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La CENI face à la presse :  des questions qui fâchent le président de l’institution

Il arrive parfois en conférence de presse qu’il y ait des questions qui fâchent. Il y en a eu hier qui ont, en tout cas, quelque peu titillé le président de la commission électorale nationale indépendante (CENI). Parmi elles, il y a celles qui concernent les bases juridiques de l’ordonnance organisant le référendum, les preuves sur les démarches que la CENI dit avoir effectuées pour le report des législatives et le logement de certains commissaires de l’institution.

Me. Salif Kébé le président de l’institution a fait beaucoup d’efforts. Mais le « monstre froid » décrit par certains proches comme imperturbable a laissé transparaître une certaine frilosité de sa part face à la presse. La faute à certaines questions auxquelles il a répondu, visiblement malgré lui. En témoigne le temps et le sens des propos du conférencier.

Tout d’abord, il n’a pas aimé le fait qu’il lui soit demandé des preuves que ce soit la CENI qui ait effectivement effectué les démarches auprès de la cour Constitutionnelle et à la présidence de la République pour cet autre report.

Une question motivée par le fait que les affirmations du président de la CENI ne sont pas toujours avérées. Comme c’est le cas de la date des législatives déjà repoussées deux fois dont la dernière à la demande de l’organe de gestion des élections qui jurait pourtant être prêt.

« … Celui qui veut la preuve… Chez nous, il n’y a pas de documents cachés. … La requête déposée et l’accusé de réception, la réponse par l’arrêt rendu et la lettre de l’envoi de l’arrêt au niveau de monsieur le président de la République pour solliciter la prise d’un décret…  Ça, nous pouvons le prouver. Mais pour éviter que la CENI n’invente des choses, allez à la cour constitutionnelle, au greffe, c’est à la disposition de tout le monde. Parce que quand ils prennent des décisions, tout est affiché. Donc vous pouvez aller au greffe pour obtenir ces documents », martèle Me Kébé.

L’autre question qui fâche a trait au référendum dont la base légale qui est l’ordonnance récemment prise par le président de la République qui pourrait être contestable. Du moins à la lecture de l’article 83 de la constitution du 7 mai 2010, encore en vigueur.

En effet, cette disposition de la constitution stipule que « …l’Assemblée nationale ne peut habiliter le président de la République à prendre par voie d’ordonnance des mesures qui relèvent de la loi organique ».

Il était question de savoir si le président de la CENI doublé d’homme de droit n’est pas en train d’obéir à un ordre illégal pendant qu’il a le droit de s’abstenir de le faire ?

Dans sa réponse, Me Kébé déclare : « l’article 83 de la constitution, je ne l’ai pas lu. Je n’ai aucune idée là-dessus. » Et d’ajouter sur fond de défiance : « pour celui qui pense que le président a outrepassé ses droits, il pouvait peut-être saisir les instances compétentes. Mais moi, je ne suis pas compétent en la matière… ». Sauf que le conférencier affirme ensuite que « pour la CENI, on est chargé d’appliquer les lois et les règlements. Nous ne pouvons pas aller au-delà. » Et l’avocat de se défendre :  « … Maintenant vous ne pouvez pas me saisir en tant qu’avocat parce que je n’exerce pas. »

Ce n’est pas tout. Il y au moins une autre question que Me. Salif Kébé n’a abordé de gaité de coeur. C’est le moins qu’on puisse dire. Car, elle l’a poussé à
rompre d’avec sa réputation de référence en termes de self contrôle. En l’occurrence, elle porte sur les informations concernant des logements attribués à des commissaires, probablement, y compris de l’opposition, sans que l’opinion ne soit informée sur les tenants et les aboutissants.

« Le logement de nos collègues, je ne sais pas d’où cela vient. Mais, c’est que c’est une pratique de la CENI », a-t-il lâché l’air agacé. Et d’expliquer : « les collègues qui logent loin, quand on est en période électorale, on les rapproche du centre d’intérêt qui est le siège de la CENI. » Avant de
vouloir couper-court en ces termes : « mais je ne peux pas développer ça avec vous. C’est ça. C’est un droit. Même s’il a enchaîné que « le président de la CENI est appelé à mettre toutes les commodités pour la bonne marche de l’institution. Y compris la sécurité et le bien-être des commissaires. » Avant de clore le sujet en insistant : « Mais, je ne peux pas développer cela avec vous. »

Des réponses qui suscitent plus de doute et d’incompréhension qu’elles n’en dissipent.

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