L’UNICEF en Guinée, grâce au soutien du Comité national Suisse de l’UNICEF, accompagne les jeunes filles leaders dans la lutte contre les mutilations génitales féminines.
Les mutilations génitales féminines sont interdites par la loi guinéenne depuis 1985, mais cette pratique est encore courante dans le pays. La peur de l’exclusion sociale est souvent si forte que les parents ne peuvent pas se résoudre à renoncer à faire exciser leurs filles.
Nantenin, 15 ans, vit dans la localité de Damaro dans la région de Kankan en Guinée. Elle est membres du club des jeunes filles leaders de sa commune et collabore avec les élus locaux pour lutter contre les mutilations génitales féminines. Grâce à une formation accès sur le plaidoyer qu’elle a reçu de l’UNICEF, elle sensibilise sa communauté sur le sujet de l’abandon de l’excision des filles. Les actions du club des jeunes filles leaders ont permis d’éviter l’excision de plusieurs jeunes filles de Damaro.
Nantenin et sa sœur ont été épargnées de cette pratique grâce à leur père, malgré l’insistance de leur mère pour les faire exciser. « J’ai eu la chance d’avoir un père qui s’est opposé catégoriquement à cette pratique, ma sœur et moi avons donc été épargnées de l’excision grâce à son opposition. Ça n’a pas été facile pour nous, car notre maman voulait nous faire exciser à tout prix malgré l’opposition de notre père et de notre tante. Nous étions obligées de passer les vacances à la maison avec papa, pour ne pas être excisées. »
Le père de Nantenin explique qu’il a été sensibilisé via la radio sur les conséquences de l’excision. » Je préfère que mes filles soient traitées de mal propre que d’avoir des problèmes de santé, l’excision n’est vraiment pas une bonne pratique pour les filles, même les médecins soutiennent cela. Les femmes font leurs témoignages à la radio, elles parlent des douleurs qu’elles ont et qui sont causées par l’excision. Depuis que notre Iman m’a confirmé que cette pratique n’est pas religieuse, mais plutôt traditionnelle, je me suis promis de ne pas faire exciser mes deux filles. Aujourd’hui, beaucoup de personnes de ma famille ont compris l’importance de ne pas faire exciser leurs filles. C’est un choix que je ne regrette pas. »
Pionnières pour la lutte contre les mutilations génitales féminines au sein de leur communauté, Nantenin, sa sœur et les membres de leur club de jeunes filles leaders, sensibilisent en faisant du porte-à-porte chaque vendredi. « Grâce aux sensibilisations, 27 filles n’ont pas subi l’excision. Nous sommes soutenues par nos parents, les leaders de notre commune et par l’UNICEF qui nous appuie techniquement dans le cadre de nos formations. Nous sommes fières et nous continuerons notre combat pour obtenir zéro mutilation à Damaro. Une fille non excisée, est une femme complète et en bonne santé. Nous avons des témoignages de certaines de nos sœurs qui se sont mariées et qui ont été excisées, elles ont du mal à concevoir des enfants et elles ont des douleurs au bas-ventre, des infections et ne ressentent aucun plaisir intime avec leurs maris. Ma maman a compris les méfaits liés à cette excision, elle nous accompagne maintenant dans notre lutte et nous défend devant les gens qui nous critiquent. Nous avons réussi à imposer notre statut et à en être fière. »
Nantenin et les membres du club des jeunes filles leaders de Damaro expliquent aux mères, pères, chefs de communautés et chefs religieux les conséquences des mutilations génitales avec l’accompagnement d’un travailleur social. Elles forment des volontaires pour diffuser les messages de sensibilisation aux populations, et développent des antennes » club des jeunes filles leaders » dans les villages environnants, et notamment dans les écoles. » Ces sensibilisations nous ont permis de faire changer les opinions sur ces pratiques ancestrales néfastes pour la santé des filles et des femmes, de faire évoluer la place et le rôle des filles dans la société, et d’encourager le plus possible l’éducation des filles pour qu’elles ne reproduisent pas cette pratique sur leurs propres filles. »
L’UNICEF en Guinée, grâce au soutien du Comité national Suisse de l’UNICEF, a permis aux jeunes filles leaders guinéennes d’être réunies en association, d’être informées sur les conséquences des mutilations génitales féminines, et d’être formées aux techniques de la communication et de la sensibilisation.