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Isolé mais intrépide, Alpha Condé fait le pari du court terme

Depuis plusieurs semaines, le régime guinéen vit de plus en plus des moments difficiles. Des Guinéens regroupés au tour du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) sont mobilisés contre la volonté d’un chef d’État d’organiser des élections et le référendum largement contestés. Désormais, la contestation à l’égard du controversé double scrutin s’exprime à tous les niveaux de la société : les sages des quatre coordinations régionales viennent de signifier leur exaspération et par ce fait même dénoncent l’entêtement du président et de son clan à refuser un dialogue constructif et inclusif ; quant aux organisation sous régionales, elles ont prétexté la pandémie de la COVID-19 pour annuler le processus de la médiation. Mais on sait que les pairs d’Alpha Condé sont gagnés par une déception totale devant la surdité que leur opposent le président et son aile radicale.  Du point de la CEDEAO, le chantre du panafricanisme n’est plus crédible.

Refermée sur elle-même et autour de quelques inconditionnels, toute la personne du président semble être mobilisée pour l’organisation des élections du 22 mars, comme si ce double scrutin représentait le grand projet politique en dix ans de gouvernance ! Aucun empressement pour prendre des mesures draconiennes face à la pandémie du COVID-19, aucun souci pour des magasins qui brûlent partout dans le pays, indifférence à l’égard des violences à caractères sexuels dont sont victimes les jeunes filles. En un mot, désertion totale du terrain social. À en croire le gouvernement actuel, l’urgence nationale serait la crédibilité de l’Assemblée nationale, comme si celle-ci l’avait déjà été. Mais le gouvernement ne se couvre-t-il pas de honte en se discréditant lui-même et en perdant la confiance au niveau national et au niveau international ? Qui va reconnaître ces élections ?

Dans le contexte actuel, il semble que seule la violence pourra décider de la suite des choses. Et pourtant, l’horizon de l’espoir n’est pas tout à fait assombri. Nous devons le répéter avec les sages des quatre coordinations nationales : Il est encore temps d’éviter l’irréparable, même à moins deux jours des élections. Les temps ne sont pas à l’affirmation de l’ego : Oui, à la mobilisation populaire, mais le FNDC ne devrait pas s’empêcher publiquement, pour le temps qui reste, de solliciter la collaboration de l’aide radicale du RPG. Ce sera un défi de l’imagination politique. Pourquoi ne pas profiter de la dernière sortie des sages des quatre régions naturelles pour rappeler encore une fois l’importance pour tous les acteurs politiques d’éviter d’infliger aux populations guinéennes des souffrances inutiles ? Au sein dugouvernement, il semble que certaines personnes présentent des signes de modération et appellent de nouveau à un report des élections. L’opposition pourrait tirer profit de ces personnes et chercher à remobiliser les efforts en vue d’une réactivation du processus de la médiation. Le président Alpha Condé semble imperméable, et malheureusement il reste dominé par un calcul à court terme. Il dépend surtout de lui que le pays ne s’enlise pas dans une violence générale. Il suffira alors pour cette dernière chance de dialogue de lui faire comprendre que peut-être sa stratégie risque de jouer en sa défaveur : ce qui signera probablement une humiliante fin de règne. Il n’est jamais trop tard pour inventer les chemins de la paix.          

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