«Tout le monde est surpris de la réaction des populations à la base. On s’est trompé. On aurait dû associer les communautés locales lors de la signature de l’accord… Les leaders politiques ont signé l’accord sans tenir compte des populations locales. Et si on ne tient pas compte de cette réalité, on va perdre la démocratie… A leur place, j’allais dire retournons à la base… Ces violences constatées ici et là nous donnent d’ailleurs l’occasion de réfléchir et voir si on ne pouvait pas revenir au suffrage universel direct… Il faut revoir tout cela…»
Invité ce matin par nos confrères de la Radio Espace, le ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence, Naby Youssouf Kiridi Bangoura a fait une intervention qui frise le mea-culpa. Il a reconnu et avec honnêteté l’erreur commise par les signataires de l’accord politique du 8 août. Lequel accord octroie certaines communes à l’UFDG et au RPG. Un accord bipartite par lequel est arrivé le malheur des populations de Kindia, de Gueasso, de Bubréka pour ne citer que ces villes.
Le ministre Kiridi, expert en développement rural et communautaire, l’un des principaux acteurs de la décentralisation des collectivités locales, aurait souhaité voir l’implication des populations locales dans l’élaboration et la signature de l’accord politique du 8 août dernier. Cela, selon lui, aurait fait une économie des violences dans l’arrière-pays où les populations se déchirent.
Le ministère de l’Administration du Territoire a donc géré la proclamation des résultats avec de l’amateurisme ? N’a-t-il pas sa main derrière tous ces soubresauts ? Peut-on avoir des maires crédibles après toutes ces corruptions ?
A cette série de questions, Kiridi Bangoura a fait savoir que le travail du ministère de l’Administration du Territoire n’est pas aisé. Pour avoir été un acteur, il reconnait les difficultés de ce département aux multiples fonctions. « C’est extrêmement compliqué … Le travail n’est pas aisé… Je ne crois pas que le ministre et son équipe aient quelque chose à avoir avec ce qui s’est passé à Télémélé et à Gueckédou… Si un conseiller pense qu’il a été obligé de signer la procuration ou poussé à la porte, il y a des recours administratifs… Tous ceux qui pensent qu’ils sont floués, qu’on leur a pris de l’argent ou escroqué, peuvent coucher sur papier leur recours ! Il y a des recours administratifs pour les rétablir dans leur droit ! Je crois qu’on ne doit pas minimiser ces recours… C’est la voie légale… Et puis, dites-moi ! Nous avons 342 communes en jeu. Les cas que vous signalez se sont déroulés dans combien de communes ? »
L’opposition marche pour protester contre ce qu’elle appelle le « non-respect de l’accord ». Qu’avez-vous à dire à cette opposition ? Et que faut-il maintenant pour ramener la quiétude au sein de la population ?
« Je dis et je répète. Les acteurs politiques doivent se ressaisir. J’aurais aimé qu’on se retrouve autour d’une table et on analyse minutieusement le problème. Voir si on doit planifier les élections, l’installation des conseillers communaux en impliquant les Gouverneurs, les Préfets, les responsables locaux, les citoyens… Attendre que les communautés s’entendent. Je me demande même s’il n’est pas normal qu’on revienne sur le suffrage universel direct où la tête de liste devient automatiquement maire. Tout ceci doit être discuté autour d’une table. Comment éviter désormais ces genres de situations ? C’est cela la question! »
Le ministre Kiridi Bangoura invite et les leaders de l’opposition, la mouvance et les responsables du SLECG à revenir autour de la table de négociations pour analyser profondément les problèmes qui assaillent le pays… Il appelle de tous ses vœux les acteurs politiques et les syndicalistes au dialogue.