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La galère des travailleurs de Fria – Les veuves des travailleurs en détresse (3ème partie)

******** TROISIÈME PARTIE – LA GALÈRE DES VEUVES DE FRIA **********

Un autre épisode semble faire tâche d’huile au sein des familles des travailleurs décédés dont les femmes se battent contre vents et marrées pour obtenir le règlement définitif de la pension leurs maris défunts.
Ce calvaire de ces veuves a débuté en avril 2015 quand un groupe de veuves avaient été appelé par la direction de Rusal pour leur faire signer un engagement afin de recevoir comme « allocation unique » la somme de 2 millions 500 mille francs guinéens tout en faisant totalement fi à toutes les indemnités liées à leurs statuts conformément au Code guinéen du travail.

Mais comment comprendre qu’après plusieurs années de services rendus au sein de la société, que la direction RUSAL/FRIGUIA invite les épouses des travailleurs décédés à leur faire signer un document afin de percevoir « l’allocation unique » la somme de 2 millions 500 mille francs guinéens?

Commence le début de l’épisode de mécontentement des veuves comme nous l’explique la porte-parole des veuves Mme Mamayimbé Fofana fondant en larmes en se remettant à la grâce divine.

« Nous étions très contentes nous les veuves lorsqu’on nous a appelé au sujet du règlement de nos maris décédés. C’est une surprise pour tous les employés de FRIGUIA. Mais malheureusement c’est un engagement bidon, nul et de nul effet que la direction nous demande de signer. En signant ce papier, nous signons également notre arrêt de mort. Nous refusons d’apposer notre signature sur un quelconque document sauf celui du règlement définitif conformément au code du travail guinéen. Les veuves que nous sommes, nous nous remettons à la volonté de Dieu, le créateur du monde entier. Nous n’avons pas d’argent pour requérir le conseil d’un avocat. Nous mangeons difficilement ici, mais on se remet à Dieu » a déclaré la porte-parole.

Voici ce que dit le contenu du document proposé par la direction de RUSAL/FRIGUIA que les veuves ont systématiquement refusé de signer:

«-Je comprends et j’accepte entièrement que ladite allocation se substitue inconditionnellement à toutes les autres primes, indemnités, allocations et autres prestations dont les ayants-droits d’un travailleur décédé de la société RUSAL/FRIGUIA S.A. pourraient bénéficier en vertu du Code du travail de la République de Guinée, de la Convention collective mines et carrières, du Protocole d’accord global de FRIGUIA du 29 décembre 2009 et autre document réglementaire applicable.
-Je renonce expressément à toute éventuelle réclamation à l’égard de la société FRIGUIA S.A. à quelque titre que ce soit.
-Je déclare être dûment habilité (-e) à agir au nom et pour le compte de toutes les personnes ayants droits aux allocations dues en cas de décès d’un travailleur et j’accepte indemniser la société FRIGUIA S.A. de toutes réclamations et revendications éventuelles des autres ayants-droits (…) » pour ne citer que ces paragraphes.

Depuis lors, aucune information n’a filtré de la part de la direction de Rusal/Friguia allant dans le sens d’un règlement définitif de la pensions des survivantes  épouses des travailleurs décédés. Pire encore, aucune médiation des autorités préfectorales et communales, ni des coordinations et même des religieux pour engager la direction de Rusal / Friguia à respecter les droits que confèrent la loi du travail à ces familles des travailleurs décédés.

Désemparées, les veuves des travailleurs de Rusal ont décidé de prendre leur destin en main. Vêtues en blanc et pour se faire entendre, le 6 octobre 2020, elles ont pris d’assaut la devanture de l’usine. Ce campement devant les grandes entrées de l’usine de nature à empêcher les travailleurs à y accéder a du coup interpellé la préfète Hadja Gnalen Condé qui est allée rencontrer ces femmes désespérées accompagnée du maire et des forces de sécurité pour négocier avec ces veuves afin d’ouvrir un cadre de concertation pour une sortie de crise.

S’adressant au préfet, la porte-parole aux noms de toutes les veuves, Madame Ramatoulaye Bah tente d’apporter des précisions qui ont motivé leur acte en bloquant les entrées de l’usine.

« Madame le préfet, toutes ces femmes que vous voyez derrière moi vêtues de blanc sont des veuves, des femmes des travailleurs de l’usine Rusal qui ont perdu la vie avant pour certains et d’autre pendant la crise. Si vous nous nous voyez aujourd’hui devant la rentrée de l’usine, c’est que nous sommes venues rencontrer les patrons de nos maris décédés pour leur faire part de notre souffrance, de nos revendications. Nous voulons les droits de nos maris, leurs règlements, leurs pensions et leurs assistances. Depuis qu’ils sont décédés nous sommes dans la misère, nos enfants n’ont pas pu terminer les cours cette année encore pour non-paiement de leurs frais de scolarité. Nous sommes privées de tout. L’assistance, les soins médicaux, la retraite, la pension et autres avantages. Depuis le décès de nos maris, nos enfants ne vont plus à l’école même quand nous tombons malades et qu’on part à l’hôpital Péchiney ils ne nous assistent pas. C’est vraiment dur pour nous. Malgré que nous mourions de faim, les autorités ne calculent pas ça mais Dieu est grand. Mais si nous devons quitter aujourd’hui la devanture de l’usine, c’est soit le président Alpha Condé, soit Kassory Fofana ou le directeur de l’usine pour nous régler Sur ce, Mme le Préfet nous a demandé de libérer les entrées de patienter jusqu’au mois de novembre, d’après elle, elle va rencontrer les Russes et ce mois-là, nous allons être payés. Nous l’avons entendue et accepté sa proposition » a expliqué Ramatoulaye Bah.

