Les mêmes, toujours les mêmes, depuis plus de quatre décennies, pour animer la scène politique guinéenne. De la monotonie et dans la gouvernance et dans les ambitions, pour n’obtenir que les mêmes résultats. De Sékou Touré, en passant le président Conté et la junte militaire, tout évolue sous le même climat politique fait d’improvisations et de tâtonnements.
Il est aujourd’hui difficile de comprendre que les besoins de la première République sont toujours d’actualité. Que la Guinée ait toujours besoin d’eau et d’électricité, d’infrastructures routières, de croissance économique, enfin d’être à la case départ, comme si, depuis plus d’un demi-siècle, rien n’avait été fait, comme si tout était à faire. Le mal est moins de savoir que la gouvernance est toujours la même, que de comprendre, que depuis toujours, ce sont les mêmes qui sont aux affaires, pour servir ou desservir les pouvoirs qui sont comme obligés de les utiliser, pour n’aboutir, malheureusement, qu’aux mêmes résultats.
La Guinée de 58 ne se différencie de celle d’aujourd’hui que par le fait que le pays est à l’ère démocratique, mais du point de vue du développement économique, ce sont toujours les mêmes priorités qui préoccupent. C’est pour toutes ces raison et bien d’autres qu’il faut un véritable changement générationnel en Guinée. La classe politique, toujours en activité, est à la fois dépassée et limitée, donc inopérante sinon improductive, en termes de visions et de maturité technique. Le retard guinéen est mental et c’est à ce niveau que la classe politique actuelle ne répond pas.
Il faut une nouvelle classe politique, avec des jeunes compétents et disponibles, conscients des enjeux qui les interpellent. Le monde avance, mais nos Etats reculent. Ce paradoxe s’explique par le fait que nos dirigeants n’ont plus de repères. Voilà qui explique le fait que bien des pays africains végètent sous un régime plutôt féodal. La jeunesse guinéenne ne doit plus servir de bétail électoral, de groupe de manifestants dressés pour occuper les rues, de bande de désœuvrés camés et irresponsables.
Ceci constitue le tout premier défi à relever, un préalable à cette prise de conscience nécessaire à l’émergence d’une génération nouvelle d’hommes politiques. Malheureusement, de nombreux jeunes intellectuels se sont prostitués, en acceptant de jouer les seconds rôles là où ils devaient être des décideurs. Combien de jeunes leaders politiques seront de la course au pouvoir à l’horizon 2020 ? Comment se défaire de la vieille garde, de ces hommes politiques fatigués et désorientés, mais qui, même sur leur lit de mort, se mêleront de politique. C’est l’échelle la plus courte pour atteindre le sommet mais la plus périlleuse pour une fin de vie politique.