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La ruée vers les friperies : Attention danger !

Les trottoirs, les marchés et les rues de Conakry sont inondés de friperies. S’habiller chic et pas cher est devenu un mode de consommation des vêtements de « seconde main » venus d’Europe, d’Amérique, de l’Asie…à des prix bas qui varient entre 3 000 et 25 000 francs guinéens. Les boutiques de friperies ne désemplissent jamais. L’ambiance y est toujours : les commerçants à la criée qui invitent les passants à l’achat. On y trouve tout. Des vêtements de toute sorte. Pour adultes comme pour enfants. Tout âge, tout sexe. Tout ce qui constitue la garde-robe s’y trouve : chaussures, ceintures, chaussettes, dessous de vêtements, chapeaux.

Ablo 30 ans, jeune vendeur de friperie s’est spécialisé dans ce qu’on appelle le premier choix, c’est-à-dire les fins de séries. « J’aime l’habillement et y apporter mon style. Très tôt je me suis lancé sur le chemin de vente d’habits», nous apprend le jeune vendeur. Ablo a fait de sa passion pour la friperie un véritable business. Depuis cinq ans, il vend. Il compte des centaines de clients fidèles et réalisent des chiffres de millions de francs guinéens par mois. « J’ai beaucoup de clients. Beaucoup se déplacent jusqu’ici quand certains sont servis dans leurs bureaux. Je réduis les prix pour ceux qui sont fidèles »

Soul est grossiste-détaillant à Madina. Plus de cent femmes se ravitaillent chez lui au grand marché. Sa marchandise, selon ses dires, viennent de Londres « Nous avons commencé petit à petit et nous sommes arrivés à ce niveau. Avant, les gens ne s’intéressaient pas à la friperie comme aujourd’hui. Mes marchandises viennent de Londres. C’est là-bas il y a de bons habits. Il n’y a aucune différence entre ce que je vends et le prêt-à-porter dans les boutiques de luxe. Je vends les habits de femmes. C’est vrai, les hommes viennent aussi mais achètent pour leurs femmes. J’ai plusieurs magasins à travers Conakry », dit le grossiste avec fierté. Autrefois réservées aux couches pauvres, les friperies sont devenues l’affaire de tout le monde surtout les femmes qui se procurent sur ces marchés des dessous

La lingerie vendue dans les marchés de friperies : attention danger !

Elles sont nombreuses les femmes adeptes de sous-vêtements de « seconde main » vendus dans les marchés de friperies. Ici au marché Avaria, l’autre prolongement du grand marché de Madina, côté autoroute « Fidèle Castro », on trouve des variétés de sous-vêtements et pour tous les goûts. A en croire certaines femmes, la qualité de la lingerie de « seconde main », est bien souvent supérieur à celle vendue dans les grandes surfaces. « Dans les grands magasins, les tissus sont mélangés, beaucoup de nylon et de soi. Ici au moins on trouve du bon coton. Aussi, c’est des fins de séries. Il y a plusieurs choix à faire. Et les prix sont abordables. On peut trouver des caleçons à 3.000 francs, à 5.000 francs. Dans les boutiques, on vous des prix entre 20.000 et 50.000 francs guinéens voire même 150.000 francs. Ce n’est pas tout le monde qui a les moyens d’aller payer les habits dans ces boutiques de luxe », lâche une cliente rencontrée au marché Avaria.

Mais ces sous-vêtements de « seconde main » très prisés par les clients sont souvent tâchés. « Il suffit de bien laver avec du javel avant de les porter. Ça fait environ 20 ans je suis dans la friperie. J’ai des fournisseurs à Londres qui m’envoient la marchandise. Ce sont des fins de séries, ce n’est pas les dessous portés pendants longtemps, fatigués. J’ai des clientes vivant en France. Une fois au pays, m’appellent et viennent s’approvisionner ici chez moi »

Mais que dit le médecin ?