Après six mois d’attente sans suite favorable à leurs revendications, le 12 avril 2021 les veuves une fois encore très désemparées, sortent les griffes à nouveau, mais cette fois-ci décident de bloquer les rails de la société pour des promesses non tenues par les autorités préfectorales mais surtout par la direction de RUSAL/FRIGUIA qui n’accorde aucune importance à toute cette situation.

Approchée par notre rédaction, Hawa Camara porte-parole des veuves revient sur les raisons de leur deuxième sortie en bloquant cette fois-ci les rails afin d’empêcher le train de rallier le port de Conakry.

« Nous sommes de nouveau sorties pour bloquer les rails, c’est pour ne pas que le train sorte avec la bauxite. Les russes n’ont pas pitié des guinéens mais surtout de nous les femmes dont les maris sont morts pendant le service. Madame le préfet nous avais promis de faire son possible pour régler notre situation, les russes ne disent rien et on est fatiguées avec les promesses. Le train va venir nous tuer aujourd’hui. On réclame les droits de nos maris décédés et ils ont le devoir de régler leurs droits. On a en marre de nous tourner en rond nous sommes fatiguées avec les fausses promesses et personne ne pourra régler notre situation si on ne fait rien. Il faut que les russes nous disent s’ils ne vont pas régler les droits de nos maris » a-t-elle déclaré.

Quelques jours après sa prise de fonction, le colonel Lamarana Diallo nouveau préfet de Fria tombe sur la manifestation des veuves. En tant que première autorité, il joue sa partition afin de décrisper la situation le préfet s’implique pour trouver une issue favorable.

Pour une première prise de contact avec les veuves des travailleurs de Rusal décédés, le colonel Lamarana Diallo a trouvé nécessaire de leur offrir des vivres pour alléger leur souffrance en ce mois Saint de Ramadan.

Très réconfortées par ce geste hautement salué par les veuves qui commencent par croire que le bienfaiteur est arrivé à temps, au nom de ses paires, la porte-parole a laissé éclater sa joie.

« Je suis très contente. Au nom de toutes les femmes, je remercie le préfet pour ce geste magnanime qu’il vient de faire pour nous. Je dirais que c’est une première à Fria pour nous de voir une autorité penser à nous et je profite de cette occasion pour demander aux personnes de bonne volonté de faire comme lui surtout pendant ce mois de Ramadan parce que nous souffrons beaucoup. Je ne vais terminer sans lui placer ces mots et prier Dieu pour lui afin de continuer dans ce sens » s’est réjouie Hawa Camara.

Poursuivant la porte-parole pense elle que ces dons qu’elles reçoivent par-ci et par-là ne résout par leurs problèmes mais exhorte le président de la république à s’y impliquer.

« C’est reconnaissant pour les personnes sensibles à notre situation comme le préfet en nous faisant des dons pour subvenir aux besoins de la famille, mail il serait encore mieux surtout aux autorités de dire à Rusal de se conformer aux lois du travail qui dit qu’en cas de décès d’un travailleur, il faut automatiquement procéder à son règlement définitif. Mais les patrons de nos maris décédés n’ont pas pitié et encore ils ne respectent par l’État de notre pays. Moi j’accuse beaucoup le chef de l’Etat Alpha Condé qui les laisse faire. Si le président leur dit de nous régler ils vont le faire sans attendre une seconde »ajoute-t-elle.

Aux dires du préfet qui s’est engagé à s’impliquer auprès de la direction de Rusal pour trouver solution aux problèmes des veuves, cela ne peut être possible que dans la paix.

Aux dernières nouvelles, les veuves ont reçu une enveloppe de 50.000.000 gnf du département des mines à travers l’implication du préfet.

Toutefois le problème reste entier, les pensions de retraites qui reviennent de droit aux femmes des travailleurs décédés et qui ont peiné dur pendant leur vie d’adultes n’est toujours pas payée. RUSAL/FRIGUIA les renvoie à SEINTA qui ne répond pas. Quant à la CNSS elle joue aussi aux abonnés absents.

Cette incertitude semble être une pilule difficile à avaler. Le problème de pension retraite ne devrait point se poser en ce sens que normalement la CNSS récupère les cotisations des employés pendant leur vie active et paie les pensions de retraite aux travailleurs et leur ayant droits comme ces veuves.

A suivre …

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