C’est à croire que dans son évolution historique, chaque transition que notre pays a connu, vient avec des effets collatéraux qui lui sont propres. Pour ne pas aller loin dans la comparaison, limitons-nous juste à celle qui a vu arriver le CNDD en fin d’année 2008. Au-delà de la liesse populaire qui l’a accueillie, nous avons hélas assisté à des débordements et désordres qui ont quelque peu assombri le tableau, avec des cas de pillages qui ont été enregistrés ici et là. Et ce n’est pas tout ! La circulation elle-même s’en est ressentie. Pendant un certain temps, elle s’est encombrée de convois incessants de soldats en armes roulant à vive allure et dans tous les sens en ville, à bord de véhicules que rien ne peut arrêter. L’ambiance était tapageuse.
Avec le CNRD, rien de tout cela ne s’est produit. C’est comme si rien ne s’était passé. Un coup d’État ? Ça n’en a pas l’air. La situation est calme et la vie se déroule paisiblement. L’unique cas de brigandage rapporté dès les premières de sa prise en mains des destinées du pays a été sévèrement sanctionné. Signal fort, brandit à titre d’exemple. Il semble avoir fait tilt dans l’esprit maléfique de tous ceux qui sont habités par des velléités d’enrichissement rapide et illicite sur le dos des innocents citoyens. Pour tous ces vautours, le silence des autorités après ce premier acte de brigandage leur aurait servi de quitus pour se mettre à piller. Mais le CNRD avait annoncé les couleurs : c’en est fini de l’impunité ; la justice est la boussole. En tout cas, après ce premier acte de pillage qui a entraîné la radiation des soldats pris sur les faits, rien d’autre de similaire n’a plus jamais été enregistré jusque-là.
Dans la même veine, le CNRD a refréné la forte propension des mouvements de soutien à se recycler pour occuper le terrain. Il a vite compris qu’il s’agit d’un remake de la démagogie ambiante qui a toujours caractérisé l’environnement politico-social de notre pays.
Par des propos dithyrambiques, déloyaux et intéressés, ils n’ont d’autres objectifs que de distraire et dévier des objectifs. Cela s’illustre parfaitement avec ce changement de régime intervenu le 05 septembre dernier. Tous les thuriféraires, en nombre incalculable, qui ont longtemps encensé le RPG-arc-en ciel et son leader, qui ont tympanisé la cité, inondé les rues, saturé les réseaux sociaux, juré adoration et promis défendre le parti ou la constitution, au prix de leur vie, se sont tus et ont disparu aussi vite qu’un flash d’appareil photo ! Comme si tout cela n’a été qu’un rêve. Après tout ce tintamarre qu’ils nous ont servi, le CNRD et nous avec, ne pouvons qu’être édifiés.
Certes, on ne peut pas affirmer qu’il n’y ait plus rien à craindre ou à éviter. Il y a encore des maux dont les populations doivent se protéger. Ils sont le fait d’arnaqueurs qui agissent au nom des nouvelles autorités pour tirer profit de la crédulité ou de la naïveté des citoyens. C’est selon leur réaction face à l’assaut bien huilé des truands, vendeurs d’illusions et mystificateurs qui les abordent tous les jours dans la cité.
Le CNRD a déjà évoqué le sujet dans un de ses communiqués. Il a mis en garde les coutumiers de ces faits répréhensibles et invité les populations à s’en prémunir par la vigilance.
Que nul ne donne du crédit à un individu quelconque qui prétend être en mission du CNRD pour demander ou obtenir quoi que ce soit. Pour en finir avec la rumeur et ses nuisances, la junte invite les populations à s’en tenir strictement aux seuls messages transmis par voie de communiqués radio télévisés. En appui à ce moyen de transmission, un numéro vert a été ouvert pour permettre à chacun de l’informer directement, en cas de nécessité. Là également, les choses semblent se calmer.
Mais, les habitudes ont la vie dure. Il faut du temps pour changer le système dont les métastases ont atteint toutes les structures de notre société.
Ainsi, après les appels téléphoniques pour vider les unités ou le compte en banque ; inciter à faire un dépôt en soutien à un pseudo parent ou ami en détresse à l’extérieur, ou victime d’accident à l’intérieur du pays, les arnaqueurs se rabattent à présent sur les comptes orange money. Leur stratégie se résume en un jeu de questions-réponses mené au pas de charge avec une dose d’assurance dans la voix qui déstabilise le plus averti. Votre téléphone sonne. Vous décrochez pour entendre dire à peu près ceci : Extraits :
« Bonjour ! Je vous annonce que tous les dépôts d’orange money sont gelés par les nouvelles autorités. Ceci rentre dans le cadre des vérifications générales déclenchées. Nous sommes chargés de procéder à un premier toilettage pour débloquer ceux qui ne méritent pas d’être pénalisés. La procédure est simple : je vais vous inviter à répondre à trois questions. Si vos réponses s’avèrent exactes, votre compte est aussitôt débloqué. Allons-y et écoutez-moi bien : 1-quels sont vos nom et prénoms ? 2- De quel montant disposez-vous dans votre compte ? 3- Dites-moi, à combien s’élève la dernière opération (dépôt ou retrait) que vous avez effectuée sur votre compte et à quelle date ?
Lorsque vous passez le cap de ces trois questions, votre interlocuteur marque une pause et vous dit de patienter le temps qu’il vérifie. Il vous revient quelques instants après, sur un ton aimable de quelqu’un qui félicite, pour vous dire que vous faites partie des détenteurs de comptes ‘’propres et sans problème’’. Vous allez être débloqué, vous annonce-t-il. En réalité, il est convaincu de vous avoir ferré comme un poisson groggy.
Pour le soi-disant déblocage, il vous dit : « tapez ce que je vous dicte et validez. » Malheur à vous si vous lui obéissez. Votre ok après les séries de 144 et autres 14 alternés de dièses et étoiles qu’il débite soigneusement, vous fait perdre sur toute la ligne. Votre compte est dragué jusqu’à la lie ! Il ne vous reste plus qu’à pleurer.
Aussitôt son forfait commis, le pirate plonge dans les abysses pour ne plus être vu ou senti.
Pourtant, l’antidote existe pour vite en finir avec ces pilleurs de fonds.
Parfois, ils s’avèrent naïfs en voulant vous piéger. Ils vous abordent dans un français approximatif, à la limite de l’élémentaire. Cela doit alerter aussitôt ! le service n’employant pas ce type de personnel. Ensuite, ils laissent un numéro de téléphone.
Pour finir, jusqu’à plus ample informé, rien n’indique que les autorités aient besoin de bloquer les dépôts des clients pour une quelconque vérification. En tout état de cause et quoi qu’il advienne, elles-mêmes ou le service concerné vont toujours informer les clients, de ce qu’il en est, par les nombreux canaux de messagerie à leur disposition, au lieu de recourir à ces formes archaïques de communication.
Dans tous les cas, orange money est prévenu, les clients aussi ! Il n’y a pas de petite alerte. Le loup est bien dans la bergerie. Vigilance donc !