 05 mai 2018 dans la famille du disparu. Sa maman, ses frères et sœurs ont été inconsolables lors de la visite du PDG du groupe Hadafo médias. Diallo Abdoulaye Korka jeune frère de Chérif Diallo parle de son amertume. « Nous supportons ça au quotidien de manière très très difficile même indescriptible pour être franc avec vous ; je ne peux pas vous dire comment nous supportons ça au quotidien parce que c’est comme vivre avec un petit virus dans une communauté restreinte en voie de disparition », entame-t-il.
« Après l’enlèvement parce que le terme disparition n’est pas trop approprié à la circonstance, je me suis rendu à Conakry et je suis allé à la gendarmerie à plusieurs reprises. Un jour après avoir fini mon audition, ils ont failli me mettre en garde à vue car ils avaient confondu le suspect à la victime. Au fait réellement, tout ce que nous voulons, c’est d’être fixé sur le sort de notre frère Cherif Diallo. Rien de plus, juste être fixé afin qu’on sache s’il est vivant ou pas. On n’a pas aussi peur d’apprendre qu’il est mort puisque tout être humain s’attend à cela. S’il est décédé nous aimerions avoir des informations par rapport à son sort », ajoute Diallo Abdoulaye Korka jeune frère de chérif Diallo.
Une position largement partagée par Lamine Guirassy qui s’interroge également. « Je ne dirais pas disparition. Est-ce que je peux appeler kidnapping, est-ce que je peux appeler enlèvement ? Gros point d’interrogation. C’est clair que c’est très difficile de vivre avec ça dans le ventre à savoir qu’on ne sait pas ce qui s’est passé exactement. Tout ce que je sais et qu’on m’a balancé en live dans les grandes gueules à dire que le dossier a été classé. Au nom de quoi, au nom de qui ? Je n’en sais rien du tout mais je trouve cela juste inhumain de la part d’un ministre de la République, Cheick Sakho », réagit-il.
À la question de savoir si le corps qui a été annoncé par les enquêteurs est bel et bien celui de Cherif Diallo, son jeune frère répond : « Non, loin de là. Ils ne nous ont même pas montré un corps, ce sont les photos d’un corps qu’on nous a présentés ; deux voire trois semaines même après l’enlèvement. C’était de voir si c’est bien lui ; mais ce corps-là était en décomposition avancée donc difficile à identifier. En plus, le policier qui a présenté les photos les aurait prises bien avant l’enterrement. Mais il nous a dit qu’il était en mission ; que c’est pourquoi la publication de ces photos à la gendarmerie, la radio espace et la police a retardé. »
Il faut impérativement relancer le dossier estime Lamine Guirassy. « Avec toutes les informations qu’on a eues aujourd’hui avec la famille, je pense qu’il y a des non-dits dans ce dossier-là, il y a des choses qu’on ne sait pas et qu’il va falloir demander des comptes à la gendarmerie nationale et aux autorités pour essayer de comprendre exactement ce qui s’est passé », lance-t-il.
Pour ce petit frère de Cherif Diallo, il n’y a même pas eu d’enquête, car dit-il c’est une mascarade qui a été faite parce que le travail a été confié à des amateurs. « Imaginez qu’un agent arrive à confondre un suspect à une victime, lui il ne peut faire une enquête », soutient-il.
Pour finir, Diallo Abdoulaye Korka précise : « Là où nous sommes, il suffit juste de deux choses pour être fixé sur le sort de Cherif Diallo. La volonté et les moyens. Si on associe ces deux choses, on comprendrait ce qui s’est exactement passé. Moi j’ai la volonté mais ce sont les moyens qui me manquent parce qu’il suffit juste de s’investir profondément et reprendre les enquêtes dès le début. Quelqu’un ne peut pas disparaitre comme ça dans une république ; nous ne sommes pas dans un film ! »
En attendant d’être fixé sur le sort de Cherif Diallo, toutes ses affaires restent soigneusement gardées par la famille et rien n’a pour l’instant été déplacé alors que ça fait deux ans et huit mois depuis qu’il a disparu.