Interrogé sur le port des lingeries de « seconde main », Dr Ibrahima D, au service infectieux du CHU de Donka est clair : «Utiliser la lingerie de seconde main n’est pas sans conséquence pour la santé. Quand quelqu’un porte des dessous friperie, cette personne peut s’exposer au risque de faire des allergies parce que ces habits sont traités avec des produits et mis dans les bateaux pour débarquer ici. Il peut y avoir une réaction aux produits utilisés sur les dessous avant de les envoyer. On peut faire des réactions aux synthétiques et aux différents collorants. Il y aussi l’autre cas. Si ces habits sont portés auparavant par des gens qui ont des infections. Des germes peuvent exister sur les habits et contaminer ceux qui achètent pour porter. Vous avez souvent des problèmes dermatologiques surtout dans l’entre-jambes. Des rougeurs, des boutons qui parfois se transforment en croûtes  Vous avez des maladies comme des teignes…Pour utiliser ces dessous achetés dans les friperies, il convient de bien les laver, bien sécher et bien les repasser avant de les porter»

L’impact du marché de friperie sur les vendeurs de prêt-à-porter et les couturiers

Hélas ! mille fois hélas ! Cette ruée vers les friperies impacte sérieusement la vie des vendeurs de vêtements neufs et des couturiers. Ils n’ont plus assez de clients et font face chaque fin de mois à des loyers chers, à des factures d’électricité et de l’eau. Sans compter bien sûr des taxes annuelles. « Les friperies nous font une concurrence déloyale. Voilà des gens qui ne payent rien à l’Etat, qui ne payent pas de magasins ni d’ouvriers et qui se tapent des millions dans la rue. On n’arrive plus à vendre comme il se doit à cause d’eux. Tout le monde court vers le moins cher. Il nous arrive de revoir les prix à la baisse mais même ça, les clients se font rares. Sinon quand les clients viennent et qu’on leur dit les prix de nos habits, ils crient et sortent immédiatement. C’est un réel problème que nous avons. On ne sait plus que faire. Beaucoup ont fermé et sont partis dans les pays voisins. Certains de nos amis sont obligés de procéder à la vente des deux types de vêtements. Friperie et vêtements neufs. Ceci pour arrondir les angles »

Le marché des friperies a le vent en poupe. La cherté de la vie aidant. Pour beaucoup de clients, c’est un vrai soulagement.

 Les robes de mariage de « seconde main », un business juteux…

Dans plusieurs salons de beauté dans les quartiers de Conakry, et même au grand marché de Madina, des robes de mariée en friperie se vendent à des prix dérisoires. Les Guinéennes en raffolent. Acheter des friperies est une tendance très répandue en Guinée et dans bon nombres de pays africains. Si cette tendance ne touchait que des vêtements ordinaires, il faut savoir qu’elle s’applique également aux vêtements spéciaux comme la traditionnelle robe de mariage.

Tout le monde le sait. Les robes de mariage sont réputées pour leur cherté. Face aux prix onéreux qu’elles affichent, les Guinéens ont trouvé des moyens pour s’en procurer à moindre coût. Si la location de robe de mariage existe bel et bien et revient moins cher, ce qui se passe au marché de Madina et dans les salons de beauté, surprend plus d’un. En effet, il existe des friperies pour robe de mariage à coût très réduit dans ce marché populaire et réputé pour la qualité de ses friperies qui aident à lutter contre la vie chère. Certaines clientes ravies de leurs robes achetées à petit prix ont accepté de s’exprimer à notre micro lors de l’enquête : « Ma copine devrait se marier. Elle voulait aller dans les magasins de luxe, j’ai dit non. Que moi-même j’ai acheté une robe (dans une boutique de friperie) à 150.000FG qui était ma robe de mariée. Quand j’ai porté, les gens ont apprécié. Ils m’ont demandé mais où tu eu ta robe ? J’ai répondu que c’est à Madina, dans une boutique de friperie. Quand j’ai dit le prix tout le monde a commencé à rire. Donc j’ai conseillé à ma copine qui préparait son mariage de faire comme moi. Et c’est ce qu’elle a fait » La mariée en question quant à elle, donne les réelles raisons d’un tel choix. « Il ne suffit pas de se marier seulement…après le mariage il faudrait que tu arrives à payer ta maison, l’école des enfants, t’occuper de tes parents et payer tes factures»

Une chose est sûre, c’est par manque de moyens que ces femmes se tournent vers les friperies pour le plus beau jour de leur vie de couple « Une chose que tu vas porter une seule fois et puis tu laisses…c’est du gâchis ! Pourquoi mettre plein d’argent dans un truc comme ça » Voilà qui est clair.

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