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La détention de Gaoual & Cie s’invite au Sénat français : voici les échanges houleux entre Le Drian et un sénateur

La crise politique guinéenne est au centre des préoccupations des autorités au plus haut niveau en France ? Après l’Assemblée nationale mardi, le cas des détenus politiques s’est invité le lendemain, hier mercredi au sénat français. Guinéenews vous propose in extenso les échanges très houleux intervenus à cet effet entre le sénateur Jean-Yves Leconte et le ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères, Jean-Yves Le Drian.

– Sénateur Jean-Yves Leconte : « monsieur le ministre, depuis deux ans, un pays, la Guinée, est pris en otage par la volonté de son président de s’offrir un troisième mandat. En 2020, plus de 250 personnes ont trouvé la mort dans des violences politiques. Des centaines ont été raflées et placées en détention. Pendant ce temps, quelques rapaces gagent les richesses du pays, principalement la bauxite exploitée comme jamais sans bénéfice pour la population. Bien au contraire. Très réservées sur le processus électoral, la CEDEAO et l’Union Africaine ont pesé au printemps pour un report des élections législatives et du référendum constitutionnel. Elles ont appelé à l’apaisement et au dialogue. La trajectoire du locataire de Sékoutouréa, monsieur Alpha condé n’a pas pourtant pas varié. Le 18 octobre, se sont tenues les élections présidentielles. Des centaines de personnes dont des responsables politiques de l’opposition, Chérif Bah et Ousmane Gaoual Diallo qui ont documenté des fraudes avérées lors du scrutin, sont aujourd’hui incarcérées. Ces derniers ont mis plus d’un mois pour accéder à un juge. Leurs avocats français n’ont pas accès à eux en prison. Entre répression et déprédation, les jeunes de Guinée ne voient pas l’avenir pour eux dans leur pays. La Guinée était récemment le quatrième pays d’origine des demandeurs d’asile en France et le premier pays d’origine des enfants étrangers non accompagnés. En outre, depuis le début et la fin du second mandat d’Alpha condé, les départs ont augmenté de plus de 300%. La situation actuelle pourrait s’avérer désastreuse compte tenu de la résolution de la jeunesse à quitter ce cauchemar. Nous avons noté dans l’interview donnée par le président de la République Emmanuel Macron à Jeune Afrique, la dureté des propos sur la Guinée. Nous avons noté la différence de ton du président entre la lettre de félicitation adressée à Alhassane Ouattara et celle à Alpha Condé qui se contente de prendre acte d’une situation de fait. Mais ces prises de position s’accompagnent-elles d’actes ? Monsieur le ministre, il y a urgence à inciter la mise en place d’un réel dialogue politique dans le pays. Faute de dialogue, compte tenu de la situation, quelle solution pourrait-elle être envisagée à l’encontre des responsables de la répression, de l’exacerbation des violences communautaires, des déprédations qui conduisent certains à quitter leur lieur vie devenue invivable aujourd’hui ?

Réponse de Jean-Yves Le Drian : « monsieur le sénateur, Jean-Yves Leconte, le 7 novembre dernier, la Cour Constitutionnelle guinéenne a confirmé la victoire de monsieur Alpha Condé dès le premier tour de l’élection présidentielle. Et comme vous l’avez dit, justement, nous en en avons pris note. En amont du processus électoral, vous l’avez rappelé, la France et l’Union Européenne ont exprimé à la fois leurs interrogations sur le déroulement du processus électoral   et aussi ont condamné les violences qui ont éclaté à la suite de ce scrutin. Et à plusieurs reprises, nous avons marqué la nécessité d’un dialogue politique interne entre les autorités et l’opposition afin de permettre une réconciliation de tous les Guinéens qui méritent aujourd’hui un climat politique apaisé. Ce qui n’est pas le cas. J’ai eu l’occasion de le dire moi-même au président Alpha Condé il y a peu de temps lors de l’installation du président Akufu-Ado à Accra et le Secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne l’a rappelé lors de l’installation et de l’investiture d’Alpha Condé. Donc, nous estimons aussi qu’il importe d’être très vigilant sur le respect des droits de l’homme et nous condamnons la poursuite des détentions hors procédures judiciaires d’opposants, en particulier l’opposant monsieur Diallo (Ousmane Gaoual ndlr) que vous connaissez et pour lequel j’ai décidé d’apporter la protection consulaire parce que ce personnage qui est membre de l’opposition a été incarcéré et est en train d’être auditionné par la justice avec malheureusement pendant ce temps de graves soucis de santé. Il est de la responsabilité donc du président Condé de réunir et de prendre les initiatives nécessaires. Avec l’Union Européenne nous avons demandé aux autorités de Guinée de faire toute la lumière sur les événements qui se déroulent en ce moment, avec éventuellement des mesures à prendre si cette lumière n’est pas faite. Parallèlement à cela, nous voulons néanmoins, et vous le savez, poursuivre note aide auprès de la population guinéenne pour qu’elle ne soit pas deux fois victime de ces comportements. »

Transcription faite par Thierno Souleymane Diallo

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