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Kankan : les foyers d’apprentissage du coran attirent davantage d’élèves pendant ces vacances

Les foyers d’enseignement coranique appelés communément « Mandersa » sont assez répandus un peu partout à travers la cité religieuse d’Alpha Kabinè Kaba.  Ces établissements qui évoluent dans le secteur informel de l’éducation, enregistrent en cette période de vacances scolaire, une importante fréquentation notamment de jeunes élèves. Ils y sont envoyés par leurs parents pour l’apprentissage du Coran sous la coupe d’imams, d’éducateurs et de bénévoles, afin qu’ils puissent bénéficier d’une éducation religieuse appropriée.

En bordure du rond-point du carrefour Chérifoula, situé non loin de la grande mosquée de Kankan, se trouve la « Mandersa » des descendants de l’érudit de la ville de Kankan, Feu Cheick Fanta Mady Chérif.

Mamady Condé, faisant état de sa grande fierté  de voir ses deux garçons et sa fille fréquenter durant ces vacances, cet important foyer coranique, nous a confié que c’est : « un devoir  d’inscrire les enfants dans les écoles et classes coraniques pour leur inculquer une éducation religieuse, d’autant que les enfants n’ont généralement pas cette possibilité durant l’année scolaire. Et cela leur permet aussi de se prémunir contre les travers qui gangrènent la société », a-t-il expliqué.

Au quartier Timbo, plus précisément au domicile du grand imam de Kankan Karamo Bangaly Kaba, ce sont des centaines d’enfants regroupés dans une salle et sur une terrasse chapeautée de Hangar. Kalilou Kaba, troisième fils du grand imam de Kankan, est l’un des responsables de ce grand foyer coranique. « Quand les vacances arrivent les enfants viennent ici, les parents laissent leurs enfants venir étudier dans notre foyer coranique. Mais nous constatons avec regret que c’est pour se décharger d’eux, qu’ils nous les envoient. Ils ne veillent pas du tout sur eux, il n’y a aucun suivi de leur part. Puisqu’à notre époque on venait ici à 7 h voire 6 h du matin, mais aujourd’hui les enfants viennent à l’heure qu’ils veulent », a-t-il déploré.

Cet engouement vers les foyers coraniques qui est donc justifié par la période des vacances  et qui permet aux enfants de rejoindre des classes de récitation du coran et d’apprendre les préceptes de l’islam, pourrait s’arrêter avec la rentrée scolaire qui pointe à l’horizon. Chose qui ne semble pas du tout être du goût de notre jeune maître talibé : « Ils (les parents d’élèves), n’ont pas assez de considération pour l’apprentissage coranique, ils valorisent plus l’école française que la nôtre, les maîtres coraniques viennent et attendent longtemps avant que les enfants ne se présentent. En plus dès que la rentrée scolaire arrive on ne voit plus personne, ils attendent tous les vacances scolaires avant d’envoyer leurs progéniture à l’école de Dieu », a-t-il pesté.

De l’autre côté au quartier Kabada, se trouve également l’un des importants foyers d’enseignement coranique de la place. Ici le maître coranique se nomme Karamo Talby Kaba. Rencontré assis au milieu de ces jeunes talibés, contrairement à son prédécesseur, il nous confie que : « C’est une très bonne chose que les parents décident de nous envoyer leurs enfants après les neufs mois de cours. Durant ces vacances, le moment est bien indiqué  pour nous de leur faire mémoriser le coran. D’ailleurs j’en profite pour inviter davantage les parents d’élèves qui sont encore réticents à faire venir leur enfant  pour mieux leur faire connaître leur religion », a-t-il souhaité.

Cependant joint au téléphone, Kadiatou Camara, activiste au sein d’une organisation de lutte pour la protection des enfants, nous a pour sa part  fait part de ses craintes : «  Je ne suis pas contre le fait que les parents décident en période de vacance d’envoyer leurs enfants à l’école coranique. Mais je crains deux choses. Sachant que les enfants sont des êtres fragiles, cette mémorisation du coran pourrait avoir un impact négatif sur eux surtout sur le plan psychologique quand ils reprendront le chemin de l’école. En plus d’aucuns parmi ces enfants, peuvent décider de ne plus prendre les études aux sérieux ou d’abandonner l’école sous l’influence de leurs maîtres talibés », a-t-elle signalé.

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