Il n’est pas croyable que les Etats-Unis veuillent croiser le fer avec le reste du monde par un simple coup de bélier de Donald Trump. L’assentiment est quasi général, puisque le Congrès américain, même à majorité démocrate réduite et opposé à certaines décisions des Républicains, n’a pas fait assez de bruit. Y a-t-il un consensus et un dessous non révélé dans ce déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem ?
Les historiens rappellent que depuis la moitié des années 90, la question de Jérusalem comme capitale d’Israël était à l’ordre du jour, et on dit que depuis le 14 mai 1948, sous l’égide et sur instigation des USA, l’Etat d’Israël fut créé, mais avec pour capitale Tel-Aviv, pas Jérusalem. La ville trois fois sainte restait comme un sac à nœuds intouchable. La Guerre des six jours entre Israël et la coalition arabe en 1967 n’avait fait que durcir la cohabitation. Les raisons de Realpolitik avaient obligé le Premier ministre, Madame Golda Meir, et son ministre de la guerre ou de la défense, Moshé Dayan, à croiser les bras pour se faire reprendre le Sinaï par l’Egypte lors de la guerre du Kippour, mais pas le Golan et la Cisjordanie. On se rappelle encore les innombrables voyages de Henry Kissinger dans cette affaire. Les luttes de libération et la guerre froide battaient leur plein à cette époque, le premier choc pétrolier, aussi…
A cette époque, il n’était pas possible de parler de Jérusalem comme capitale d’Israël, non plus en 1989-90, lors de la chute du Mur de Berlin. Quand un accord fut signé entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, en 1995, celui-ci fut poignardé par un extrémiste israélien et l’affaire était revenue à la case départ. Depuis, les administrations américaines se sont succédé mais personne ne parlait plus de Jérusalem.
Voilà le grand Donald Trump qui vient mettre ses gros croquenots dans tous les plats, et cela, au moment où l’hypocrisie internationale bat son plein. Il s’agit de bien regarder ce qui se passe avec la COP21 et dans le nucléaire iranien pour se faire une idée. Evidemment selon que l’on veuille voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Tous ceux qui s’évertuent à défendre la COP21 sont engagés dans la course au pôle nord. Or, l’exploitation des matières premières en Arctique fera inévitablement fondre plus rapidement la banquise que le changement climatique pris au mot ne le dit pas. Pis, les spécialistes se fourrent le doigt dans l’œil jusqu’au coude en faisant des prévisions de maintenir le réchauffement en dessous de 2 degrés jusqu’en fin du siècle. Il n’y a qu’à constater la canicule dans les zones minières pour se rendre à l’évidence que, si le pôle nord était exploité à outrance, d’ici 2040, il serait trop tard. Malgré tout, la ruée vers l‘Arctique risque d’engendrer des conflits entre les Etats conquérants. On dira ce qu’on voudra, mais Trump ne joue pas ce jeu, il le fait connaître de façon claire et nette. Ce qui le met, à tort ou à raison, dans une catégorie de pestiféré, mais qu’à cela ne tienne.
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Quant au nucléaire iranien. Personne ne parle du fait que ces accords ne rapportent rien aux USA qu’un papier signé et que les autres protagonistes peuvent en profiter pour commercer avec Téhéran. N’y a-t-il pas un machin de lèse-majesté, dans cette affaire ? Simple question candide.
Face à la ligue presque générale du reste du monde, Donald Trump ne prend plus de gant. Son attitude d’éléphant dans un magasin de porcelaine et ses bouffonneries avec Kim Jong-Un lui permettent tout, il fait comme cette femme qui dit : « puisque l’opprobre est sur moi, qu’au moins je le mérite ». Dans son cas, il lui est loisible de penser que : « puisque tout le monde me prend pour un simplet, pourquoi ne pas faire les choses contre les idées et les avis de tout le monde ? »
Ce qui reste à comprendre, c’est la contrepartie de ce déménagement diplomatique de créer un autre Mur de Berlin au 21ème siècle au Moyen-Orient. Il serait difficile de faire de Jérusalem capitale d’Israël et laisser continuer la colonisation des territoires. On se demande bien comment Trump veut résoudre cette quadrature du cercle. Comment vouloir continuellement sanctionner les entreprises du monde qui commercent avec l’Iran, imposer unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël et laisser continuer la colonisation des territoires palestiniens sans que ça ne craque un de ces jours ?
N’y a-t-il pas une sortie de crise que Trump réserve au reste du monde ? Sinon, cet unilatéralisme américain conduira l’équilibre du monde dans une inconnue. La recomposition de l’échiquier international sera à l’avantage et au désavantage de qui ?
En attendant, on déménage, advienne que pourra. Quels sont les pays qui suivront Trump ?