« Si on savait qu’après le troisième mandat, on serait dans cette souffrance, on n’aurait pas voté pour eux »
Depuis près de 72 heures, il devient de plus en plus difficile de se procurer du carburant dans les stations-services et point de vente communément appelé « marché noir » à Kankan, la capitale de la Haute Guinée et fief du pouvoir.
Certaines stations-services fonctionnent au ralenti, à cause, disent certains pompistes, de « rupture de stock d’essence ». C’est le cas à la station Ciel de Korialen où on ne sert que du gaz oil aux usagers.
Ce qui du coup pénalise les détenteurs d’engins roulant dans la cité du Nabaya avec à la clé, une spéculation autour du prix du litre sur « le marché noir ».
Actuellement pour ne pas passer des heures dans les longues files d’attente qui se forment autour des stations-services de la ville, certains usagers préfèrent aller négocier en catimini avec quelques rares revendeurs au « marché noir » qui profitent de la situation pour marchander le litre d’essence entre 13 000 GNF et 15 000 GNF dans les quartiers.
Face à la situation, les citoyens sont déçus. C’est le cas de Moussa Diakité, chauffeur de taxi rencontré en dernière position de la longue file d’attente à la station Total du grand marché « Lofèba ».
« Franchement, c’est la galère. Je ne sais pas à quel moment ce sera mon tour. Pourtant, moi je suis chauffeur de taxi. C’est durant cette matinée que nous avons le maximum de clients. Ce qui signifie pour moi que c’est foutu pour ma recette d’aujourd’hui. Si je gagne du carburant ce sera assez tard et en plus on ne peut pas faire le plein, car les stations ne vendent pas au-delà de trois (3) litres en ce moment », regrette-t-il.
Pour sa part, Condé Alhassane, un autre citoyen en quête de carburant pense que : « cette situation démontre l’incompétence de ceux qui nous gouvernent. Le premier ministre Kasssory ne nous avait-il pas prévenus ? Moi j’ai comme l’impression que c’est ce qu’à promis notre Premier ministre qui est en train de se matérialiser. Il a dit clairement que nous allions souffrir. Si on savait qu’après le troisième mandat, on serait dans cette souffrance, on n’aurait pas voté pour eux », a-t-il déclaré.
Que ce soit du côté des responsables des stations-services, de la ligue des consommateurs, des autorités locales ou encore du dépôt des hydrocarbures de Kankan, c’est le silence radio pour le moment.
Aucune communication face à ce que certains appellent ici à Kankan, « crise de carburant ». Ce qui du coup, donne libre court à toutes sortes de rumeurs.
Si les uns invoquent que ce sont les cuves du dépôt régional qui seraient à sec de carburant, les autres disent plutôt que : « ce sont les responsables des stations services et les quelques rares revendeurs au marché noir, qui ont limité les ventes pour booster leurs stocks avant la hausse du prix du carburant. Ils veulent se faire le maximum de bénéfices et c’est comme d’habitude nous le bas-peuple qui en payons les frais », a dénoncé Ibrahim Diallo, réparateur d’ordinateurs en face de la station Total du grand marché.
A préciser aussi que la surenchère sur les prix du litre du carburant chez les vendeurs dans les quartiers ne cesse d’évoluer au fur et à mesure que la crise s’enlise