Le substitut du procureur près le tribunal de première instance de Dixinn, Daouda Diomandé, est sans pitié avec les présumés auteurs de l’assassinat en février 2015 de l’ancien ministre Thierno Aliou Diaouné. Lundi 08 juillet, il a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre les quatre accusés dan cette affaire. « Ces accusés sont bien les assassins du valeureux cadres Thierno Aliou Diaouné… Nous sommes fatigués de ces gens », a lâché le représentant du ministère public qui présente Abdoulaye Djibril Diallo, Aruno Dodwin Ozoewe dit John, Samuel Dyngee dit Sam et Noel Camara dit Nouha comme des grands bandits. Il met à leur actif une évasion à la Maison centrale, la participation à l’assassinat de l’ex-directrice nationale du Trésor public, Mme Boiro, Aïssatou Diallo.
« Il y a eu vol à main armée au cours duquel ils ont tiré à bout portant sur monsieur Diaouné. Ce qui est grave c’est qu’ils nient les faits sans aucun remords », a dit le procureur, alors que chacun des quatre prévenus avait nié les faits lors des précédentes audiences.
Le procureur qui a fondé sa conviction sur les procès-verbaux de la police et du juge d’instruction, mais aussi sur « l’analyse des puces et téléphones saisies » sur les accusés, a estimé que la présence de ces quatre personnes dans la société ne laisserait aucune tranquillité au ministère public. Selon lui, il s’agit d’une bande criminelle qui vole des véhicules en Guinée pour aller les vendre en Sierra Leone via Mamou. « Leur place, c’est à la Maison centrale… C’est pourquoi nous demandons qu’ils soient condamnés à la réclusion criminelle avec une période de sureté de 10 ans », a-t-il dit.
Pour sa part, l’avocat de la partie civile a demandé la condamnation des accusés au paiement de 100 millions de francs guinéens et à la restitution du véhicule de Thierno Aliou Diaouné, emporté par les assaillants le jour de son assassinat.
Chacun des trois avocats de la défense s’est attelé à démonter les arguments du représentant du ministère public. « C’est regrettable puisqu’il s’agit de la mort humaine. Au même moment je suis écoeuré par le réquisitoire du ministère public qui a fait une belle narration, mais qui n’a pas été capable d’apporter des preuves », répliqué Me Kerfalla Soumah au procureur Diomandé. L’avocat a remis en cause le procès-verbal des officiers de la police judiciaire qu’il estime être obtenu sous le coup de la torture. Pour lui, il y a doute sur cette affaire. Et ce doute devrait bénéficier à ses clients.
« J’invite le parquet à rechercher les vrais coupables de l’assassinat de monsieur Diaouné », a dit Me Foromo Frédéric Loua dans sa plaidoirie. Il a soutenu qu’Abdoulaye Djibril Diallo – condamné en 2014 à trois ans de prison pour vol de téléphone – était bien en prison au moment de l’assassinat de Thierno Aliou Diaouné. « Parlons-nous d’un crime ou d’un simple délit ? » S’est interrogé Me Abou Camara. Pour lui, le procès criminel devrait s’appuyer sur des preuves. Cet autre avocat de la défense a estimé que plusieurs raisons pouvaient conduire à l’assassinat de Diaouné qui était un homme politique.
Le tribunal criminel rendra sa décision le 22 juillet 2019.