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Kankan: visite au centre Tawakaltou, l’unique école spécialisée dans tout le Nabaya 

Fondée en 2002 et située dans le quartier Moriuoulen en plein cœur de la ville du Nabaya, l’école primaire publique Tawakaltou, qui signifie littéralement en arabe  « je me confie à Dieu », est le seul établissement scolaire et centre de formations pour enfants handicapés dans toute la région de Kankan.

Doté d’un espace aéré avec des aires de jeux plus ou moins bien équipées grâce à l’appui de certaines organisations à  but caritatif, la cour de cet établissement semble bien adaptée aux conditions des handicapés.

A preuve, çà et là, on peut voir aux heures de récréation, ces enfants épanouis qui s’amusent en toute quiétude.  Quelques minutes après notre arrivée en ce jour du jeudi 27 octobre 2022, il était 10 heures 45 du matin. La cloche sonne, c’est la fin de la récréation et les enfants affectés par différents handicaps rejoignent à peine leurs salles de classe respectives.

Madame Dioubaté Kadiatou Kaba, victime de handicap elle-même, est la directrice du centre : « Nous recevons ici  à la fois quelques enfants normaux mais surtout des enfants handicapés, sourds-muets, des handicapés visuels, à savoir des non voyants et des malvoyants, des enfants à mobilité réduite, ceux qui souffrent de trisomie 21 et de déficience intellectuelle, des autistes entres autres… La reprise de l’année scolaire a été effective chez nous. Depuis le 4 octobre fixée par le gouvernement comme date de la rentrée scolaire cette année, tous les encadreurs répondent bien à l’appel, beaucoup de parents  d’élèves ont envoyé leurs enfants, donc nous avons bien commencé à travailler  au sein de notre école au compte de cette nouvelle année scolaire », nous a-t-elle confié.

En termes de statistique pour le compte de cette  nouvelle année scolaire 2022-2023 au sein de son établissement, dame Dioubaté Kadiatou Kaba  précise qu’ « aujourd’hui, nous avons dans cette école un effectif total de 368  élèves dont 207 filles. Parmi eux, 78 enfants dont 34 filles, sont inscrits à la maternelle et le reste sont répartis entre les autres classes de l’élémentaire. Parmi le nombre total de 368 pensionnaires, il y a  39 sourds muets, nous avons 9 salles de classes  fonctionnelles, un bureau 2 magasins, un hangar, une salle de couture qui est mise en place  pour   les enfants handicapés. Il ya aussi la formation professionnelle des sourds muets en cordonnerie », nous a-t-elle  affirmé, tout en nous précisant, en ce qui concerne l’aspect pédagogique qu’ :« ici l’enseignement se passe très bien, les enseignants suivent le programme comme il faut, il y a le plan de progression qui est suivi et les enseignants préparent très bien, moi-même je n’accepte jamais qu’un enseignant entre en classe sans que son cahier de préparation ne soit signé. Donc ici les préparatifs se font très bien», a-t-elle assuré.

Poursuivant son intervention, elle nous assure ne pas du tout être confrontée à un quelconque problème de compréhension entre apprenants et enseignants au sein de son  établissement.

« Ici nous avons plusieurs types d’encadrement en fonction des handicaps dont souffrent les élèves. Vous avez sillonné l’école et vous les  avez vus. Ce sont des élèves qui sont pris en charge par une ONG humanitaire. La compréhension n’est pas du tout un problème. Car nous recevons régulièrement des formateurs professionnels et nous donnons aussi des cours de renforcement des capacités aux enseignants évoluant déjà à notre disposition. Ils sont bien formés sur la sensibilité de chaque classe d’handicap»,  a-t-elle assuré.

Cependant en dépit de la lueur d’espoir qu’il suscite, cet établissement spécialisé est aussi confronté  à un certain nombre de difficultés.

Pour terminer, en dépit de son handicap Mme Dioubaté Mariame Kaba qui ne manque pas d’ambition pour son école et  ses élèves, lance aussi un appel solennel aux décideurs et aux parents d’élèves en ces termes :

«  En ma qualité de directrice, je constate que les parents nous envoient leurs enfants, mais ne sont pas pour la presque totalité prêts à investir leur argent dans les études de ces derniers comme ils le font pourtant pour leurs enfants dits normaux. En outre, nous avons aussi besoin d’avoir des outils de dernières générations.

Car aujourd’hui ces outils pourront nous aider à qualifier davantage les enseignements que nous proposons à nos élèves. Dans ce cadre, nous ne disons pas que nous nous sentons abandonnés totalement par l’Etat mais, il pourrait, je pense, nous aider aussi dans ce sens. Moi-même je suis une femme handicapée à mobilité réduite, mon ambition pour ses enfants, c’est qu’ils puissent tous un jour se prendre en charge et contribuer activement au développement socio-économique de notre nation, au lieu de devenir des mendiants dans les rues.

C’est selon moi le plus gros avantage de ces encadrements que nous offrons à ces enfants handicapés. Je prends l’exemple sur moi-même, si mes parents décidaient que je reste à la maison parce que je suis une handicapée physique, je n’allais pas être là où je suis aujourd’hui. Donc je lance un appel solennel à tous les parents handicapés de permettre aux enfants handicapés de venir à l’école pour qu’ils puissent se prendre en charge et contribuer au développement socio-économique du pays », a-t-elle souhaité.

Faut il rappeler que bien qu’étant une école spécialisée, le centre Tawakaltou de Kankan reçoit à la fois des enfants normaux et ceux victimes de handicap. Cela est pour les responsables du centre une manière de faire la promotion de l’équité et de l’égalité au sein des structures sociales de base.

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