Kassory Fofana PM va-t-il apprendre de ses erreurs et fautes ou va-t-il continuer toujours à faire des montages financiers en trompe-l’œil ? En voici quelques-uns, qui reviennent en mémoire :
L’histoire retiendra que le devis de construction du barrage Garafiri estimé à plus de 900 millions de francs guinéens en 96-97 avait été revu à la baisse par les experts de la Banque Mondiale à un peu plus de 600 millions. Cellou Dalein Diallo pourrait donner plus de détails, ils faisaient équipe. Que dire du « Joker allemand », cette escroquerie à grande échelle, qui ressemblait à s’y méprendre à ce «Qnet», que les services spéciaux viennent de démanteler ?
Que dire de cette opération de remplacement en «billets améliorés » sans petites coupures et jetons de la monnaie en 1999 ? Que dire de la fermeture soudaine et sans dédommagement des parieurs un jour de grande affluence du premier PMU et de certains jeux d’argent trompeurs ?
Qu’à tout cela ne tienne, puisque le coach Alpha l’a nommé Premier ministre. Le vin est tiré, il faut le boire. Puisqu’il y avait nécessité de remplacer le gouvernement, qui pour remplacer Mamadi Youla, un autre homme de l’ombre ou un homme du gouvernement plus usé et usagé dans affaires louches ou un revenant, qui s’est fait oublier un temps ?
Dans le paysage politique guinéen scindé en plusieurs fractions, l’oiseau rare à portée de main est introuvable. Sidya Touré ne l’aurait pas accepté, à moins qu’on se trompe. Au sein de la mouvance, personne de plus étoffé que Kassory, à moins de faire venir un fonctionnaire international de la diaspora n’était en vue.
Faute de mieux, choix politique ou stratégique ?
La réponse est enfin connue. «L’os s’est tranquillisé sur le riz ». En se mettant à la place de Alpha Condé, force est de reconnaître que ça n’est pas si mal que ça, n’en déplaise aux perfectionnistes.
Pour Kassory, cette fois est la bonne, après une ou deux tentatives infructueuses. Il faut se rappelle qu’en 2008, après le limogeage de Lansana Kouyaté par Lansana Conté, le poste de PM était resté vacant pour un bon moment. Le nom de Kassory avait circulé comme ballon d’essai dans les rédactions des journaux, mais il s’était dégonflé sans qu’on ne sache comment.
Ce 21 mai 2018 serait-il le pendant de cet autre 20 mai 2008, date du limogeage du Premier ministre du consensus ? Peu importe les coïncidences ou les espiègleries de l’histoire voulues par Alpha Condé. Même Polichinelle se doutait depuis quelques temps déjà qu’il allait nommer son directeur de campagne du « coup KO », son spécialiste en montages financiers en trompe-l’œil, qui s’est aussi, soit dit en passant, affûté dans la pratique avec nombre de relations au niveau international dans son carnet d’adresses. En plus, ce basse-côtier d’essence et de racine s’avère être un communicant éloquent et convaincant, qui sait manipuler le langage de ralliement ou d’adversité propre aux habitants du terroir, un atout important pour les échéances à venir. Tout est calculé machiavéliquement en fonction du futur, chez Alpha. Ce tour de passe-passe n’est pas pour plaire aux autres machiavels, de l’opposition, mais les choses sont ce qu’elles sont. L’opposition s’attend à parer un grand coup ?
Mais pour frapper un grand coup, il faut que la Guinée soit dans la transparence et la justice requises, il faut qu’elle soit balayée et propre dans les domaines politiques, sociales et économiques. Si toutes ces conditions sont remplies, même l’opposition ne demanderait pas mieux, ses revendications sont connues même de la Communauté internationale présente en Guinée.
Ce grand coup n’atteindra son but que si l’économie en croissance exponentielle impacte sur le quotidien des populations et que leur environnement soit sauvegardée pour les générations futures. Les différends et contentieux politiques restent pendants, impossible de les éponger après cette malencontreuse élection du 4 février 2018, la grogne sociale au niveau des syndicats est une autre épine.
Et si le prochain gouvernement était composé de prédateurs, ça va se savoir. Il ne reste qu’au caillou dans sa chaussure, la collaboration franche et sincère des cadres du RPG. Mais Kassory n’est pas celui qui se laisse faire, il sait avoir de la poigne et du cran. Malgré tout, des coups bas ne vont pas manquer.
L’objectif affiché clairement est désormais 2020. Le « Laissez-le finir son travail » de Kassory Fofana dans la langue du terroir à l’intention de ses concitoyens de la Basse-Guinée ne laisse plus aucun doute sur la visée.
Du coup, l’opposition est très mal à l’aise. Elle n’a pour elle que les manifestations de rue pour mettre les bâtons dans les roues du gouvernement, cela ne lui est pas dénié par la constitution, mais si tous les contentieux politico-judiciaires sont épongés, l’herbe lui est coupée sous le pied. Son mal qui fait encore plus mal est qu’elle s’est vue délestée de son effectif, et les quelques transfuges du RPG Arc-en-ciel feront difficilement poids dans sa bascule, comme en 2010.
La partie semble bien déséquilibrée avec l’électricité et l’eau pour tous, même si l’eau n’est pas encore pour tous et mais avec les barrages un peu partout, il se pourrait… ; avec les routes, les ponts, les trains, les avions (en prévision), avec la pisciculture, l’agriculture, les micros crédits et MUFFA pour les femmes, avec les mines qui commencent à rapporter gros, avec les infrastructures et équipements dans tous les domaines pour la CAN 2023…, c’est beaucoup trop pour éviter un autre coup KO. Seul bémol est que tout ce qui vient d’être énuméré ne profite pas encore aux populations et rien ne dit que la gabegie et les détournements à ciel ouvert de façon impunie sont finis.
Mais si Kassory apprend de ses erreurs et de celles des gouvernances passées pour tout remettre à zéro, lui est-il interdit de demander un référendum pour une révision constitutionnelle afin de permettre à Alpha de se présenter pour un troisième mandat ? Que disent les juristes ?
La composition du prochain gouvernement édifiera sur l’avenir de la Guinée. Kassory pourra-t-il se concilier avec Cellou Dalein Diallo pour bannir cette politique politicienne, qui est le frein à l’émergence ? Il ne doit pas oublier que la Basse-Guinée a toujours arbitré entre la Moyenne et la Haute-Guinée…